COLLECTIONS G. DI DEMETRIO
NUMISMATIQUE
COLLECTIONS GIOVANNI BI DEMETRIO
NUMISMATIOIIE
EGYPTE ANCIENNE
PREMIERE PARTIE
MONNAIES DES ROIS
F. F EU ARDENT
~-CL5-eXS^-
PARIS
HOI.LIX ET KEUAEDENT, 12. RUE VlVIKNxNE
Mf.ME .MAISON A LONDRES : IHVMAIIKKT, 27
La collection de monnaies antiques dont nous
publions le catalogue appartient à un négociant
grec amateur d'objets d'art et de science qui
depuis plusieurs années habite l'Egypte qui a
bien voulu nous confier le travail de la classifi-
cation des médailles égyptiennes (1).
Son but a été de fournir les éléments d'un
catalogue sérieux et méthodique, pouvant être
utile aux savants et même aux artistes. Il nous a
recommandé surtout, de nous aflfranchir de ces
pratiques adoptées par un grand nombre d'ama-
teurs qui, sous forme de catalogue, font rédiger
(1) La S(^rie comprenant les monnaies de tontes les autres parties
du monde connu des anciens est encore plus importante que colle
que nous de'crivons. La collection Duprc^, célèbre à si juste titre, est
déjà dépassée ; celle de M. Démétrio, promet dans un avenir très-
prochain, d'être l'égale des collections les plus célèbres. La rédaction
du catalogue a été confiée au fils d'un des antiquaires les plus émi-
nents de l'époque contemporaine.
I
VI
en réalité des notices succinctes, destinées à faire
ressortir la valeur et la rareté des pièces impor-
tantes .
M. Giovanni di Demetrio, ne pouvant à cause
de la distance qui le sépare de la France, mettre
sa collection à la disposition de tous, tient ce-
pendant à établir qu'il n'a pas agi dans un but
égoïste en acquérant tant do merveilles. Il le
prouve par la publication de nombreuses plan-
ches gravées, qui reproduisent les spécimens les
plus remarquables de la suite égyptienne. Si
notre texte doit subir le sort des publications de
nos devanciers, ce qui n'aurait rien d'étonnant,
en une matière aussi discutable que cette partie
de la numismatique, les figures dont M. Deme-
trio n'a voulu épargner ni le nombre ni la con-
sciencieuse exécution (1), resteront du moins
comme un témoignage de ce qu'un chercheur pas-
sionné peut faire pour la science. Le catalogue.
(1) Non -seulement M. Demetrio montre le plus grand désintéres-
sement en mettant tout le monde à même de connaître les rirhesses
qu'il possède, mais encore il n"a reculé devant aucun sacrifice pour
cjue les types des médailles soient rendus aussi parfaitement que
possible; il a chargé un de nos artistes des plus distingués, un des
doyens de l'art de la gravure en France, M. A. Masson, connu
de tous par ses nombreuses planches, de la chalcographie et aussi
par toutes nos expositions annuelles depuis plus de vingt ans. Selon
nous, et au dire de tous les savants numismatistes auxquels nous
avons soumis ses planches, l'artiste s'est admirablement acquitté de
la mission qu'il avait à remplir; nul doute que des travaux plus im-
portants dans le même genre ne lui soient confiés parla suite.
— vn
dans ce qu'il a de caractéristique par les mar-
ques de la plastique égyptienne, restera comme
un (les ouvrages illustrés les plus utiles aux sa-
vants.
Les personnes qui s'occupent de l'art moné-
taire antique, trouveront dans l'étude des types
fis'urés, le moven facile d'être initiées à cet art
égyptien qui, limité pour nous à ses derniers sou-
verains, est encore enveloppé des mystères quasi
hiéroglyphiques dont aimait à s'entourer ce grand
peuple de l'antiquité.
En entreprenant la publication d'un catalogue
détaillé des monnaies des rois d'Egypte, depuis
la conquête grecque, nous ne nous sommes pas
dissimulé que la tâche était des plus ardues. Nous
avons souvent regretté notre complète ignorance
des langues de la haute antiquité; le sujet si
riche que nous abordons aurait pu nous fournir
l'occasion de tenter la création d'un livre numis-
matique sérieux. Nous avons pensé qu'à défiiut
de science, notre longue pratique dans l'obser-
vation de ces monuments de l'histoire, nous
aiderait peut-être à jeter un nouveau jour sur
le classement de la série égyptienne.
On sait que jusqu'en ces derniers temps, la
classification des monnaies de la dynastie des La-
gides, était resté presque à l'état de chaos ; tous
les savants qui ont essayé d'éclairer la question.
— VIII
nous paraissent s'être laissés de plus en plus
entraîner dans l'erreur et n'avoir fait que suivre
la routine dans leurs livres et dans leurs catalo-
gues. Nous ne confondons pas, cependant, au
nombre de ces compilateurs, plusieurs savants
contemporains , comme MM. Lenormant père et
fils , et surtout M. R. Stuart Poole, conservateur
du musée britannique, et M. J. P. Six d'Amster-
dam (1). Ces deux derniers savants nous parais-
sent avoir étudié les textes et surtout les monu-
ments, avec un esprit de critique remarquable;
nul doute que, leurs recherches une fois publiées,
nous ne soyons définitivement en possession d'un
classement certain et logique de cette suite nom-
breuse de monnaies que l'on peut considérer
comme une des plus riches de la numismatique
antique.
Comme nous le disions plus haut, le classe-
ment rationnel des monnaies qui nous occupent,
encore très-incomplet et discutable, nous a paru
pouvoir être tenté comme suite chronologique et
surtout comme recherche de caractères de têtes
(I) M. Stuart Poole, a déjà publié dans le Nuniismatic Chronicle,
de 1864 à 1866, sept articles très-savants sur le commenceraeut des
rois Lagides de Soter à Phjscon; M. Six seulement une petite bro-
chure en hollandais ; mais il a démontré dans une dissertation très-
importante intercalée dans un des articles de M. R. S. Poole, qu'il
était passé maître dans l'art d'écrire en très-bon français et aussi
dans la parfaite connaissance des monnaies d'Egypte et des textes de
l'histoire ancienne.
— IX —
différentes dans un type complètement immobi-
lisé. Ce classement, nous ne nous le dissimulons
pas, est, non-seulement une difficulté, mais pres-
que assurément un écueil ; nous craignons même
qu'on ne nous accuse plus tard d'avoir précipité
la question dans de nouveaux embarras, mais
nous serions-nous trompé sur certains points
en litige (et hélas ! il faut l'avouer, tout nous a
paru être complètement contestable), que nous
nous applaudirions d'avoir affirmé par nos re-
cherches le classement réel de quelques règnes
restés dans les énigmes du passé. Dussions-nous
avoir échoué dans nos prétendues découvertes,
nous aurons du moins jeté quelques lumières sur
la classification artistique de ces grandes époques
d'émissions monétaires. Nous pensons, répétons-
le, à défaut de la connaissance des textes origi-
naux, avoir scrupuleusement observé la valeur
des travaux plastiques, la nature et la spécialité
des métaux ; bref, nous croyons en homme du
métier, pouvoir participer à ce précieux travail
de reconstruction chronologique qui préoccupe
tant notre époque, et avoir pu apporter notre
pierre à cette grande œuvre qui tend à déterminer
les époques réelles de la grandeur et de la déca-
dence de l'art monétaire chez la nation mère de
la civilisation.
Il y a sept ans, avant d'entreprendre le travail
X —
que nous avons publié, sur les médailles grecques
denotrefonds(l),nous avions déjà tenté de clas-
ser les monnaies des rois d'Egypte, cela en partie
d'après les travaux connus alors; nous avions
déjà indiqué par plusieurs notes, que les classe-
ments ndoptés nous paraissaient erronés ; qu'il
était à peu pris impossible de les suivre ; et ce-
pendant une partie de nos rectifications n'étaient
que de nouvelles fautes à ajouter aux autres.
Les grandes découvertes signalées depuis por
MM. Poole et Six, l'ont prouvé suffisamment.
Des trouvailles très-importantes de pièces d'ar-
gent et de 'bronze, faites depuis cette époque
(trouvailles qui sont encore aujourd'hui presque
intégralement entre nos mains), sont également
venues renverser nos attriljutions; mais aussi
elles nous ont fait entrevoir sous un jour tout
nouveau, le classement de cette si intéressante
série de rois, par règnes et même par date de ces
règnes.
Pour arriver à des résultats sérieux, nous
avons employé une méthode complètement en
dehors des procédés scientifiques en usage jus-
qu'ici.
La collection de ^L G. di Demetrio était classée
(1) Catalogue d'une collection des roiset villes de rancienne Grèce,
1 fort vol. in-18, donnant la description de plus de 10,000 médailles.
Paris, 1862.
XI
selon l'ancien système, nous en avons confondu
pêle-mêle toutes les pièces, que nous avons
réunies en un seul tas ! Celui qui nous eut
observé opérant une telle confusion de types et de
têtes sur une des plus belles suites de pièces
égyptiennes que put posséder un simple parti-
culier, et qui serait digne d'un musée de souve-
rain, nous eut traité certainement de vandale (1).
Nous avons ensuite procédé au classement par
caractère de physionomies, de la tête perpétuée
de Ptolémee Soter, et nous avons cru distinguer
seize types parfaitement différents, (jue nous
avons cependant fini par réunir en douze groupes
ou règnes très-distincts. Cet arrangement ainsi
fait, en suivant très-minutieusement la dégrada-
tion du travail artistique, car sans une observation
minutieuse de la grandeur et de la décadence
de l'art, la classification de cette série de rois
H un tyiie immobilisé, parait impossible, nous
avons aussi tenu généralement compte de la na-
ture et des alliages du métal, etc., nous avons
étudié avec le plus grand soin les dates inscrites
sur chacune des pièces ; nous les avons rappro-
chées, répétons-le, des nombreuses trouvailles
rangées dans nos cartons. Tout cela nous a paru
(1) Plus de cinq cents pièces seulement pour la série des roi?,
celle des NJmes et des empereurs frappe'e à Alexandrie étant compo-
sée de près de trois mille pièces.
XII
former un classement certain, et c'est celui que
nous venons proposer aujourd'hui.
Ce résultat nous donne cependant lieu de
croire que nous avons constaté un fait qui restera
acquis : c'est que, presque toutes les dates obser-
vées sur les pièces, concordent exactement avec
la durée de chacun des règnes relatés par l'his-
toire. Nous Rivons eu soin de mentionner ces
preuves dans des notes placées à chaque règne
aux dates correspondantes. Le travail d'art se
dégrade aussi très-visiblement depuis le premier
Ptolémée jusqu'à la dernière Cléopàtre; ces rap-
prochements nous paraissent amener à une con-
clusion décisive, comme classement méthodique
et simplifié; quelques séi'ies sont cependant
restées encore pour nous à l'état de doute. Nous
citerons les dates des premières années du règne
d'Arsinoé Philadelphe, cinq ou six pièces seule-
ment , des deux Evergètes , d'Epiphane et des
deux fils d'P>ergète II pendant qu'ils régnaient
ensemble, l'un en Chypre, l'autre en Egypte ;
mais les seules pièces réellement embarrassantes
comme attribution sont les numéros 418 et sui-
vants jusqu'à 436. Ces monnaies sont d'un style
diamétralement opposé à celles de Soter II, ou
d'Alexandre son frère, elles ont un peu de la
manière de fabrique de celles d'Aulètes; mais si
elles sont de ce prince, elles ont àù être émises
XIII
par un atelier très-éloigné du centre de la civi-
lisation. Nous avons d'abord pensé à les attri-
buer à Soter II pendant son long exil; mais à
l'époque mentionnée par les dates inscrites sur
ces médailles, ce souverain était en Phénicie. Or,
ni le travail artistique, ni la nature du métal ne
peuvent faire supposer qu'elles aient été frappées
dans cette contrée. Si les dates étaient plus rap-
prochées, nous pourrions suppaser et même ad-
mettre franchement que ces monnaies auraient
été frappées par le frère de la célèbre Cléopâtre
(la fabrique et la nature du métal d^s pièces datées
20 à 23, nous font présumer que leur émission est
tout à fait contemporaine de ce dernier souverain);
mais ce jeune prince n'a régné que quatre années,
tandis que le Ptolémée qui nous occupe aurait
régné au moins vingt-trois ans. Nous avons donc
été forcé de grouper ces pièces à la fin de la série ;
nous ne doutons pas qu'un jour on ne trouve un
document éclaircissant ce point litigieux. De nou-
velles découvertes sont donc préparées aux sa-
vants qui sauront dire le dernier mot sur une
foule de problèmes restés sans solution.
Notre classement achevé, nous avons voulu
avant d'en entreprendre la publication, lire tout
ce qui, à notre connaissance, avait été écrit sur
le même sujet depuis les grands numisraatistes
des siècles précédents.
XIV
Vaillant nous a semblé plein de sagacité, lors-
qu'il s'efforçait de grouper les statères d'argent
par caractères de tètes; c'est à peu près cette
idée que nous tentons de suivre aujourd'hui ; si
ce savant avait possédé toutes les variétés de
monnaies de cette série que nous connaissons
actuellement, il aurait certainement jeté les
fondements sérieuN d'une monographie complète.
Ceux qui sont venus après lui auraient dû
suivre le côté pratique de cette idée, c'est-a-dire
le classement par types. Ils ont ni;ilheureusement
presque tous fait fausse route, en déterminant
seulement le classement géographique aux ate-
liers de Cifluïii, Pa/j/tos et Salamiiic de l'île de
Chypre; Pellerln, le successeur de Vaillant, dé-
cidait avec raison ne vouloir tenir aucun compte
de ces attributions. Il ne pouvait admettre que
les dix-neuf vingtièmes des monnaies d'argent
portant le nom des derniers Ptolémées aient été
frappés en Chypre. Il proposait au liea des trois
villes citées de cette ile ; Panojwlis et Sais, villes
de l'Egypte, pour les pièces portant les abrévia-
tions MA et -A ; quant à celles avec Kl, il avouait
ne trouver aucune localité pouvant les revendi-
quer. Nulle raison majeure n'autorisait cepen-
dant à repousser complètement ce nouveau clas-
sement. Qui ne sait que la plupart des villes
importantes de l'antique Egypte surtout, sont
— XV —
restées de nos jours complètement inconnues.
Et lorsque nous consultons les géographes an-
ciens et modernes, nous sommes étonnés de voir
un nombre aussi restreint de localités citées chez
cette nation si populeuse, si riche et l'une des
plus puissantes de rantif|uité ; personne n'ignore,
que chaque jour, les inscriptions et la numis-
matique nous restituent des noms de cités com-
plètement inconnues dans les- auteurs anciens;
nous même, dans ce petit travail, nous enrichis-
sons la géographie du n(im exact du Nôme, Nè-
si/k'S, ville assez importante pour que l'empereur
Hadrien ait conservé le nom de cette localité
sur une monnaie avec l'effigie impériale. Nous
pensons aussi avoir découvert à l'aide d'une
monnaie de Cléopàtre la date positive de l'ère de
Baryte.
Eckhel, le grand savant , l'ancêtre de tous les
numismatistes contemporains , ce colosse en fait
de classification (Doctn'na Ntan. tv^, tome iv,
page 25), semble adopter les vues de Pellerin,
mais il n'ose se prononcer d'une manière positive
sur le différend en litige entre ses deux savants
prédécesseurs.
Visconti, dans sa célèbre Iconociraphie grec-
que, a vainement essayé le classement par ordre
des nombreux souverains de cette dynastie. Ici
encore le savant archéologue semble, contre son
XVI -
habitude, n'avoir étudié les types que d'après les
livres; son classement est aujourd'hui justement
bouleversé de fond en comble; un seul coup d'oeil
jeté sur ses planches suffit pour démontrer le peu
de discernement artistique employé pour sa clas-
sification , et nous citerons seulement comme
exemple, les grands et beaux statères d'or qu'il
a donnés aux derniers Ptolémées et surtout la Sé-
lènè (pi. 54, n° 17 et page 599, édit. in-f°). Cette
pièce de Séléné est la même médaille que nous
attribuons à Bérénice II(n°228). Tous les auteurs
modernes ont donné à cette même reine et cela
par analogie de caractère de tète, les pièces que
nous publions pi. IV, n"*^ 227 et 230. Il est évident
que le travail d'art est de beaucoup antérieur à
l'époque où ces pièces se trouvent classées, et on
est en droit de se demander comment les savants
qui les ont publiées avant et depuis Yisconti. n'ont
pas vu le peu de probabilité d'une telle attribu-
tion. Il était crès-important en effet, de décou-
vrir un pareil nom dans la série des Lagides ,
mais c'est en perpétuant de telles erreurs, que
l'on fausse souvent les classements ; et cette
pièce, surtout aussi mal attribuée a peut-être
maintenu dans la mauvaise route, quantité de^
numismatistes.
Mionnet n'a rédigé pour la suite des rois
égyptiens, qu'un catalogue conçu avec le soin
XVII
minutieux qu'il apportait dans toutes ses des-
criptions de médailles antiques.
Le célèbre Letronne, l'un des hommes les plus
savants de notre époque, a publié dans la Revue
de numismatique française, année 1843, un
article très-curieux sur plusieurs règnes de cette
série; il a prouvé dans ses attributions des
monnaies des Ptolémées XI et XII, qu'il possé-
dait une très-grande érudition, mais il adémontré
qu'il n'appréciait pas suffisamment les monu-
ments qu'il décrivait. Numismatiste savant d'a-
près les livres, il ne se trompait que de deux
siècles seulement sur les époques d'émission
de ces monnaies : Doctus cura lihro.
Ainsi que nous l'avons fait observer page viij,
les travaux les plus importants en ces derniers
temps et qui ont eu un grand retentissement
parmi les archéologues, sont ceux de MM. Char-
les et François Lenormant. Le premier, dans le
Trésor de mimismatique et de glyptique (1); le
second, dans la Revue numismatique fran-
çaise (2). Ce dernier travail est d'une grande
importance, il est rempli de très-savantes recher-
(1) Rois Grecs, pages 160 à 170 et pi. 81 à 89.
(2) Années 1853, 1854 et 1855, et aussi en publication spéciale sous
ce titre : Essai sur le classement des monnaies d'argent des Lapi-
des. Blois 1855, 1 vol. 8. pi. C'est cette dernière publication que
nous citerons.
— XVIII —
ches ; la partie géographique y est traitée de main
de maître; mais en ce qui concerne les attributions,
par règnes et le classement des monogrammes
parvilles, quantité de noms semblent impossibles.
M. François Lenormanty afaitbriller encore plus
d'imagination que n'en dépensa son père dans cer-
tains travaux nuraismatiques.Le classement suivi
par ces deux archéologues a été respecté jusqu'à
ce jour dans les cartons du Cabinet impérial ; cet
ordre méthodique, il faut le reconnaître, était
certes des plus ingénieux. Une connaissance plus
parfaite des époques d'émission, une légère trans-
position d'un seul groupe, celui du règne d'Au-
lètes, (les pièces avec le lotus devant l'aigle), et le
jour se fût fait certainement sur plus de la moitié
des règnes, surtout sur ceux de la fin de la dy-
nastie.
Il eût été très-facile pour nous de suivre
M. F. Lenormant, dans ses attributions à des
villes alliées, pour les pièces portant plusieurs
monogrammes. Notre catalogue eût paru beau-
coup plus intéressant, eton aurait pu lui attribuer
une grande importance pour les règnes des deux
premiers Ptolémées; mais hélas, l'invraisem-
blance de notre travail eût élé démontrée par un
grand nombre de monogrammes. Il nous eût été
impossible de fournir des motifs raisonnables
pour Justifier les alliances entre tant de cités et
XIX
les monarques égyptiens. En effet, comment
expliquer ces témoignages de fédération officielle,
ces liens de solidarité et ces gages d'autonomie
entre des rois puissants comme les fondateurs de
cette dynastie et des villes soumises à l'entière
domination des mêmes princes? Le nom du roi
inscrit en toutes lettres sur chacune de ces mon-
naies, n'était-il pas une assez grande autorité
pour que les pièces fussent admises dans toute
l'étendue de ses possessions.
En principe, le système de l'alliance des villes
avait pour but de donner un cours régulier aux
monnaies, mais ces conventions monétaires ne se
constatent que dans des cités libres ; et encore
dans toute l'antiquitéon ne rencontre ces faits que
sur quelques points de la grande Grèce et de l'Asie
mineure, et cela à de très-rares exceptions et sur-
tout entre villes tout à fait voisines qui étaient
naturellement portées à s'entr'aider par un cours
réciproque d'échanges journaliers; plus tard,
sous l'empire romain, ces alliances des villes de-
vinrent très-fréquentes.- On peut en compter
près de cent exemples, se rapportant à des loca-
lités souvent très-éloignées les unes des autres.
Mais ces alliances caractérisaient plutôt un
échange de pure courtoisie, que le besoin d'un
trafic commercial. En ce temps.de décadence, les
cités s'adressaient entre elles des témoiernaeres de
XX —
flatterie : elles aimaient à constater sur leurs
monnaies, les noms respectifs de leurs villes. Sou-
vent aussi la personnification mythologique et
héroïque des provinces et les noms des localités
inscrites sur la pièce étaient généralement suivis
de 03I0>'0IA. Les magistrats, les administrateurs
locaux s'adressaient ainsi des témoignages de
politesse réciproques.
A cette époque, la valeur des monnaies d'ai-
rain se calquait généralement sur le système
monétaire romain ; celles-ci avaient cours dans
les provinces limitrophes, qu'elles portassent ou
non les titres des villes alliées. La domination
romaine avait presque imposé le cours forcé de ses
monnaies dans les agglomérations de son vaste
empire. Les nombreuses trouvailles qui nous sont
apportées chaque jour le prouvent clairement.
MM. Lenormant, nous le disions plus haut,
avaient à peu près trouvé le classement rationnel
de la série qui nous occupe. Si M. F. Lenormant
surtout, s'était abandonné à ses seules inspira-
tions, oubliant les recherches de ses devanciers,
il eût, sans nul doute, répudié ces ères(l) géné-
ralement imaginaires inventées par des savants
(1) Ces ères chimériques seront suffisamment expliquées aux règnes
de Philadelphe, de ses deux successeurs et surtout à ceux de Physcon
d'Alexandre et d'Aulètes.
XXI
trop fantaisistes, et fût certainement arrivé à
une solution sérieuse.
Pour nous, les dates inscrites sur les mon-
naies d'Egypte (1) ne sont généralement autre chose
que les dates positives, année par année, du règne
de chaque souverain ; nos recherches dans les
ouvrages déjà publiés et surtout dans les grands
musées nous ont suffisamment démontré la jus-
tesse de ces faits. Nous n'avons trouvé nulle part
une seule pièce dépassant d'une année la durée
des règnes. Pour certains souverains, tels que
Physcon et Aulète qui furent momentanément
chassés de leur royaume, le temps que dura
cet exil est témoigné par l'absence de monnaies à
leur type.
Ce classement rationnel eût aussi amené à
découvrir qu'il était de toute impossibilité d'at-
tribuer aux ateliers chypriotes d'aussi grandes
émissions de numéraire, et à admettre avec Pel-
lerin, etc., que la majeure partie de ces mon-
naies avait été fabriquée dans des ateliers de
l'Egypte, ou au moins dans la capitale de ce
royaume.
Comment supposer, en effet, que pendant plu-
sieurs siècles on ait transporté tous les lingots
(1) Toutefois eu exceptant les monnaies au nom de Soter portant
des dates postérieures à Tannée 20 et s'arrêtant à Tan 117.
2
— XXII
("
'argent, de l'Egypte dans Tile de Chypre pour y
être monnayés ? Comment admettre aussi que l'on
ait exposé des valeurs aussi considérables aux
dangers de la navigation, et en outre de ces
risques, quels frais énormes n'aurait-on j)as eus
à supporter ? Cela se comprendrait même difti-
cilement pour des colonies peu importantes ou
barbares; mais pour une métropole aussi avan-
cée en civilisation que l'était la ville d'Alexandrie,
l'hypothèse paraît invraisemblable; un système
aussi exclusif ne nous parait même pas digne
d'être discuté.
Nous savons parfaitement que l'iie de Chypre,
ainsi que toutes les autres provinces dépendantes
de l'Egypte, payait de très-forts impôts et cela en
argent monnayé ; des documents authentiques
constatent ce fait d'une manière indiscutable.
Cependant, nous l'avons dit précédemment , il ne
nous est nullement démontré, même en présence
de ces textes, que toutes les monnaies d'argent
aient été frappées en Chypre ; les deux tiers des
pièces de Physcon et surtout celles de Soter II,
de sa mère, de son frère Alexandre et d'Aulète,
sont à notre avis presque toutes de fabrique
égyptienne. Que l'on veuille bien comparer leur
travail avec celui des autres monnaies des villes
voisines de l'ile de Chypre et avec les monnaies
syriennes des époques contemporaines à celles
XXUI
des rois d'Egypte, et notre opinion sera probable-
ment adoptée.
Comment aussi admettre que sous les trois
premiers rois de cette dynastie, on ait frappé hi
plus grande partie du numéraire d'argent, spé-
cialement en Egypte et en Pliénicie, et qu'une
fois cette dernière province détachée de l'Egypte,
on ait abandonné et fermé les ateliers du royaume,
pour donner aux Chypriotes le monopole de la fa-
brication des monnaies les plus répandues ^ Ad-
mettre une pareille théorie, ce serait, disons-le
encore, reconnaître que le grand peuple africain
était tombé dans la plus complète barbarie. Ici en-
core, les trouvailles des monnaies Lagides vien-
nent généralement corroborer notre opinion. Cha-
cune des découvertes que nous avons vues, ou
dont on nous a signalé l'existence, sont toutes de
provenance égyptienne ; les pièces avec FIA surtout
y abondent et jusqu'à ce jour nous n'avons nulle
mention de trouvaille de monnaies d'argent des
Ptolémées faite dans l'île de Chypre.
Certes, nous sommes cependant très-éloigné
de refuser une importance majeure aux ateliers
de cette île célèbre. Le voudrions-nous, que le
travail artistique des monnaies , les symboles qui
y figurent nous donneraient un démenti formel ;
nous constatons au contraire dans le cours de
nos descriptions, que dans cette île, on a non-
XXIV
seulement frappé des pièces d'argent en très-
grande quantité, mais encore beaucoup de mon-
naies d'or, témoins nos n°^ 195, 196, 197, 224,
225, 231 , 235 et 252 , etc. Nous admettons aussi
que ces émissions pouvaient parfaitement sortir
des trois ateliers cités : Cithim, Paphos et Sala-
m/nc; que sous les premiers rois de la dynastie les
pièces avec Kl, U\ et lA devaient être frappées
très-vraisemblablement dans ces trois grandes
villes, 'mais que plus tard, ces marques furent
copiées, du moins l'une d'elles, celle aux lettres
HA par les ateliers alexandrins, etc., et qu'on ne
doit admettre comme pièces vraiment chypriotes
avec ces lettres ILV dans la basse époque, que celles
d'une fabrique particulière et justement remar-
quable, soit par la rectitude parfaite dans la cir-
conférence des flans, soit qu'elles portent dans le
champ, du côté de l'aigle des signes ou sym-
boles, comme nos n°' 252, 29G, 300, 301 , 305, 347,
348 , etc. Ici le règne d'Aulètes est complètement
excepté; le symbole qui figure sur toutes les pièces
que nous avons classées à ce souverain , est com-
plètement égyptien, et la médaille d'argent de sa
fille, la célèbre Cléopàtre, du cabinet impérial
et aussi du musée britannique, pièce portant le
même symbole et de fabrique identique. Ces mon-
naies prouvent, il nous semble, d'une manière
incontestable, que malgré les lettres ITA qui se
lisent sur toutes, elles sont cependant bien égyp-
tiennes ; on se rappellera, en effet, qu'à certaines
dates qui y figurent, l'Ile de Chypre était déjà
détachée depuis longtemps des domaines des
Lagides. Nous nous permettons d'insister sur
cette interprétation; pour nous, elle est capi-
tale, puisqu'elle doit faire triompher ou anéantir
notre système. On verra surtout aux trois der-
nières Cléopàtres, les arguments que nous four-
nissons.
En résumé, disons encore qu'il nous paraît
impossible que le pays le plus riche et un des
plus puissants de ce temps, ait, h sa renais-
sance, frappé et émis d'immenses quantités de
statères d'argent, soit dans sa capitale, ou dans
les autres grandes villes du royaume, et se soit
laissé déchoir jusqu'à cesser de produire ce mon-
nayage et cela dans un temps encore très-pros-
père ; on comprendrait cela à l'époque, où sa
splendeur évanouie, il dut subir le joug des-
potique de la domination romaine, mais au con-
traire encore à cette époque, l'atelier d'Alexan-
drie continue d'émettre plus de monnaies au type
impérial que tous les autres peuples de l'Orient
réunis, et cela dura encore pendant trois grands
siècles.
Les monnaies chypriotes comme toutes celles
de l'Asie Mineure, étaient faites avec beaucoup
— XXVI —
d'art, jusqu'au premier siècle avant J,-C, Leur
aloi était si bon qu'elles durent être justement
appréciées et recherchées de tous, et telle fut très-
vraisemblablement la cause qui détermina les
Alexandrins à copier leurs types et même les
marques de fabrique. Personne n'ignore qu'à une
des époques les plus célèbres de l'antiquité, les
monnaies d'argent d'Athènes furent pendant des
siècles frappées à un type immobilisé, et qu'elles
furent exactement imitées jusques sur les confins
de la Phénicie. Chez nos pères, les Gaulois,
encore pendant plus d'un siècle les statères d'or
de Philippe de Macédoine fui-ent servilement re-
produits, et cela par presque toutes les peuplades
du nord au midi et de l'est à l'ouest. Chez un
autre peuple non moins barbare, les Pannoniens.
mêmes faits, mais seulement pour les tétradra-
chmes d'argent du même règne et aussi pour
d'autres drachmes et tétra drachmes des villes de
la Thrace et de la Macédoine. A une autre époque
encore assez ancienne, sous les premiers empe-
reurs d'Orient, leurs monnaies furent copiées
pendant près de deux siècles dans tout l'Occident,
avec leurs noms et titres, et de plus avec les
abréviations du nom de la capitale de l'empire
d'Orient, COM. OB. (1) Plus tard encore, en
(I) M. le comte de Salis prépare en ce moment un grand travail
d'ensemblo sur cette si importante série de monnaies. Nous ne
— XXVII
France, sous les premiers carlovingieus, la mon-
naie de Charles II le Chauve, se perpétua pen-
dant bon nombre de règnes. Sous Hugues Capet,
on frappait encore au monogramme carolin; de
là, une presque impossibilité de distinguer pour
quantité de localités, les monnaies des règnes de
Charles Chauve avec celles de Charles le Gros
et Charles le Simple. Plus tard pendant le
XIII'' siècle, il en fut de même ; le type tournois
de saint Louis fait presque le tour du monde ; il
est copié et recopié chez tous les barons de TOc-
cident, et même par les princes croisés dans les
contrées les plus éloignées de l'Orient. Enfin,
dans lestemps modernes, sous Henri 111, Henri IV,
Louis XIII et même Louis XIV, tous les petits
seigneurs français et étrangers copient encore
à l'envi les types royaux, parce que les espèces
qui les portaient étaient recherchées par le com-
merce.
Il nous reste encore bon nombre d'arguments
à développer pour démontrer la justesse de notre
classification ; mais cette introduction étant déjà
d'une longueur inusitée, nous ne pourrions que
fatiguer la patience de nos lecteurs. Nous les
jtrions de nous excuser, mais nous sommes forcé
de continuer nos appréciations sous forme de
Joutons pas que cette publication ne produise une ve'iitable re'vo-
lutïou dans les classements suivis jusqu'à ce jour.
XXVIII
notes placées à chacun des l'ègnes, surtout à la
suite des descriptions des pièces importantes.
Nous avons essayé de le faire aussi laconique-
ment que possible, mais cependant de façon h
démontrer d'une manière positive, le système que
nous avons pris à tâche de faire admettre.
ARYANDES (Satrape d'Egypte)
(Sons Camliyse et Dariu'i 1"', vers ôiô av. J.-C.)
Ce satrape célèbi'e l'ut de'sigue' par Cambyse, pour gouverner l'E-
gypte; les riohesses extraordinaires qu'il trouva dans ce pays 1'^-
blouirent au point de le décider à s'y rendre complètement indépen-
dant. L'un des actes les plus importants de son autorité fut de f:ire
fabriquer des monnaies d'argent à un poids et surtout à un titre
supérieur à celles de son souverain le roi de Pei-se ; de là une faveur
insigne dont jouirent ces monnaies parmi les négociants grecs et
phéniciens qui affluaient à Memphis. Darius se vengea cruellement
de la témérité d'Aryandès en le faisant mettre à mort. Cet acte de
légitime répression ne corrigea cependant pas les satrapes, collt^gues
d';\ryandèa,dans les gouvernements dos autres provinces dépendantes
de la monarchie persane. Ils émirent également des quantités trés-
considérables de numéraire, en concurrence de celui des rois de
Perse; et ceux-ci ne purent arrêter cette révolution monétaire diri-
gée contre leurs privilèges.
]. — Le satrape barbu, anaé, la tète couverte d'une mitre,
avec deux ho[)lites casqués et armés de boucliers, dans une
galère ayant à ra\ant une tète de cheval et voguant vers
la gauche, sous cette lialère, un hippocampe allé, a'iant
également à gauche.
r;. — Vautour (en relief) battant de-< ailes et tenant un bé-
lier dans sesserres (ce bélier en creux.). Poids : 14 ofaniine>.
(travée, pi. XI, n. 1. AR "^
Duc de Luynes, ym/iismutigiie des Satrapies, pi. XVI, u. 4li et
pue 92, d'après le Musée de Vienne: ce savant auteur donne égale-
ment au numéro suivant de cette planche la drachme au môme type,
sur laquelle on lit .\rva\ en lettres archaïques gravées en creux sur
le bélier.
Cette rarissime monnaie, qui d'après Ch. Lenormant, au-
4 LE SATRAPE ARVAXDES
rait été frappée en Egjpte, n'appartient cependant pas précisé-
ment à la série rovale dont nous allons dérouler la chronologie
monétaire depuis la conqur-te d'Alexandre et pour laquelle nous
avons pris ri tache d'entreprendre le classement. Nous pen-
sons que cette curieuse [liéee, ainsi que les neuf suivantes
peuvent être parfiiitement placées ici à titre d'introduction ù
l'étude de cette belle et si intéressante série des rois Lagides.
Tous les auteurs qui, jusqu'en ces derniers temps, avaient
traité de la numismatique de ce riche pajs, étaient d'accord
pour reconnaître que ce peuple, célèbre ii tant de titres, n'avait
jamais eu de monnaies spéciales avant l'envahissement de son
territoire par les armées grecques.
On pensait généralement que son commerce consistait en-
tièrement en échanges de matières précieuses comme bijoux,
pierres fines, etc. Certains auteurs admettent qu'il se servait
de monnaie, mais en se contentant de commercer avec les
pièces émises par les autres peuples.
Nous avons souvent consulté les marchands et les collection-
neurs qui nous soumettaient de véritables merveilles trouvées
dans ce pays, et nous n'avons pu ol)tenir la mention de décou-
vertes de monnaies très-anciennes faites dans cette contrée (1).
Celles de la plus haute antiquité, trouvées en nombre, datent
généralement d'Alexandre ou des premiers Ptolémées.
L'absence de pièces très-anciennes frappées dans cette contrée
parait un fait complètement insolite, disons même des plus
étranges; mais si on se reporte au caractère singulier de ce peuple
dont l'organisation politique et religieuse était complètement en
dehors des mœurs et des usages de ses voisins, pajs de l'asile
des dogmes mystérieux et cependant source de lumières et de
civilisation; témoins les gigantesques monuments encore debout
dont le seul aspect nous saisit d'ëtonnement et d'admiration. En
raisonnant sur le caractère original de ce peuple, on ne serait
pas surpris de voir que cette province si riche et si prospère ait
pu, grâce peut-être à ses merveilleuses ressources artistiques.
(1) Voir dans quelles comlitions exceptionnelles fut découvert en Egypte
un dépôt de monnaies gro qu'S du VI" siècle. Revue numismatique,
1861, page 414; trouvaille de Myt-Rahineh.
LE SATRAPE ARVANDES D
se priver des avantages du monnayage et maintenir cependant sa
suprématie sur les peuples voisins.
Ce fut seulement, selon la généralité des savants, trois grands
siècles après que la monnaie était en usage dans toutes les
autres contrées, que les Egyptiens se décidèrent A l'employer
pour leurs transactions commerciales, et on croit générale-
ment que s'ils se refusèrent avec opiniâtreté à admettre ce
système si simple et si commode , c'est qu'il devait être en
opposition avec les dogmes religieux du pays.
En observant minutieusement la religion de ce peuple, on
constate au contraire que les prêtres devaient recommander
l'emploi des monnaies. On trouve en effet dans les momies de
petites parcelles de métal, généralement en or, qui seniblent
représenter des monnaies; cela parait donc démontrer que le
culte reconnaissait la nécessité pour le défunt, d'être muni de
l'impôt indispensable pour payer son passage dans la barque qui
devait le conduire dans sa demeure éternelle. Ces plaques d'or
ne portent pas cependant de signes monétaires; le sujet qui y est
figuré représente généralement une feuille d'arbre ou de plante.
Comme nous le disions plus liaut, les numismatistes ne vou-
laient pas admettre qu'il eut été frappé do monnaies en Egypte
avant la conquête grecque. Nous-mènies ;1 la première inspec-
tion des pièces classées au satrape qui nous occupe, nous pro-
testions contre l'époque assignée a l'émission de ces monnaies,
elles nous semblaient frappées près d'un siècle après l'époque
indiquée par Ch. Lenorraant.
Hérodote mentionne cependant que do magnifiques monnaies
d'argent furent frappées par le satrape d'Egypte Aryandès, qui,
en les émettant, voulait éclipser celles du roi de Persa. Il dit, en
effet (IV, page 16G) : « Darius ayant frappi' une monnaie
» d'or au titre le jjius élevé possible. Aryandès, satrape de
» l'Egypte, voulut faire la même chose j^our l'argent, et
» encore aujourd'hui la monnaie qui contient l'argent le
» plus pur est celle d' Aryandès, etc. »
C'est à Ch. Lenormant que la science est aujourd'hui re-
devable delà précieuse découverte des belles et rares monnaies
de ce satrape. Ce savant tout en constatant que ces pièces ont
été frappées en Egypte, pensait qu'elle; furent destinées aux
6 ALEXANDRU MGVi
commerçants de l'Asie mineure qui affluaient à Memphis. Cette
opinion, dont l'honneur appariient toute entière au célèbre aca-
démicien, est un trait de lumière pour l'histoire monétaire de
ce pajs.
M. François Lenormant, auquel nous avons beaucoup em-
prunté pour notre travail sur ce satrape, dit p. 169, après la
reproduction du passage publié par son père : « Cette conjecture
>> est confirmée par l'existence positive des lettres grecques ar-
» cliaïques arvax commencement du nom d'Aryandès, gravées
» sur le corps du bélier incus de la drachme asiatique de la
» collection de M. le duc de Lujnes. Les mêmes lettres, mais
» rétrogrades, se lisent à l'exergue d'un médaillon d'argent
» appartenant à M. le baron Behr, et que cet amateur distingué
» nous a permis de publier, etc. »
Nous pensons, comme M. François Lenormant, que cette
conjecture serait parfaitement justifiée, mais il faudrait pour
cela pouvoir lire le mot arvan sur la médaille citée, nous avons
vainement cherché à y découvrir cette légende, nous avons
constaté au contraire à l'aide d'un autre exemplaire plus complet
de la même médaille exposée dans une des vitrines du cabinet
impérial, que cette légende n'a jamais existé, et cela devait être,
car cette pièce n'a que peu de rapport de fabrique et de style
avec celles publiées par feu le duc de Luynes. Sur la drachme
que nous avons citée d'après ce savant distingué on peut lire
en effet le mot arvan, placé sur le bélier en creux, on peut
même le lire sur deux exemplaires de coins différents, qui
figurent dans la riche collection du feu duc, cette lecture,
avouons -le, nous a un peu ramené à l'opinion émise par
MM. Lenormant: opinion maintenue, encore aujourd'hui par
des savants des plus compétents ; donc nous ne pouvons que
nous incliner après leur jugement.
ALEXANDRE .^gus (fils posthume
d'Alexandre-le-Grand)
(Règiie avec Aridee, son oncle, de 323 à 316, et sous la tutelle de
Cassandre, de 315 à 311)
Lors de la mort d'.4lexaaJre, son frère Aride'e fut leconnu roi sous
nom vénéré de Philippe. Peu de temps après, Roxane donnait le
PI I
A Maascn se Inip. Lemercier et C" Fa
ALEX.^MDRE >EGUS . INTERREGNE . PTOLEMEE SÛTER.
SOTER ET BERENICE
ALEXANDRE .«GIS 7
jour à un fils qui fut )iommé Alexandre et associe' à la souveraine
puissance. Eiiridice, femme d'Aridée suscita bientôt une d vision entre
son mari et la mère du fils du grand monarque, et força la veuve
d'Alexaudre à aller avec son fils chercher un refuge en Epire. Olympia?
les vengea par la mort d'Aridée et les fit rentrer en possession de
leurs états. Roxane et son fils ne jouirent que peu de temps de leur
puissance, dès l'année suivante l'ambitieux Cassandre fit renfermer
dans une prison le jeune souverain et sa mère. Ils _v restèrent près de
6 ans. Le peuple enfin, las d'une telle oppression, demanda que son
souverain légitime fût rendu à la liberté et remis en possession du
trône de son père. Cassandie, au lieu de lui lendre cette liberté, fit
mettre à mort Jioxane et son fils; comme on le voit, le malheureux
Alexandre ne régna effectivement qu'une seule année: c'est vraisem-
blablement pendant ce court espace de temps, que les généraux, dé-
voués comme l'était Ptolémee, ont pu faire frapper des monnaies au
nom de ce jeune prince sans porter ombrage au tyran qui opprimait
la mère et le flls ; de là une rareté réelle pour le |ietit nombre de
pièces attribuées à ce souverain éphémère.
2. — Tète jeune et cornue d'AlexanJre ;\ droite, couverte d'une
peau d'éléphant.
^. — A;\.EïA>"AP0V. Jupiter Aetophore assis à gauche; de-
vant lui un aigle sur un foudre, au repos, à gauche. Sous le
siège, la lettre A. Poids : 17 grammes. Gravée, pi. I. AR "
Millier Numismatique d'Alexandre-le-Grand. pages 29 et 31.
^- — Même médaille; au lieu de l'aigle, un foudre placé horizon-
talement sous le siège. HIA en monogramme. Pi. XII, n. 1.
Même poids. AR "
Miiller même page, n. 24 et Waddington, Revue Numisma-
tique française, 1865, pages 15 et suiv. et pi. II, n. 3.
Ces deux rares médailles ont été publiées par M. Waddington
dans la Revue numismatique ; le savant académicien n'hésite
pas à les attribuer au fils du célèbre conquérant. Dans le même
article il classe également au jeune Alexandre les monnaies sui-
vantes; il s'appuie sur les témoignages des savants compétents,
tels que Borrell, Cousinéry, Pinder, etc. Nous ne pouvons que
nous ranger à l'opinion d'aussi éminentes autorités, d'autant
plus que nous avons constaté nous-mêmes que ces monnaies
ainsi que les 10 pièces portant les tjpes qui suivent étaient
toujours apportées soit de l'Égjpte soit de la Svrie.
8 ALEXANDRE ^GUS
, — Même tète.
^. — AAEHANAPOY. Pallas combattant, à droite, dans le
champ; devant, un aigle, un casque et les lettres HP en
monogramme, n. 19. (Frappée à Héracléopolites.) AR ''
, — Même type, avec <l>AO en monogramme. PI. XII, n. 2.
Pièce un peu oxydée. AR '^
— Même type, sans le casque devant la figure avec les
lettres ey. AR '
Mionnet cite seulement la drachme avec les lettres ev, tome 2, n. 41 .
A Alexandre d'Epiro nous retrouvons souvent les mêmes initiales du
nom de la ville sous les Ptolemées, témoins lesu. 135, 136, etc. La
pièce a pu être fiappe'e à Evesperis en Cyrénaïque.
— Même type, avec oa^în où Aûm en monogrammes. PI, XII,
n. 3. AR *
. — Même type, devant l'aigle ai. Pièce fourrée. AR '
Mionnet cite seulement un tétradrachme de ce module avec les
lettres AI, tomeS, n. 37. Mais nous retrouvons souvent ces initiales
de nom de ville dans les monnaies des premiers Ptoléme'es et aussi
dans celles des rois de Syrie, frappées àDiospolis. Le n. 2 a dû être
également frappé dans la même ville.
, — Même médaille, avec ev. AR ^
Mionnet, tome 2, à Alex. d'Epire, n. 41, probablement frappée,
comme le n. 6, à Evesperis. Le poids du tétradrachme varie de
13 à 16 giamraes selon l'e'tat de conservation de la pièce, les
drachmes, 3 gr. 5 decig. même celle fourrée.
Ces belles et rares monnaies ont été classées par la généra-
lité des auteurs à Alexandre d'Epire malgré le module des té-
tradrachmes, d'une dimension en opposition complète avec les
monnaies de cette province ; comme nous l'avons mentionné dans
la précédente note les provenances des exemplaires connus sont
complètement orientales. Borrell, dans le Numismatia chro-
nicle, constate qu'il a vu une cinquantaine d'exemplaires de
ces monnaies trouvées en Egypte, et pas une seule dans les
■ fouilles faites enf Europe. " , .
INTERREGNE
INTERREGNE
(311 à 306 avant J.-C.)
Lors de la mort d'Alexandre, les peuples, si vite soumis à la do-
mination de ce célèbre conquérant, retombèrent généralement dans
une complète anarchie, trois souverains éphémères de la famille du
grand roi purent seulement s'asseoir sur le trône qu'il avait laissé en
mourant. 11 n'y avait pas vingt ans que la terre avait recouvert les
cendres 3e cet homme extraordinaire, que ses vieux généraux se dis-
putaient son héritage et élevaient de toutes parts de nouveaux trônes
sur les débris de ceux que les victoires de leur vaillant chef avait si
vite renversés. De nouvelles divisions territoriales se créèrent alors
et formèrent de grandes provinces qui furent gouvernées par des
dynasties très-puissantes ; celle dont nous décrivons ci-après les
monnaies fut sans contredit la plus célèbre et celle qui résista le
plus longtemps à l'esprit d'envahissement et de domination du peuple
romain.
1(1. — Tète jeune et cornue d'Alexandre, à droite, couverte d'une
peau d'éléphant.
■^. — Sam légende. Proue de galère. Poids : 8 grammes, 5
décigr. Gravée, pi. I. AV ^ 'A.
Cette splendide médaille connue seulement par deux exem-
plaires (1), a été publiée par M. Waddington dans la Revue
nximismatique (2), il la clas-e au jeune fils d'Alexandre, nous
pensons contrairement à l'avis de l'éminent archéologue que
cette monnaie a été frappée pendant l'interrègne, c'est-à-dire
entre les années 310 à 306 avant J.-C. Nous croyons que c'est
avec une intention parfaitement arrêtée que le chef qui en a
prescrit la fabrication a évité d'y faire graver les moindres
traces de titres de souveraineté; elle a dû être frappée vers la
fin de l'interrègne, époque à laquelle Ptolémée était tout-puis-
sant en Egypte et devait malgré sa grande probité avoir de sé-
rieuses aspirations à devenir le souverain en titre de cette riche
(1) Le second figure dans les cartons du Cabinet de France.
(2) Année 1865, page 14 et pi. II, n. 2.
1(1
PTOLEMliE, SATRAPE D"liGYPTn
et belle contrée; ce grand politique devait employer tous les
moj'ens possibles pour empêcher ses collègues de paralyser son
ambition. Tous, du reste, devaient avoir secrètement les mêmes
aspirations, et tous durent émettre des monnaies autonomes
sans nom et sans titres, conservant seulement l'image du célèbre
rdnquérant. De là les innombrables quantités de monnaies do
bronze avec la tète d'Hercule jeune, ayant au revers la massue,
le carqujis, des monogrammes de villes où d'agoranomes, et
seulement les lettres B. A. ces pièces figurent dans toutes les
collections.
PTOLEMEE SOTER (Gouverneur d'Egypte)
{32i à 30G avant J.-C.)
Eusèbe fait arri\ei' PtoMmée en Egypte vers l'an 323, l'anaée qui
suivit la mort d'Alexandre; il gouverna ce riche pays comme Satrape
pendant 17 années. En l'an 307, Antigone de Macédoine ceignit le
diadème après la victoire qu'il venait de remporter sur Ptolémée ; ce
dernier, piqué d'une telle audace et voulant montrer à son vainqueur
qu'un revers, quelque terrible qu'il fût, n'était pas capable d'abattre
son courage, se déclara roi de toute l'Egypte. Cet exemple fut
vite suivi par Séleucus, Lysiinaque et par lei autres généraux
d'Alexandre.
Tète casquée de Pallas, à droite.
^. — nTOAE>uiOY. Victoire debout, h gauche, tenant un
étendard et une couronne; dans le champ, devant, une
roue; au bas de chaque côté des pieds de la victoh-e ey *.
(Monnaie au type d'Alexandre, frappée en Cyrénaïque?) De-
mi-statère. Poids: 4 grammes, 2 déc. Gravée pi. 1. AV. ^
Voici encore une médaille de première rareté et qui, comme
les précédentes, a aussi une très-grande importance historique;
elle a du être frappée vers la fin de l'interrègne au moment où
les anciens compagnons d'armes d'Alexandre ne cachaient plus
leurs ambitions et s'apprêtaient, d'un commun accord, à changer
leurs titres de gouverneurs des provinces contre ceux de sou-
PTOLEMEE I, SOTER II
verains effectifs, et c'est à cette (époque du démembrement de
ce grand Empire que la médaille dont nous publions la repro-
duction a dit être émise chez les Cjrénéens qui venaient de se
soumettre au gouvernement de PtolémJe; elle est encore con-
forme en tout point comme fabrique et comme tjpe aux mon-
naies d'Alesandre-lc-Grand, qui se frappaient sur presque tous
les points du monde connu à cette époque mémorable.
Le Cabinet Impérial possède un statère d'or, au même type
que notre demi-statère, il porte également le nom de Ptolémée
sans aucun titre, et ayant seulement une mention de recon-
- naissance des Cjrénéens à ce grand capitaine; il a été publié
par MM. de Longpérier (1) , François Lenormant (2) et
MuUer (3).
Ch. Lenormant a aussi publié dans le Trésor de Gl]/ptique(4),
un tiers de statère avec la même victoire au revers ; un crabe
est figuré devant cette victoire, mais la tête est celle de Soter;
la pièce malgré le manque du titre BASl.VEilS à dû cependant
être frappée après que Ptolémée eut pris le titre de roi.
PTOLEMEE SOTER (roi d'Egypte)
(règue 21 ans do 305 à 285 avant J.-C.)
Né à Eordëe en Macédoine, l'an 360 avant Jésus-Christ, il devint
très-jeune un des généraux d'Alexandre et suivit ce grand capitaine
dans toutes ses expéditions; après sa mort, on lui confia le gouver-
nement de l'Egypte, de la Libye, ainsi que de toutes les provinces de
l'Arabie et de la Syrie, limitrophes de l'Egypte. L'histoire men-
tionne que ce grand homme fut le premier parmi les lieutenants d'A-
lexandre, qui fut revêtu de la pourpre royale. Il fut souvent en guerre
avec ses anciens compagnons d'armes, qui étaient jaloux de sa grande
(1) Revue numismatique, 1S44, pag.3s 325 et suiv.
(2) Monnaies des Lagides, pages 97, 9S.
(3j Xumismatiçiue de l'Afrique, tome 1, page 70.
(4) Rois grecs, page 61, n. 9.
12 PTOLÉMÉE I, SOTER
autorité. Il perdit et reprit plusieurs villes de la Plu^nicie et finit
enfia par réussir à recouvrer toutes les localités importantes de cette
belle contrée ; il avait même ajouté une partie de l'Asie à ses Etats,
lorsqu'il abdiqua l'autorité souveraine en faveur de l'un de ses plus
jeunes fils, Ptolémée Philadelphe, qu'il installa lui-même sur le trône.
Il mourut deux ans après son abdication, l'an 283, après avoir régné
21 ans comme roi et gouverné l'Egypte pendant 17 années.
I '. — Tète diadémée de Soter à droite, l'égide nouée autour du cou.
^. — HTOAEJiAiov E.\i:iAEûs. Aigle au repos sur un foudre
à gauche; devant le monogr. figuré, pi. xii, n. 4. AV "
13. — Même pièce ; un bouclier ovale, placé, au-dessus du mono-
gramme.
Mionnet, VI, n. 2, et François Lenormant, pages 41 à 45, à Mag-
dolum.
Ce même monogramme se retrouve encore sur nos n. 27 à 30 et
50 à 61 . Voir au n. 27 la note sur l'explication de ce monogramme.
11. — Même type; devant l'aigle, la lettre h au-dessus d'une
massue, frappée à Heracleopolites'? Gravée, pl. 1, AV "^
15. — Même médaille; ^ devant l'aigle. AV "
Mionnet, VI, n. 27.
Les mêmes lettres se voient également sur le u. 129. F. Lenor-
mant, à Phacusa, page 43. Voir aussi n. 80 et 98.
Ces magnifiques pièces sont toutes d'un poids identique, 17 gram-
mes 8 décigrammes, et les suivantes ue varient également que par
l'usure, leur poids est de 1 grammes 0 décigr, à 1 gramme 8 décigr.
IG. — Même type; a devant l'aigle. AV ' '/s-
Mionnet, VI, n. 7. Frappée à Alexandrie?
17. — Même type; devant mi en monogr. pl. xii, u. 5.Gravée, pl. I.
AV ' Vs-
Mionnet, VI, n. U.
Le même monogramme est classé par nous à un magistrat, n. 116
144 et 146.
Si on lisait là un nom de ville, il faudrait attribuer la pièce à
Miletus et la reporter au règne suivant.
IS. — Même type; WP en monogr. n. 15, devant l'aigle. AV ' 72-
Mionnet, VI, n. 12. Peut-être Marathus? Comme le n. 41.
19. — Même type; devant l'aigle vn, monogr. n. 6. AV ' Vr
PTOLÉMÉE I, SOTER 13
Mionnet, VI, u. 10. F. Lenormant, page 56, 57, à Hypaton.
iO — Même type ; devant l'aigle nPH? monogr. n. 7. AV ' '/j.
21. — Même tj'pe; x.\ monogr. pi. xn, n. 16. AV ' '/,.
Mionnet, VI, n. 13. F. Lenormant, page 103, à Carthage. Cette
attribution paraît impossible? Le niJme monogramme se retrouve
également sur les n. 42, 76, 101, 134 et 391, mais souvent en seconde
ligne , il doit par conséquent être conside'rë parfois tout simplement
comme nom de magistrat. Lorsque le monogramme eçt seul, on peut
admettre que la médaille a pu être frappée à Characmoba.
??. — Même tète.
n). _ nxoAEMAiov BAïiAEiiî:. Même type de l'aigle ; devant
'ri , au-dessus d'une massue. AR '
Mionnet, sup. IX, n. 5,
Cette pièee et la suivante ont dû être frappées â Heracleopolitesî
23. — Même médaille, sans la massue. AR 7.
24. — Même type; devant l'aigle, ^"j AR"
DAP
nTO
n. 8 et 64. ' AR '
25. — Même type ; devant l'aigle, „:j., en deux monogr. PI. xii,
F. Lenormant, à Paraetonium et Ptolémais.
Le second monogramme doit être tout simplement le nom d'un
agoranome.
26 — Même médaille, d'un module un peu inférieur, deux lettres
gravées à la pointe dans le champ du revers. AR ^ '/j-
Nous avons souvent remarqué sur les monnaies des deux pre-
miers Ptolémées de grandes variantes de lettres ainsi gravées
à la pointe. Chacun sait que dans l'antiquité quantité de mon-
naies étaient fourrées ; ces graffiti étaient peut-être des mar-
ques de garantie de bon aloi, tracées sur les pièces par des négo-
ciants renommés ou même par des employés de l'administration
des monnaies. Nous constatons de nos jours, dans un pays voisin
du nôtre, un fait à peu près analogue; on oblige les négociants ;\
mettre leurs noms ou d'autres marques distinctives sur les bil-
lets de banque.
27. — Même type; MAFAr? monogr. n. 9, placé devant l'aigle, au-
14 PTOLÉMÉE I, SOTER
dessus d'un bouclier ovale ; entre les jambes de l'aigle, la
lettre P. AR '
Mionnet, VI,n. 30, varii^ti^. Lenormant, page3 41 et 45,àMagdolum,
Le monogramme peut en effet produire les lettres WArAr ? ; mais nous
y trouvons un second r, qu'il est impossible d'admettre dans le nom de
Magdolum.
28. — Même médaille; en plus ah, monogr. n. 10, placé derrière
l'aigle. * Gravée pi. 1. AR '
F. Lenormant, à Magdolum et Héliopolis, pages 45 et 46. Le second
monogramme doit être encore un nom d'agoranome et peut aussi se
lire \\^.
29. — Même pièce, derrière l'aigle ; «tA, ? monogr. n. 57, pi. xii.
AR7.
Mionnet, VI, n. 28, et F. Lenormant. page 41 , classe ce dernier mo-
nogramme à Phatmis. C'est le même qui figure sur le n. 93.
30. — Même médaille ; seulement MArir?, monogr. n. 9, sans
autres lettres ni symboles. AR 7.
Ces quatre pièces, d'un poids parfaitement régulier, 14 gram-
mes, paraissent avoir été frappées dans la même localité, malgré
la légère variété que l'on remarque dans le monogramme. Cette
ville a dû émettre d'immenses quantités de monnaies en tous
métaux, témoin nos n. 12, 13, et 50 à 63.
31. — Même tête.
F). — Même aigle; devant, J'j^ en monogr. n. 11. AR''
Mionnet, VI, n. 32. F. Lenormant, pages 100 et 105, à Stratonos
Pyrgos et Apollonie de Cjrénaïque, la première ville seule paraît-pro-
bable.
32. — Même tête.
^. — Même aigle; devant, hap, monogr. n. 8; dessous a. AR '
Mionnet, VI, n. 44. F. Lenormant, page 44, à Paraetonium. La
lettre A doit être une marque monétaire.
33. — Même tête.
^. — Même aigle; devant, am en monogr. PI. xii, n. 12.
AR'
Mionnet, VI, n. 35. F. Lenormant pages 40, 41 , à Magdolum.
PTOLÉMÉE I, SOTEB 15
M. F. Lenormant, en décrivant ce monogramme, pages 40 et
14, prolonge Tan^le gauche du ^ de manière à en former un r.
Nous avons vainement cherché dans les cartons du Cabinet de
France et partout où nous connaissions de belles séries de la suite
■ des Lagides , et nous n'avons pu constater nulle part l'existence
dece monogramme avec le r. Nous citons plusieurs pièces de cette
même localité, avec le même monogramme, témoin nos n. 79 et
100, 108. Sur le n. 100 bis, le A est barré de manière à pou-
voir y lire A.VM. Le nom de Damascus pourrait parfaitement
être admis comme lieu d'émission ; mais cette pièce devrait
alors êire reportée à Philadelphe.
34. — Même tète.
Rj. — Même aigle ; devant, '^j en monogr. Pi. xii, n. 13.
AR»
F. Lenormant, pages 102 et 103, à Carthage et Diospolis.
Il est fort difficile d'admettre le nom de Carthage dans cette
série des rois d'Egypte. Celui de Diospolis serait três-présu-
mable; r::ais comme nous le démontrons, h Ptolemée II, n. lO.ô,
127 et 157, il est peu probable que les monogrammes secon-
daires indiquent jamais des noms de villes. Pour le monogram-
me XAP, nous ne le trouvons aussi que généralement placé en
seconde ligne. Témoin nos numéros 47; 58 à 61 , 130, 131 et
S90. Une seule fois nous le voyons sans être accompagné ; c'est
au n. 131 ; mais cela n'infirme nullement l'opinion qui consiste à
ne voir dans le monogramme secondaire qu'un nom de magistrat.
Les lettres x.\p des n. 34 et 131 pourraient cependant indiquer
la ville de Characmoba. Cette opinion a été soutenue par plu-
sieurs numismatistes, mais cela parait très-hasardeux.
35. — Même tête.
P
Ri — Même aigle; devant, m., monogr. n. 11. AR ^
HA
Mionnet, VI, n. 42, et F. Lenormant, page 94, à Rhinocorura et Apis
de la Marmariquc.
Cette pièce pomrait aussi être classée dans la s^rie n. 111 à 129,
malgré l'absence du A derrière l'oreille du roi. Voir après le n. 127
la note sur la localité où cette pièce a pu être frappée.
36. — Même tète.
^. — Même aigle ; devant, PE. AR '
16 PTOLÉMÉE I, SOTEF.
37. — Même tête, même type; a devant l'aigb; pièce très-oxydée,
poids, 12 gr. 9 décigr. AR "
Toute cette série de pièces, la dernii>re exceptée, pèsent entre 14 gram-
mes et 14 gr. 5 décigr. Pas une uo donne un poids moindre do 14 gr.
Comme on l'a dL\j;"i remcarqué, la généralité des auteurs s'ac-
corde à reconnaître qu'avant les Ptolémées , les Égyptiens ,
lorsqu'ils avaient besoin de monnaies pour leur commerce, se
servaient de celles des Rois de Perse, dont ils étaient les
vassaux. Nous avons démontré au n. 1 et suivants, qu'il y avait
cependant des exceptions h cette règle, mais nous ne pouvons
nier que probablement, pendant les premiers temps du règne de
Soter, on dut persévérer dans les usages suivis, et on ne devra
pas être peu surpris du petit nombre de médailles que nous don"
nons au grand règne du fondateur de cette dynastie ; nous som-
mes en eflet en opposition flagrante avec tous le numismatistes
qui au contraire, classent h ce souverain la presque totalité des
monnaies d'or et d'argent connues avec les noms de riTOAEMAlOY
BA:ilAEa2 ou nTOAEMAlOV SiiTIIPOS.
Nous pensons, répétons-le, qu'à l'époque où le célèbre fils de
Lagus prit les rênes de l'Etat, le peuple égyptien était peu ha-
bitué aux échanges à l'aide du numéraire, surtout des espèees
locales; il fallut donc de longues années ù Soter avant d'organi-
ser sérieusement les systèmes monétaires de son peuple. Ce
grand capitaine, d'une probité et d'une modestie exemplaires, dut
sans nul doute maintenir le monnayage d'Alexandre, pour lequel
tous les commerçants avaient une grande prédilection ; nul n'i-
gnore que Ptolémée lui-môme avait pour son ancien chef une
vénération qui faisait honneur à son grand et noble caractère ;
On sait aussi qu'il passa les plus belles années du commencement
de son règne à guerroyer avec ou contre ses anciens collègues :
il ne dut pas trouver le temps nécessaire pour réglementer
toutes les lois et l'administration en général du peuple dont il
refondait en entier les mœurs et les coutumes. Philadelphe
seul, par son caractère paisible et organisateur, dut mettre ordre
à toutes les choses de détail, et gn constate par ses monnaies à
quels tâtonnements il fut soumis. On verra ;\ ce règne aux mon-
naies avec le A et aussi aux pièces datées les raisons que nous
PTOLÉMEE I, «OTER 17
fournissons pour lui attribuer plus de monnaies qu'à son père. Il
est mêmetrès-vraisemblaOle que quantité de celles que nous ve-
nons de décrire devraient être reportées au règne suivant. Nous
ne sommes du reste pas seul de cet avis. Le sarant Cousinéry
donne à ce sujet des raisons majeures. Raisons que nous repro-
duisons dans la note qui précède le n. 139.
38. — Tète jeune diadémée et cornue à droite.
pj. _ nioAEM.uov BASiAEiiï. Aigle sur un foudre ;\ gau-
che; devant, Vacrostoliuni. A.E *
39. — Même médaille ; un casque au-dessous de VacrostoUum. AE *
Mionnet, VI, n. 139.
40. — Même tj^pe, saus VacrostoUum; vn en monogr. PI. xii,
n. 14, placé au-dessus du casque. AE *
Mionnet, sup. I.K, n. 59. M. F. Lenormant, p.iges 72, 73,75, classe
ce monogr. à Stratonos Pyrgos. Nous cioyons qu'il faut y chercher
un autre nom , comme pour notre n. 395 , et la ville d'Hvpaton pour-
rait ôtre le lieu d'émission des pièces avec ce monogramme.
41. — Même type, avec jip en monogr., n. 15. (Marathus ?) AE *
42. — Même type, avec x.\ en monogr.. n. IG. AE '
Mionnet, VI, n. 140.
Ce monogramme figure encore sur les n. 21 , 76, 101, 134
et 291. Voir les notes des n. 21 et 102.
43. — Même type, sans le casque devant l'aigle; la lettre n placée
au-dessus d'une massue. AE ^
Mionnet, VI, n. 142.
44. — Même type; devant l'aigle, lyre et ta ou at monogr., n. 17
de la planche XII. AE '
45. — Même médaille sans symbole; mp monogr., n. 18, devant
l'aigle. AE ■
46. — Même type avec hp devant l'aigle (Heracleopolites ?) AE ^
Mionnet, VI, n. 141.
47. — Même médaille, devant l'aigle, ^j^p cette dernière ligne,
monogramme n. 13. (Frappée à Clysma?) AE '
18 PTOLÉMÉE I OU II
48. — Même type, sans lettres ni symboles, gravée pi. 1. AE
49. — Même pièce, quart des précédentes. AE ' '/j
Cette curieuse série de monnaies de petit bronze, d'un style
très-remarquable comme beauté de travail, paraît de fabrique
très-ancienne; ces pièces ont dû être frappées aussitôt après celles
au type d'Alexandre; elles ressemblent comme faire aux mon-
naies de Philippe Aridée. Elles ont été attribuées tantôt à Pto-
lémée d'Épire, tantiH à Ptoléinée III Évergètes. En observant
scrupuleusement la fabrique, il paraît hors de doute qu'elles ont
dû être toutes frappées sous Ptolémée Soter, et très-vraisem-
blablement dès le commencement de son règne. C'est du reste
l'opinion de Cousinéry (1).
Ptoléinée I. Soter, ou Ptolémée II Philadelphe
50. — Tète laurée de Jupiter à droite.
Rj. _ nTOAEMAiov BASiAEfls. Aigle éployé à gauche sur
un foudre; dans le champ, devant ^u^A^? monogramme
n. 4, placé au-dessus d'un bouclier ovale; entre les jambes
de l'aigle, la lettre a. ' AE '
51. — Même médaille; entre les jambes de l'aigle, ta, en
monogr. n. 20.
52. — Même type,
Mionnet, VI, n. 314.
53. — Même pièce; entre
54. — Autre variété.
55. — Même type.
Mionnet, VI, n. 325.
56. — Autre variété.
57. — Nouvelle variété
58. — Même pièce, le même monogramme au-dessus du bou-
clier; dessous, XAP en monogramme pi. XII, n. 13, entre
les jambes de l'aigle, la lettre a. AE '^
Miouuet, VI, n. 316.
AE'
id. id.
o
AE'
jambes de 1'
'aigle,
E
AE'
id. id.
A
AE
id- id.
1
AE'
id. id.
p
AE'
id. id.
1
AE'
(1) Lettre P», page 135, et gravée en vignette p. 167.
PTOLÉMÉE I OU II 19
59. — Même pièce; entre les jambes de l'aigle, A AE '
60. — Autre variété id. ni. © AE '
61.— id. id. id. id. p AE '
Selon M. F. Lenormant, pages 41 à 45, 102 et 103, ces cinq
dernières pièces auraient été émises par les villes de Magdo-
lum et de Carthage; il nous parait impossible de voir dans le
second monogramme autre chose qu'un nom de magistrat. Ce
même monogramme figure encore sur les n. 34, 47. 130 à
131 et 390. Disons-le encore ici, il est difficile d'admettre que
le monnayage des Lagides ait pu avoir un cours régulier à
Carthage. Yoir la note du n. 34, et aussi celle du n. 27 pour le
premier monogramme.
G2. — Même type, sans lettres ni monogrammes, un bouclier
ovale seulement devant l'aigle. Gravée, pi. I. AE '
Mionnet, YI, n. 312.
63. — Même type, le bouclier devant l'aigle; derrière la lettre, A.
AE'
Cette belle série de 1 4 monnaies sortant des mêmes ateliers
que les pièces d'or et d'argent n. 12, 13, 27, 28, 29 et 30 était
restée rangée aux incertaines des rois d'Egypte. Nous avons
pensé devoir les classer ici, ainsi que les 17 pièces suivantes qui
sont également de même style, du môme module et d'une fa-
brique identique; elles ont dû être frappées toutes vers la fin
du règne de Soter ou au plus tard sous celui de Philadelphe.
64. — Le tj'pe précédent, sans le bouclier ; devant l'aigle, .,. ^ '
TA
65. — Même type ; devant l'aigle, ^^ ou nE, monogrammes n. 21
et 22, pi. XII. ^'
Le second monogramme est attribué à la ville de Petra par
M. F. Lenormant, page 90; cette pièce a pu être frappée à
Gaza.
66. — Variété de la même pièce , le r du premier monogramme
ressemblant à un n; ce raonogr. figure u. 21 bis. . ^''
67. - Variété avec . ^'nYMY°' °^onogr. n. 21 et 23
AE'
20
68. — Autre variété
69. — Autre variété
Mionuet, Vl^a. 309.
70. — Autre variété
PTOLEMEE 1 OU II
FA
j^'^ monogr. n. 11 et 21. AE '
HA
monogr. n. 11.
AE'
TA
PP monogr. n. 19 et 21 AE ■"
M. F. Lenormant classa le n. G9 à Apolionie de Cjrénaique
et Phacusa. D'aprôs le môme système, il faudrait attribuer le
n. 65 à ApoUouia et Petra, le 68 à Apollonia et Apis, et le 70
encore a Apollonia et Horaclée. 11 semblerait plus logique de
classer les cinq pièces ci-dessus à Panopolis, et considérer tous
les monogrammes socondaires comme devant mentionner tout
simplement des noms d'agoranomes.
71. — Même type; devant l'aigle, j
72. — Variété id. i
AE'
AE'
73. — id. id.
Mionuet, VI, n. 306.
74. — Autre variété.
^j, ou En, monogr. n. 22. AE '
AE
75. — id.
id.
A
np
A
M
nA, ce dernier en mon. n. 11.
AE'
76.
id. id.
XA
monogr. n. IG.
AE
Mionnet, VI, n. 305, variété. Ce même monogr. se retrouve sur les
n.21,76, 101 et 134.
77. — Autre variété
Mionnet, VI, n. 304.
78. — Même type
n.i*?
monogr. n. 24.
AE
AE'
Cette série de huit pièces avec l'A toujours devant l'aigle, a
très -vraisemblablement été frappée à Alexandrie; les mono-
PTOLÉMÉE SOTEB '■ii
grammes secondaires pouvant être considérés comme noms de
magistrats. Celui du n. 73 est le même que le G5; il est égale-
ment placé en seconde ligne.
79. — Même type ; devant l'aigle, Asi, monogramme n. 12. AE '
Voir, après le n. 33, la note sur ce monogramme attribué à
la v'ile de Damas.
80. — iSIème type, devant l'aigle seulement *. AE '
Cette pièce, ainsi que le n. 98, ont été attribuées à la ville de
Phacusa par M. F. Lenormant, page 40.
Voir après le n° 507, la note concernant plusieurs pièces qui
pourraient être rapportées ici.
PTOLÉMÉE SOTER, BÉRÉNICE I--".
81. — Tète diadémée de Soter à droite avec l'égide.
^. — riTOAEMAiov BASiAEns. Tète diadémée de la reine
ou d'Isis, avec une longue chevelure tombant par quatre
rangs de boucles; devant la tête une corne d'abondance;
derrière, une fleur à trois pétales (le lotus). AE '
82. — Même médaille, nvA en monogramme placé sous la tête
de la reine. Gravé, pi. I. AE"
Mioni.et, VI, n, G7, etCh. Lenormant, Glyptique, \)\. 82, n. 7.
83. — }tlême type, le mot abréviatif QEV sous la tête. AE "
Ce magistrat 0EV'I>ElAEVï, que nous voyons figurer sur les
monnaies autonomes de Cyrène et aussi sur le n. 1 1 , indique que
cette pièce a pu être réellement frappée pour Soter et Bérénice.
84. — Autre variété, se ou ib id. id. AE '
Mionnet,VI, n. 60, et Ch. Lenormant. Glyptique, pi. 82, n. 9.
85. — Même médaille, sans lettres sous la tête et sans le lotus
derrière. AE ^
Mioimet, VI, n. 74, et Ch. Lenormant, Glyptique, pi. 82, n. 6.
80. — Même médaille, moitié de la précédente. AE ^ '/j
Mionnet, VI, n. 73 et la pièce suivante, n. 77.
87. — Même pièce d'une fabrique très-postérieure. AE ' '/j
88. — Même médaille, autre division. AE ^ V,
Mionnet, VI, n. 80, et Cii. Lenormant, Glyptique, pi. 82, n. 12.
22 PTOLÉMÉE I OU II
89. — Même type, nouvelle division. AE ^
Mionnet, VI, n. 79, et Ch. Lenormant, Glyptique, pi. 82, n. 10.
90. — Autre pièce d'une valeur encore moindre. AE-" V»
91. — Même type, un sylphium? placé sous la tète de la reine
(frappée en Cyrénaïque), gravée pi. I. AE ^
Il est probable que l'émission de ces monnaies a dû se pro-
longer jusqu'à une époque très-tardive dans la descendance des
Ptolémée; en effet, il existe des pièces frappées à ce type qui
dénotent une si affreuse barbarie, qu'il est évident pour nous
que leur émission s'est continuée pendant presque toute la durée
des règnes des Lagides. 11 ne serait pas invraisemblable que ce
caractère de monnaies, comme celui au type de Soter, ne se fût
également répété et perpétué pour les monuments qui devaient
rappeler les images du roi et de la reine réunies sur une môme
pièce ; s'il en était autrement, comment expliquerait-on alors
le nombre si considérable de ces monnaies qui figurent dans
toutes les collections, et la grande quantité de ces mômes pièces
que les fouilles opérées en Egypte font découvrir chaque jour ?
BERENICE Ire, femme de Soter.
Cette reine célèbre, petite-fille de Cassandre.fut d'abord marie'e à
uû Macédonien obscur, du nom de Philippe. EUe en eut plusieurs en-
fants : Magas qui devint roi de Cyrène, et Antigène qu'elle maria à
Pyrrhus. Elle vint en Egypte avec sa cousine Euridice, la fille d'iViiti-
paterqui s'y rendait pour épouser PtolémiJe. Plus tard.la grande beauté
et les solides qualités de Bérénice lui gagnèrent le cœur du souverain
quirépudia Euridice pour offrir la couronne à la petite-fille du roi de
Macédoine.
Cette princesse suivit Soter dans plusieurs grandes expéditions ;
elle sut tellement le captiver, qu'elle le décida à reconnaître son fils
comme héritier du trône d'Egypte, au détriment des enfants de la pre-
mière femme de Soter. L'empire qu'elle exerça sur son mari fut si ex-
traordinaire, que Ptolémée fit ériger un temple en sou honneur,
alors qu'elle vivait et régnait avec lui.
A Mas s on sr
BERENICE 1=?'? PHILADELPHE.SOTER, BERENICE, PHILADELPHE
ET ARSIMOE II.ARSINOÉ I!
PTOLÉMKE 11, PHILADELPilE 23
92. — Tète voilée et diadémée de la reine à droite.
rV BEPEXiKHS BASiAizHs;, come d'abondance entourée par
un diadème. Gravée pi. II. aV '
Cette rarissime monnaie est complètement inédite. Le travail
d'art, le caractère de la tête, dont l'expression est remarquable-
ment belle, les traits extrêmement fins et délicats, et surtout
assez jeunes, tout cela réuni ne nous parait laisser aucun doute
sur le classement à la première Bérénice. Le tvpe particu-
lier de noble physionomie que l'on remarque sur cette pièce
n'a aucun rapport avec les traits de la seconde reine du même
nom, dont la figure est généralement large et bouffie. Le poids
de la pièce, 1 gramme 5 décigr., le module, l'exécution du
travail, tout concorde parfaitement avec les petites monnaies d'or
de Sùter, n. IG à 2L Une remarque assez curieuse est à con-
stater, c'est qu'il manque un S dans l'inscription BASIAIIIII.
PTOLEMEE II, PHILADELPHE.
(règne 38 ans. du 2 novenihre 285 au 2-1 n-tnhre 247 p.ven: J.-C.)
Comme nous l'avons mentionné dans la notice sur sa mère, Ptolé-
mée U, Philadelphe était le fils aîné de la seconde femiie deSoter. Il
naquit dans l'île de Cos, vers l'an 309 avant J.-C. Il avait à peine
vingt-quatre ans, lorsqu'en 285 son père lui céda la couronne. S'il
n'eut pas les talents militnire-; du premier l'tolémée, il sut se faire
remarquer par sou esprit d'organisation. Son amour pour les arts, les
sciences et les lettres en ont fait une des grandes figures de ladj-nastie
des Lagides; une pais rarement interrompue et une sage administra-
tion donnèrent à l'Egypte une prospérité que tous les historens con-
statent à la fin du règne de ce grand prin'e, qui mourutranl.'47 avant
J.-C, laissant le trône à un fils capp'^le de maintenir la monarchie
égyptienne dans toute sa splendeur.
9-3. — Tète diadémée de Philadelphe, l'égide autour du cou.
^. nTOAE.M.uor BASiAEP.s. Aigle sur un foudre à gauche ;
devant ■t-A, ouiA,et derrière kviip, monogrammesn. 50 et
84 PTOLÉMÉE 11, l'UILADELPIlE
57 de la pi. XII. Poids 14 gr.. Gravée pi. II. AR '
Cette pièce, que nous croyons unique, est peut-être le seul
monument numismatique connu qui nous transmette le portrait
isolé de Philadelphe sur une médaille frappée de son vivant.
Elle a eu les honneurs d'un très-bon article de M. F. Lenor-
mantdans la Revue numismatique française, année 1862, pa-
ges 331 à 333. La vignette est figurée en tête du volume comme
l'une des pièces les plus importantes publiées dans l'année.
On peut admettre l'attribution du monogramme de l'île de
Chjpre, mais il est difficile de lire le nom de la ville de PLatmis
dans l'autre.
Première époque?
(Monnaies sans dates au type de Ptolémée !"■, avec noms de villes.)
Il eût été peut-être plus rationnel de classer ces quatre mon-
naies a la seconde époque et mettre celle avec le A à la première ;
mais les tjpes et les fabriques sont tellement identiques avec les
pièces de Ptolémée' I, n. 12 à 37, que nous avons cru devoir les
grouper ici. "• • ' ''^
04. — Tète diadémée de Sotiu-'ù droite avec l'égide.
1^. nTOAEMAior BAiLVEfir. Aigle au repos sur un foudre à
gauche; devant, TTP, monogr.n. 25, placé au-dessus d'une
massue. Poids 17 gr. 7 décigr. AV ^
Cette monnaie, frappée à Tvr, est l'une des plus rares de la
série. Elle a été publiée par Mionnet, YI, n. 61. Voir àlauote
placée avant le n. 139 , les raisons que nous proposons pour re-
tirer du règne de Soter cette pièce et les trois suivantes pour
les ranger ici. .
U5. — Même tète.
^. — Le même avec le même monogramme. AR''
Mionnet, \'l, u. 62,
nT
!)6. — Même médaille; devant 1 aigle, ^p, la dernière ligne en
monogramme n. 26, pi. XII, derrière l'aigle, un bouclier
ovale. (Frappée à Ptolemaïs ?) AR ''
Mionnet, VI, n. 31, et F. Lcnormant , p. 108 et 110. Ce dernier
auteur n'explique paa le second monofjramme.
PTOLÉMÉE II, PHILADELPHE 25
IIT
97, — Même type; devant l'aigle . , la première ligne en mo-
nogramme, n. 27. A R"
Ces deux dernières pièces ont dû être frappées à Ptolëmaîs.
Elles sont d'un poids identique avec celle frappée à Tyr. (14
grammes).
Seconde époque.
(Monnaies au même type avec le A placé derrière l'oreille.)
C'est à M. Poole que nous sommes redevables de la précieuse
découverte du A placé derrière l'oreille du roi. Cette lettre a pu
paraître de prime-abord d'une assez mince importance au stu-
dieux conservateur du Musée Britannique. 11 nous racontait, il
y a deux ans, sa découverte, et il semblait devoir attribuer cette
lettre a une marque de fabrique do quelque atelier chypriote.
Depuis lors, de très-grandes trouvailles ont été faites en Egypte,
et cette lettre figure sur des quantités innombrables de mon-
naies de fabriques et de villes différentes. On doit donc cher-
cher autre chose qu'un atelier monétaire ou l'initiale d'un nom
de graveur.
Si les pièces avaient été émises à une époque plus rapprochée
de nous, le mot de l'énigme serait vite trouvé, le A pourrait
très-logiquement être considéré comme abréviation du mot
Si<nîpo; (le second roi de la dynastie/; mais nous ne trouvons
nulle mention d'ordre numérique suivi pour les souverains
de la haute antiquité; on ne les désignait d'habitude que par
des surnoms, comme le prouve assez toute la chronologie de
ces rois d'Egypte.
Si, au lieu du A ainsi placé, nous avions la lettre *, il nous
semble que tous les doutes seraient levés ; personne ne contes-
terait l'abréviation de ■tl.UAEA't'OV. Nous pensons pourtant que
cette lettre, quoique très-peu apparente, peut cependant préci-
ser une distinction positive entre les monnaies de Philadelphe
et celles de son père. Une coïncidence nous confirme encore
plus fortement dans notre opinion, c'est que les deux grandes
pièces, n. 101 et 102, ainsi que celle du Cabinet de France, du
même module et du même poids, toutes trois portent ce A. Or,
le module de ces pièces est en parfaite analogie avec celui des
monnaies de la seconde femme de Philadelphe, et nous ne re-
26 PTOLÉMÉE II, PniLADELPHE
trouvons ces modules et ce poids sous aucun autre règne anté-
rieur ni postérieur à ceux de Philadelphe et de son fils; c'est en
effet sous les règnes de ces deux grands organisateurs que l'on
dut chercher, par tous les moyens possibles, à fonder un système
monétaire en harmonie avec les besoins du commerce si étendu
de leurs peuples; delà ces grandes variétés de poids et de mo-
dules.
98. — Tète diadémée de Ptolémée Soter à droite avec l'égide;
un très-petit à placé derrière l'oreille dans le creux ré-
servé entre les premières mèches de cheveux.
^. — HTOAiiMAior BAïiAEns. Aigle au repos sur un foudre,
à gauche; devant, la lettre *. AV®
Cette rare pièce a dû être frappée dans la môme localité que
le n° 80, probablement à Phacusa.
99. — Même type ; devant l'aigle, la lettre A. AV
Cette pièce a pu être frappée à Alexandrie. Elle a été publiée
par Mionnet, \'I, n. 1.
100. — Même type; devant l'aigle, am monogramme, pi. XII, n. 12.
Gravée pi. II. AV "
100 bis. — Même médaille avec aam, monogramme 12 bis. AV ^
Voir après le n. 33 la note concernant ce monogramme. Ces
quatre belles pièces d'or sont toutes de même poids : 17 gr., 5
et 7 décigrammes.
101. — Même type; devant l'aigle, xa, monogr. n. 16. AR '"
102. — Même médaille id. An ou nA, monogramme, n. 11.
Gravée pi. II. AR
10
On connaît seulement trois rarissimes pièces de ce module et
de ce poids inusité (28 grammes 2 décigr.) dans les monnaies
des rois d'Egypte, les deux que nous venons de décrire et celle
de la célèbre collection de feu M. le duc de Luynes, actuellement
placée au Cabinet Impérial; cette dernière a été publiée par
M. F. Lenormant, pi. VII, n. 3. Elle semble du même coin
que l'une de celles que nous décrivons ici.
Le monogramme du n. 101 a été attribué à Carthage par
M. F. Lenormant, page 103. Nous retrouvons ce même mono-
PTOLÉMÉE II, PHILADELPHE '27
gramme sur les n. 21, 42, 76, 134 et 391. Voir la note du
n. 33. Nous avons déjà dit qu'on avait substitué le nom de
Characmoba à celui de Carthage ; mais la lettre p ne se lit pas
sur plusieurs pièces.
Le monogramme du n. 102 a été également expliqué par
M. F. Lenorraant. pages 74 et 100. Il l'attribue à la ville d'A-
■ poUonie de Cyrénaïque, comme nous l'avons expliqué dans la
note du n. 70. Il paraîtrait peut-être plus rationnel de lire Pa-
nopolis au lieu d'Apollonie, d'autant plus que la fabrique de ces
trois pièces de grand module parait parfaitement égyptienne.
103. Même tète; le A placé derrière l'oreille ressemble ;i un \.
P^. Même aigle; devant, la lettre a. . AR '
104. — Même type, le \ parfaitement formé. AR'
Cette monnaie a du être frappée a Ale.xandrie, comme le n. 99.
Sur trois monnaies, n. 98, 101 et 103 de cette série, le A
ressemble à un A; il est certain que c'est toujours le A que le
graveur a voulu faire. Nous avons retrouvé la môme pièce au
même monogramme, avec le A barré par le bas et non barré, té-
moin les n. 103 et 10 1. Les deux pièces semblent du môme coin.
riT
105. — Même type; devant l'aigle, ap, les deux dernières lignes
Aa
en monogramme, pi. XII, n. 1^8 et 29; derrière l'aigle, un
bouclier ovale. AR'
Selon M. F. Lenormant, pages 108 et 109, cette médaille
aurait été frappée pour Ptolémaïs , Aradus et Dora. On peut
encore ici déterminer facilement une preuve, en comparant
cette pièce avec les n. 9(5 et 107 et toutes les pièces suivantes
de Ptolémaïs, que tous les monogrammes secondaires ne peu-
vent en aucun cas être admis comme mentionnant des alliances
de villes.
106. — Même type; devant l'aigle, si. Gravée, pi. II. AR'
107. — Variété, ~^ la dernière ligne en monogr., n. 58. AR'
La première de ces deux pièces a été publiée par Mionnet,
VI, n. 45. Elles ont dû être frappées à Sidon. Leur poids est de
13 grammes 5 décigr. Nous avons souvent remarqué cette lé-
28 PTOLÉMÉE II, PHILADELPHE
gère différence de poids dans les tétradrachmes émis par les ate-
liers phéniciens.
108. — Même type; devant l'aigle, am, monogr., pi. XII, n. 12.
Poids, 14 grammes. AR'
Frappée à Damas ? Voir, au n. 33, la note sur ce mono-
gramme.
109. — Même type; devant l'aigle, my, monogr., n. 30. AR'
Classée à Myos-Hormos d'Egypte par M. F. Lenormant,
page 50.
110. —Même type; devant l'aigle, nvM, monogr., n. 31. AR'
111. — Même type ; devant l'aigle, ^ AR'
Mioanet VI, n. 37 et F. Lenormant p. 38aRhinocorura.
P
112. — Même type; devant l'aigle, a, monogr. n. 32 AR '
DM
113. — Même type; id., /p ap monogr. n. 28. AR'
114. — Même type; id., ^^j, monogr. n. 22. AR'
Ce second monogramme se retrouve encore en seconde
ligne sur les n. 65 et 73.
115. — Même type ; ^^p "'onogi"- "• 33. AR '
116. — Même type; ^jj monogr. n. 34. AR'
monogr. n. 5. AR'
id. û. 30. AR'
id. n. 14. AR'
id. n. 11. AR'
Mionnet, VI, n. 39.
117.
— Même type ;
MI
Mionnat, VI, n
36.
118.
— Même type;
P
HY
119.
_ id.;
P
nïJi
120.
_ id.;
P
nA
PTOLÉMÉE II, PHILADELPHE 29
121. — Même type; ^^. ournn. 6. AR'
122.— id.; ^^ monogr. n. 8. AR'
123.— id.; /g AR'
124.- id.; l AR'
125.- id.; l AR'
126.- id.; ^ AR ■
P
127. — id.; ,^p monogr. n. 13. AR ^
Cette magnifique série de 17 pièces d'une fabrique réellement
remarquable et toujours d'un poids extrêmement correct (14
grammes) a été très-certainement émise par le môme atelier
monétaire. Il n'y a pas d'objection sérieuse à admettre la ville
de Rhinocorura, quoiqu'il soit difficile de prouver que cette loca-
lité possédât à cette époque l'importance voulue pour émettre
un aussi grand nombre de variétés de monnaies, c'est-à-dire
de pièces signées par autant de magistrats monétaires; mais le
silence des historiens sur la notoriété de cette cité ne peut être
une objection sérieuse à l'activité do sa production monétaire :
les historiens ont laissé de très-grandes lacunes municipales,
et il est peu d'année où on ne découvre des monuments contem-
porains, prouvant la célébrité de villes et de populations dont les
historiens anciens mentionnent même à peine les noms.
En admettant que la lettre P indique en effet le nom de la ville
de Rhinocorura, c'est ici surtout que nous avons le champ
libre pour essayer de démontrer l'invraisemblance, disons même
l'impossibilité du système des alliances des villes placées sous
la domination des Lagides, système qui a fait tant de bruit en
sens négatif et affirmatif. Rien n'était plus facile en effet, pour
les amateurs de variétés, cherchant la vérité à l'aide desmono-
• grammes; mais aussi, d'un autre côté, rien de plus faux que le
mode d'interprétation proposé, lorsqu'on veut tenter d'appro-
fondir les effets et les causes.
30 PTOLÉMÉE II, PIIILA.DEI.PHE
Il est incontestable que si M. F. Lenormant avait eu sous les
yeux la collection que nous sommes charg-é de décrire aujour-
d'hui, et aussi le médaillier égyptien du Musée Britannique,
médaillier d'une richesse extraordinaire, il se fût certainenaent
abstenu de chercher des alliances à une ville aussi peu célèbre et
cela sur un si grand nombre de pièces mentionnant des noms ainsi
variés à l'infini. Il a fallu cependant une étude excessive et une
intelligence extraordinaire pour trouver comme alliance à la
ville de Rhinocorvra dans le n. 112, Apis de la Marmarique ,
118, jVyos Hormos , 120, Apollonie de Cyrénaïque , 121,
Jlypatnn, 122, Paraetonium 12(3, Phacnsa ; enfin, dans
le 127, la ville de Cartliagc. Cette dernière attribution surtout
a dû demander des recherches très-grandes. Pu reste, pour
cette ville comme pour les autres, les faits historiques concor-
dent si bien que tout paraît possible h première vue.
Si on nous taxe de trop d'incrédulité pour ce système d'allian-
ces de villes que nous contestons, nous demandons une seule chose
bien simple, une explication raisonnable appuyée de preuves
historiques pour les 11 pièces que nous venon.s de décrire et qui
n'ont pas été expliquées. Nous serons heureux de reconnaître
notre erreur; il serait aussi nécessaire de donner des raisons
plausibles pour tous les autres monogrammes secondaires qui
se lisent sur les autres pièces de localités ditlerentes, telles que
les n. 127, 128, 120 et 120, et également sur la majeure partie
des pièces datées des villes de Galilée et de Phénicie, où on re-
marque souvent encore les mêmes monogrammes secondaires
sur les monnaies de deux et morne trois villes différentes.
128. — Même type; devant l'aigle, , AR "
Mionnet, VI, n. 27.
nA
129. — Même type ; id., ' monogr. n. 11. AR '
130.— id.; id., Jp id. n. 13. AR^
Ces trois pièces ont pu réellement être frappées à Phacusa, le
monogramme xap de la dernière se retrouve sur les n. 34, 47,
58, 61, 131 et ::90. Nous avons tenté de prouver, à la suite du
n. 34, qu'il ne pouvait être considéré comme mentionnant le
nom de Carthage.
PTOLÉMÉE II, PHILADELPHE 31
131. — Même type; le monogramme xap seulement devant l'ai-
gle. AR^
132. — Même type ; seulement la lettre 2, sans autre monog. AR'
133. — Même type; fan ou fm, monogr., pi. XII, n. 35. AR'
Excepté le n. 131, ces pièces sont du poids très -élevé de 14
grammes 8, deux pèsent 15 grammes ; elles paraissent avoir été
frappées dans des ateliers égyptiens. Nous ne trouvons aucune
ville à qui attribuer les n. 132 et 133.
EY
134. — Le type des pièces précédentes; devant 1 aigle, ,1a der-
nière ligne en monogramme, pi. xii, n. 10. AR'
Le môme monogramme xa. se voit également sur les n. 21,
41, 76, 101 et 391. Voir la note du n. 21.
FV
135. — Même type; devant l'aigle. ^^^^^^ o 1 cette seconde ligne en
monogramme, pi. XII. n. n. 3. AR'
Ces deux pièces ont été frappées très -vraisemblablement à
Evespéris de Cyrénaïque : M. F. Lenormant, p. 103, classe
la première à Evespéris et Carthage.
Troisième époque.
(Monnaies sans le A, portant des dates et des noms de ville.)
Ville de Tyr.
136. — Tète diadémée de Soter avec l'égide, à droite.
B). — nTOAEMAior BAii,\Ei>s. Aigle sur un foudre à gauche;
devant, une massue surmontée de tvp en monogramme,
pi. XII. n. 25, derrière l'aigle, la lettre k (an 20). AR'
137. — Même type; derrière l'aigle, kb en mongr. (an 22) AR'
138. —Même type; id., Ki id. (an 24) AR'
Sur ces trois pièces d'un poids très-régulier, les deux der-
nières ont été publiées par M. R. S. Poole, dans la Numis-
matic Chronicle, année 1864, pi. I, n. 1 et 4.
32 PTOLÉMÊE II, PHILADELPHE
Quatrième époque.
(Monnaies avec le titre de Soter et portant toutes des noms de villes.)
Comme nous l'avons déjà relaté, voilà deux grands siècles
que la numismatique des Lagides est discutée, commentée par
les savants français et étrangers; et jusqu'en ces derniers
temps, chaque pierre apportée au mystérieux monument sem-
blait en surcharger Tédifice.
Pour la série des monnaies que la généralité des auteurs
classaient à Ptolcmée Soter, le fondateur de la dynastie, ils
évoquaient, comme nous l'avons déjà fait remarquer, des ères
de telle ou telle ville, pour les pièces datées de l'an 23 à l'année
117, portant le nom de iQTIIPOi: (1). Ceux qui ont eu l'idée de
ces ères inexplicables n'ajant pas présenté de résultats sérieux,
nous passerons leurs noms sous silence ; d'autres, plus logiques,
avaient trouvé, dans les vaiiétés de travail et de frappe, que
les pièces avaient dû être émises (celles d'un bel art), par So-
ter !"■, les autres par Soter II. Mais, hélas! les dates inscrites
d'une manière indiscutable venaient aussi renverser leur sé-
duisant échafaudage. En effet, en prenant même pour point de
départie moment où PtoléméeSoterl'" gouverna l'Egypte comme
satrape, (l'année 323 avant notre ère), la monnaie portant la
date 117 se trouvait être frappée l'an 200, avant- dernière an-
née du règne de cet exécrable Philopator, qui mourut l'an 205,
juste 89 ans avant l'avènement de Soter II au trône; Cousinéry
seul avait admirablemant posé les bases d'une solution sérieuse
et raisonnée, en disant, lettre IV, page 137 :
» Le système monétaire de Soter va être encore mieux
» éclairci par celui qu'adopta Ptolémée Philadelphe, son fils ; ce
I prince, autant pour honorer la mémoire de son père, issu
» d'Hercule, que pour obtenir plus sûrement le respect des
t peuples, se hâta, après la mort de Soter, de célébrer son apo-
» théose à Memphis, où la statue du nouveau dieu fut placée
» auprès de celle d'Alexandre ; et il fit rendre les mêmes hon-
• neurs à Bérénice, sa mère. Nous voyons la preuve de ce fait
(1) Dernières limites des pièces datées. R. ST. Poole, Num. chron.,
années 1£64, pages 165 à 167.
PTOLÉMÉE II, PHILADELPHE 33
» dans l'inscription de Rosette. II fit frapper à l'occasion de
• cette consécration de très- belles monnaies d'or et d'argent,
» avec l'image de son père, et où ce roi est quelquefois qualifié
> de snTHPOS sauveur. Pendant tout son règne, Philadelphe
» n'employa que ces mômes types sur les trois métaux , et , à
» l'exemple de son père, il s'abstint de faire représenter sa
» propre image sur aucune de ses monnaies, etc., etc. »
Cette idée tout à fait lumineuse, émanée d'un homme fonciè-
rement attentifs l'étude de l'art monétaire et aux recherches his-
toriques, n'a cependant pas converti la plus grande partie des au-
teurs contemporains habitués ."i la routine, et qui ont passé son nom
sous silence. Il ont préféré suivre les vieux errements en main-
tenant au premier Ptolémée presque toutes les monnaies à son
effigie portant .«oit l'inscription nTO.VEMAlor BAIUEni, soit celle
IITOAEMAlor ïUTHl'Oi, et sans les explications de MM. Poole
et Six, tout serait encore à l'état d'étude où Cousinéry l'avait
laissé.
M. Six démontre d'une manière indiscutable dans sa remar-
quable lettre à M. Poole, insérée in extenso dans laNumismatic
Chronicle (1), qu'il parait inadmissible d'attribuer à Soter I"
les monnaies frappées en son nom en Phénicie et en Judée,
surtout celles portant des dates comprises entre les années 25
à 39. Nous partageons en tout point l'opinion du savant hollan-
dais, et M. Poole lui-même parait s'être rangé ;\ sou avis; nul
doute que les hommes judicieux ne se rendent à d'aussi sérieux
arguments. En effet, les pièces datées portant le nom de Soter,
émises par les villes de Tyr, Sidon, Gaza, .Joppé et Ptolémaîs,
s'arrêtent toutes à l'année 39. Les monnaies à'Arsinoé II, la
seconde femme de Philadelphe , portent également des dates
s' arrêtant à cette limite (2). Or, Philadelphe aj-ant régné 38 an-
nées parfaitement accomplies, rien ne s'oppose îi ce que l'année
39 soit inscrite sur les dernières monnaies de son règne. Nous
aurons l'occasion de rappeler cette anomalie de dates dans les
notes placées à la fin des règnes de Ptolémée VIII Philométor
et de Ptolémée XIII Aulôte. Nul n'ignore que les rois d'É-
(1) Année 1865, pages 126 à 131.
(2) Voir l'avant-dernier alinéa de la note placée après le n. 183.
34 PTOLÉMÉE II, PHILADELPHE
gypte avaient pour habitude de compter leurs années de règne
du jour môme de la prise de possession du trône. Nous voyons
en effet des règnes très-éphemères dater des monuments de la
seconde année de leur règne. On comptait l'année dans laquelle
avait lieu l'avènement pour I. Puis, au renouvellement de
l'année du public, on comptait II; on pouvait de la sorte avoir
deux années de règne sur les monnaies en quelques semaines,
même en quelques jours.
Il serait aussi as^oz difficile d'attribuer ces pièces à Ptolémée
!'■' Sûter, qui ne régna effectivement comme roi que 21 ans ou
23 ans, si on tient compte des deux années qui suivirent son
abdication; et, répétons-le encore, les monnaies d'Arsinoé II,
avec les date 5 élevées, viennent appuyer notre dire.
Des preuves aussi concluantes nous dispensent, il semble, de
démontrer par d'autres arguments l'attribution évidente à Phi-
ladelphe des monnaies au nom deSoter; elles ont été réellement
frappées après sa mort, très -vraisemblablement par une inter-
prétation de religieux respect que son caractère avait inspiré à
son successeur et à son peuple. La découverte de Cousinéry nous
paraît très-rationnelle et tout h fait probable. Les pièces portant
le titre glorieux donné par les Rhodiens au fondateur de la dy-
nastie des rois d'Egypte, ont dû en effet avoir pour point de
départ un événement mémorable du règne de Philadelphe ayant
pour but de perpétuer la mémoire de son père; ce fait histo-
rique avait une telle importance aux yeux du peuple égyptien,
que tous les descendants de cet homme illustre, même les plus
pervers, se glorifièrent de maintenir ses titres et son efBgie sur
les espèces monétaires.
Ces sortes de glorifications posthumes étaient, on le sait, dans
l'esprit et le tempérament des anciens. Donnons comme preuve
la série entière des rois de Pergame. Tous en effet firent frap-
per des monnaies au nom et au type de Philétaire, le fondateur
de la dynastie.
Sous les empereurs romains, les souverains adoptifs pre-
naient généralement, sur les monnaies, lors de leur avènement,
le caractère de tète , même l'expression de physionomie
de leur prédécesseur. Témoin Trajan, ressemblant d'abord
PTOLÉMÉE II, PHILADELPHE 35
à Nerva; Hadrien, prenant aussi le caractère de tête de Tra-
jan, etc., etc. On peut aussi fournir une similitude assez
exacte par d'autres personnages. On peut dire qu"il était dans
la forme spiritualiste de la civilisation grecque et romaine de
placer sous l'invocation ou la protection du mort les actes et la
vie des vivants. Les elBgies d'Hercule, héros créateur et père
de tant de princes; celles d'Ale.tandre, perpétuant son nom et
ses gloires ; les Césars Augustes, les institutions des empereurs
bienfaisants, prouvent assez que les anciens aimaient à faire
revivre les morts dans tous les usages de la vie.
Ville de ryr.
139. — Tête diadémée de Sotcr avec l'égide.
i\. — nTOAEM.uor iOTHPOi. Aigle au repo.'=; à gauche; de-
vant, la massue surmontée de tvI', monogr. n. 25, pi. xii ;
derrière, niTH, monogr. 39 de lu même planche. AR'
1 tO. — Même type; le monogramme placé derrrière l'aigle rem-
placé par j AR'
Mionnef, sup. IX n. 27.
lu. —Même type; derrière l'aigle, ^ AR "
142. —Même type;" id., ^^y(an30), la dernière ligne
monogr. n. 59, entre les jambes de l'aigle la lettre a. AR^
1-13. — Variété. Entre les jambes de l'aigle, hp, monogramme
n. 19. AR'
144. —Autre variété; id. avec mi, monogr. n. 5. AR'
145. — Autre variété ; id. id. ^o, manogr. n. 58. AR'
Ch. Lenormant, Glyptique, pi. 81 n. 14.
146. — Même type; derrière l'aigle, '^ (an 32). ma en monogr.
n. 40; entre les jambes de l'aigle, Mt, monogr. n. 5. AR '
147. — Même pièce; 'seulement le monogramme placé entre les
jambes de l'aigle, varié, c'est le n. 58 aveu No, AR '
36 PTOLÉMÉE II, PHILADELPHE
148. — Autre variété ; 6 entre les jambes de l'aigle. AR '
149. —Même pièce; derrière l'aigle, ^j^ (an 33), 0 entre les jambes
de l'aigle. AR '
150. —Même type; derrière l'aigle, j^'^ (an 34), entre les jambes
de l'aigle, Mr, monogr. n. 30. AR '
Ce dernier mono2:rarame, formé des lettres î^V ou :mv, se re-
trouve sur les n. 109 et 118. M. F. Lenormant l'attribue à
Myos Hormos.
151. — Même médaille; seulement entre les jambes de l'aigle, no
comme sur le n. 1 17. AR ^
AC
152. — Même type; derrière 1 aigle, ^ (an 3G); © entre les jambes
de l'aigle. AR '
153. — Même type; derrière l'aigle, '^ (an 39); entre les jambes
de l'aigle le même ©. AR '
Toutes ces pièces sont d'une fabrique identique et d'un poids
assez régulier, 14 grammes; les n. 143, 149 et 152 seuls
n'ont pas le poids réglementaire , mais elles ont beaucoup di-
minué de poids au nettoyage; le n. 149 a perdu 3 gr., 2décigr.,
et cela en une seule journée de séjour dans l'alcali.
154. — Même type; devant l'aigle, TVP, monogr. n. 25, placé au-
dessus de la massue, derrière, la lettre K. AR '
Cette pièce, d'une belle fabrique et d'un poids trôs-élevé,
14 gr. 2 décigr., a dû être frappée à Tyr plusieurs années après
l'année 20 du règne de Philadelphe. Nous pensons, comme sur
le n. 217, que la lettre K ne mentionne nullement une date,
car en l'année 20, et même pendant les trois années suivantes,
les pièces de Tyr portaient encore la légende riTOAEMAlor BA-
SIAEQI , témoin les n. 136 a 138.
Ville de Si don.
155. — Tête diadémée de Soter, avec l'égide.
^. — nTOAEMAior ïQTUPOï. Aigle sur un foudre, à gauche;
devant, ii derrière mht, monogr. n. 41. AR ^
PTOLÉMÉE II, PHILADELPHE 37
156. —Même type; ii devant l'aigle; sans lettres ni symboles
derrière. AR ^
157. — Même type; devant l'aigle, ^^'^^ , cette dernière ligne, mo-
nogr.n. 41; derrière l'aigle Ke (an 29) AR '
Mionnet, suppUmpnt IX, n. 13.
Comme on peut le remarquer ;\ laide du rapprochement des
n. 155, 157, 158 et 160, les pièces datées et non datées de cette
ville sont parfaitement contemporaines, le même magistrat si-
gna les unes et les autres; toutes ces lettres et monogrammes
qui figurent en seconde ligne sur les monnaies de cette ville,
ainsi que sur celles des villes voisines, démontrent, il nous
semble d'une manière péremptoire, qu'il ne faut voir là que des
noms de magistrats. On retrouve en effet les mômes noms dans
les villes de Sidon, Joppé et Ptolémaïs, témoin les numéros
cités ci-dessus et aussi les n. 106, 172, etc., où figure toujours
le monogramme 41 avec les lettres mut. 11 y a souvent un
gramme d'écart dans les monnaies de Sidon ; elles varient entre
13 gr. 3 décigr. et 14 gr. 2 décigr.
158. — Même type; derrière l'aigle a (an 30) AR '
Ch. Lenormant, Gh/ptique, pi. 81, n. 13.
159. —id.; id. id., ^' ; derrièr-^, aa (an 31) AR'
Mionnet, Supl. IX, n. 14.
160. — id.; id. id., " .j.,monogr.n. 41; derrière, AB
(an 32) AR '
Mionnet, VI, n. 53 et J. P. Six, Xum. chron. 1865, page 128.
161. — id.; id. derr. l'aigle, Ar, (an 33) AR '
162. — id.; id. dev. l'aigle, ^, derrière, même date. AR '
163. — id.; id. dev. l'aigle, XL, (an 36) AR '
Ville de Gaza?
-164. — Tète diadémée de Soter, avec l'égide.
38 PTOLÉMÉE II, PIMLVDELPHE
^. — nTOAEMAior laxHPOï:. Aigle sur un foudre ,
à gauche; devant l'aigle, ^^^. ou za , la première ligne;
raonogr. n. 21, et la seconde monogr. n. 38; derrière l'aigle
^ (an 27 ?) (poids M grammes) AR "
Ville de Jopfé.
165. — Tète diadémée de Soter, à droite, avec l'égide.
1^. — nTOAEMAior lOTiiPOi:. Aigle au repos, à gauche; de-
vant, ion; derrière, ^^ (an 3-2) AR '
106. — Même type; devant l'aigle, j^^j^ , monogr. n. 41, derrière
AE
1- aigle y (an 35) AR ■
Mionuet, tome VI, n. 55. -^
167, — Même type; devant l'aigle, ion ; derrière ac (an 36) AR "
168. id.; id. ^^ , monogr. n. 21, derrière
l'aigle, ^^ (an 3G) AR ' '
Nous avons vainement cherché à expliquer la lettre © qui
figure sous les dates de trois pièces de la ville de Joppé. 0 que
nous retrouvons également sur sept pièces de Ptolémaïs. On a
souvent pris cette lettre numérale pour une double date; il est
démontré ici que cela est de toute impossibilité : cette double
date varierait avec les dates réelles. Il ne serait pas impossible
que cette lettre fût l'initiale du nom d'un magistrat monétaire
chargé de l'administration des ateliers de ces deux villes,
villes dû reste assez voisines. Les pièces sont d'un poids très-
élevé, 14 gr. à 14 gr. 2 décigr.
Ville de Ptolémaïs.
169. — Tête diadémée de Soter, à droite, avec l'égide.
1^. — nTOAEMAior SQTHPOS. Aigle sur un foudre, à gauche.
PTOLÉMÉE II, PHILADELPIIK 39
UT
devant, hn monogr. n. 29et43 AR'
iiA
Ces mêmes monogrammes figurent sur la pièce n. 104, monnaie
avec le A derrière l'oreille.
169 bis. — Variété de la même ^^
A monogr. n. 42 et 43, en-
piece, avec np^ '
tre les jambes de l'aigle; tk monogr. n. GO AR "
Mionnet, suppl. IX, n. 111, et R. S. Poole, Xmn. rhron 18C4,
pi. VI, n. 8.
HT
170, — Même type; devant laigle, ^.^^ AR '
l'I. id.; kI., ^v AR •
HT
!"-• id-; id., M Y mon. 27. 31 et 44 AR "
MF.
1~3- id.; id., ;^, p. monogr. 27 et 44; derrière
l'aigle. l (an 30) AR '
HT
173 bis.— Même p.; devant l'aigle, Mv ou vn monogr. n. 27, 14
et 44
ME
AR
7
174. —Même type; devant l'aigle. "^ monogr. 27 et 44; derrière
l'aigle, ^^^ (an 31) ar '
175. — Variété de la m. p., avec '^^ id. aR '
17G.
id..
id.
177.
id.,
id.
178.
id..
id.
179.
id.,
id.
180.
id..
id.
rière
l'aigle.
AE
(an 35)
^^ (an 32) AR '
0^ (an 33) AR '
e^ (an 34) • AR '
HT derrière l'aigle. \\ (an 34)
AE AR '
riT
^,g monogr. n. 27 et 44; der-
AR^
40 PTOLÉMÉE II, PIIILADELPHE
Excepté les n. 169, 170 et 178, qui ont un peu perdure leur
poids au nettojage, ces pièces sont d'un style assez remar-
quable et surtout d'un poids très-élevii, toujours dépassant de
un ou deux décigr. les 14 grammes réglementaires. Nous ne
reviendrons pas sur leur attribution à Philadelplie, que nous
pensons avoir suffisamment expliquée page 32, dans la note
précédant le n. 139. :
Monnaies de Villes incertaines sans dates.
181. — Tête diadémée de Soter, à droite, avec l'égide.
^. — nTo.vEMAior snTHPOs. Aigle sur un foudre, à gauche;
devant "ti, derrière, iia.TP.xpi. nionogr. 45, 46 et 17 placés
en triangle. ' AR '
182. — Même tête, contremarquée du monogr. n. 48.
I^. — Même aigle; devant, hap, monogr. n. 8. AR '
La première pièce dont le poids dépasse encore 14 grammes
a pu être frappée dans la ville de Pliiladelpbia, la seconde pesant
13 gr. 4 décigr., a probablement été frappée à Parcetonium.
-■ . ARSINOÉ pe? (femme de Philadelphe)
Deux femmes du nom d'Arsinoé partagèrent tour à tour la souve-
raineté de )"Egypté avec le second roi de ce pays.
La première Arsinoé était fille de Lysiraaque, roi de Thrace ; elle
épousa Philadelphe Tan 282 avant J.-C. Elle eut trois enfants de ce
mariage, Ptole'me'e, qui rt-gna plus tard sous le nom d'Evergètes, Ly-
simaque et Bérénice, L'histoire relate que son mari, croyant qu'elle
avait conspiré contre sa personne, l'exila dans l'ile de Coptos en Thé-
baïde. Les faits postérieurs feraient croire que Philadelphe inventa
ce stratagème pour se débarrasser de la fille de Lysimaque afin de
pouvoir épouser sa sœurqui était devenue veuve et qui dtgàavait pris
une grande influence sur son caractère. Arsinoé trouva le moyen de s'en-
fuir de l'ile de Coptos et de se rendre auprès de Magas, le frère de
son mari, qui était roi de Cyrène. Ce dernier la reçut avec tous les
égards possibles et l'épousa. Il adopta la jeune Bérénice, que sa mère
avait emmenée avec elle dans sa fuite.
A la mort de Magas, Arsinoé fit venir de la Macédoine Démétrius,
PI ni
A Mftsson se.
Imp Leyy.ercier e1 C'*" ?ar
ARSINOE P_=?ARSINOE I! PTOLEMEE EVERGETE 1=."*
AHSINOÉ I 41
fils de Dém^trius PolioiTùii',' afin de lui donner sa fille Bt're'nice en
mariage. Mais elle prit le jeune prince pour sou amant et lui aban-
donna toute l'autoritf?. Bientôt, Dt^me'trius gouverna avec un tel des-
potisme qu'il se forma contre lui une conspii-ation ayant à sa tête la
jeune Bérénice, laquelle fit fuer son fiancé dans le lit de sa toère ; sa
vengeance ainsi assouvie et son honneur vengé, elle laissa la vie à
Arsinoé, qui mourut longtemps après dans un àgeavancu.
183. — Tète jeune, cornue et diadémée de la reine, un sceptre
sur l'épaule, dont l'extrémité apparaît au-dessus de la tête.
^. — APSLNOHS a>iAAAEA*dr. Double corne d'abondance
remplie de fruits, et ceinte d'un diadème (poids 27 gram.
7 décigr.) Gravée, planciie III. OR ^ '/a
Malgré l'énorme différence de caractère, de physionomie, la
finesse des traits, le type plutôt européen qu'africain de la tête
représentée sur cette belle monnaie, ce n'est qu'avec la plus
extrême réserve que nous la donnons à la première femme de
Philadelphe. Il parait cependant difficile d'admettre que ce sou-
verain, si c'est réellement lui qui a fait frapper tant de mon-
naies d'or et d'argent de modules si variés pour sa sœur , sa
seconde femme, n'ait pas consacré les traits de la première sur
des monnaies, surtf)ut a un commencement de règne. Il J a peu
de temps, la chose ne faisait aucun doute pour nous, les mé-
dailles elles-mêmes nous venaient en aide; nous n'avions, il est
vrai, étudié la question que d'après les monuments décrits dans
les recueils. Ces descriptions semblaient nous donner complète-
ment raison; nous constations en effet l'existence de plusieurs
pièces portant des dates antérieures au second mariage de Phi-
ladelphe, c'est-a-diredes monnaies frappées pendant les années
2, 4 et 6, et le second mariage n'ayant eu lieu qu'en l'année
277, la huitième du règne, le doute n'était donc plus permis. Il
existait réellement des monnaies des deux reines, et le fait était
constaté par des dates positives. Des témoignages d'auteurs
spéciaux venaient encore fortifier notre opinion : nous citerons
entre autres Champollion Figeac (1) qui dit, pages 416 et 417 :
• Du reste, les noms de Ptolémée Philadelphe et des deux
(Il Egypte ancienne, Pariï, F. Didot, 1839.
42 ARSINOÉ I
» Arsinoo, ses deux femmes, ne sont pas très-rares sur les mo-
» numents égyptiens; une inscription du musée du Louvre
» mentionne une des reines, et quant aux monuments d'origine
» grecque, outre les belles médailles en or de ces princesses,
» qu'il est facile de discerner l'une de l'autre par les traits de
» leur visage, etc., etc. »
Plus loin, il dit encore : « Les médailles de Ptolémée Phila-
» delphe et des deux Arsinoé, particulièrement celles qui sont
» frappées en or, sont remarquables par leur style et leur belle
» exécution; on n'y a observé jusqu'ici aucune trace des sym-
» boles religieux particuliers au culte égyptien, etc. •
Malgré tant de fiiits favorables , un doute nous restait encore
cependant ; nou.s nous rappellions vaguement avoir vu à Flo-
rence la belle pièce d'Arsinoé.de l'an 2, et à Londres et ailleurs
d'autres pièces avec des dates également basses ; il nous semblait
que le caractère de physionomie avait une grande analogie avec
les pièces portant les dates des dernières années du règne de la
seconde Arsinoé, et en examinant de nouveau toutes ces pièces,
nous acquîmes la certitude que la majeure partie des monnaies
avec les dates élevées étaient frappées pour la même souve-
raine que celles portant les dates les plus basses. Cette simili-
tude de caractère de physionomie nous a replongé d'abord
dans le doute le plus complet. Tout paraît donc être mystère ,
nous disions-nous, dans cette partie de la numismatique; l'état
de conservation des pièces, qui souvent est une induction :lans
l'examen des trouvailles, n'était même d'aucun secours pour
éclaircir les obscurités. On verra dans les notes placées après
les n. 200 et 203 , notre appréciation sur ces dates extraordi-
naire du règne de la seconde Arsinoé.
Comme on le voit, nous étions bien las de conjecturer sur les
moyens à mettre en œuvre pour chercher à sortir de cette es-
pèce de chaos. Il nous était de toute impossibilité de conclure à
quoi que ce soit au sujet de ces pièces si curieuses au double
point de vue de l'art et de l'histoire.
Nous ne pouvions recourir aux lumières du savant qui s'est
acquis une si haute réputation de tact archéologique et de pro-
fonde érudition, que son autorité est admise à peu près exclusi-
vement à l'étranger comme en France; nous aurions craint que
ARSINOÉ 1 4:3
notre appel importun fi son inépuisable obligoance ne contribuât
à prolonger un état de maladie qui éloigne momentanément
notre maître du Louvre et de ses travaux académiques. JN'ous
eûmes alors l'idée de nous adresser aux deux savants qui, en
Hollande et en Angleterre, se sont occupés spécialement de la
numismatique égyptienne, MM. P. Six, d'Amsterdam, et R. S.
Poole. M. Six nous a adressé avec un courtois empressement
une lettre remarquable et détaillée ; M. Poole, de son côté, nous
communiqua avec non moins de désintéressement ce qu'il savait,
et cela sans la moindre restriction. Nous sommes heureux de
pouvoir saisir ici l'occasion de témoigner à ces deux numis--
matistes l'expression de notre vive reconnaissance; on voit,
en effet très-rarement les savants décidés à communiquer
avec une telle générosité le fruit de leurs précieuses décou-
vertes.
Nous sommes à. même de reconnaître que, de nos jours, les
travaux numisanatiques surtout peuvent être étudiés par tous
avec une facilité extraordinaire. Nous constations ci-dessus que
MM. Six et Poole avaient montré envers nous un désintéresse-
ment digne de tous éloges; nous avons également trouvé en
France, chez tous nos savants, une complaisance des plus com-
plète, chacun d'eux s'est empressé de nous dire ce qu'il savait
sur le sujet qui nous occupait; plusieurs d'entre eux, ont même
poussé l'obligeance jusqu'à nous faire des traductions de papy-
rus, des copies des passages des auteurs, la liste complète des
Préfets d'Afrique, etc., etc., et nous sommes enchanté de leur en
témoigner ici toute notre gratitude.
Saisissons aussi l'occasion de remercier M. ChabouiUct, direc-
teur du cabinet des médailles, qui a rivalisé de courtoisie avec
son collègue de Londres, M. W. Vaux, en mettant toute la série
égyptienne à notre disposition. Rien ne nous a été refusé, ni le
temps nécessaire pour l'étude, ni la liberté de prendre toutes
les empreintes utiles à notre travail. Donc, si nos appréciations
sont erronées, sur nous seul doit en retomber toute la respon-
sabilité; nous avons été traité non-seulement avec égard, mais
encore en enfant gâté, par les directeurs et tous les employés
des deux premiers cabinets numismatiques d'Europe. Disons-le
encore, c'est pour nous un devoir et un plaisir do publier ici
44 ARSINOÉ I
combien les communications nous ont été aciles de la part de
savants, des administrations et des employés des musées.
Nous avons aussi eu l'heureuse chance de pouvoir connaître
un intéressant article publié par le trùs-regretté duc de Luynes,
sur l'histoire et les monuments des deux femmes de Philadel-
phe (1). Ici, l'éminent antiquaire aura sans doute, comme tiint
d'autres numismatistes, 'trouvé la question des plus ardues.
Aussi n'a-t-il rien décidé sur les époques d'émission de ces ma-
gnifiques pièces, ni'sur leur attribution à l'une ou à l'autre de
ces deux princesses.
Pour résumer la question, disons que, d'après les documents
qui nous ont été si gracieusement transmis et après une nou-
velle étude aussi approfondie que cela était en notre pouvoir,
nous avons acquis la conviction que, contrairement à l'opinion
de Cousinèry (2), qui pensait que Philadelphe n'avait jamais
autorisé d'émissions de monnaies au nom d'Arsinoé, il parait
démontré qu'il a dû en ordonner la fabrication, et même qu'il a
dû en faire frapper une très-grande quantité. Il existe, comme
on peut s'en convaincre, des pièces datées des années 28, 30, .'U,
33, 34, 37 et 88. Or, Evergète qui, selon Cousinérj, aurait été
le premier à émettre des monnaies au nom de sa belle-mère, ce
souverain n'ayant régné que 26 ans, ne peut revendiquer le^
pièces mentionnées ci-dessus, tandis que, au contraire, Phila-
delphe a dû les faire frapper toutes. Les pai'tisans des ère-
imaginaires pourraient invoquer ici un point de départ à l'èic
de telle ou telle ville, mais il serait bizarre que ces dates no
dépassent jamais celles de la fin du règne de Philadelphe ; nous
constatons en eff'et que la pièce portant la date la plus élevée,
celle de l'an 38, a été frappée l'année même de la mort de ce
grand roi. Or, répétons-le encore ici, Evergète I"', ni son fils
Philopator, n'ont pu faire exécuter ces monnaies, ces deux sou-
verains n'ayant pas régné le temps nécessaire pour atteindre
la limite des dates élevées inscrites sur ces pièces.
(1) Atinales de l'Institut archéologique^ année, 1841, pages 21)6 et
suivantes.
\2) Lettre IV, page 140.
ARSINOÉ II 45
Qu'on ne croie pas cependant que ik.u= a^ons l'intention de
combattre sur tous les points les opinions admises aujourd'hui,
et que nous tentions de faire cesser le monnoyage de ces belles
pièces à la mort de Philadelphe ; nous admettons au contraire
que cette fabrication dut so prolonger, et cela jusqu'à une épo-
que assez avancée, témoin les notes placées après les n. 201 et
203. Il paraît en effet démontré, d'après l'étude des monuments
en nature, que ces monnaies, comme celles au type de Soter,
durent, grâce sans doute :\ leur bon aloi et aussi à leur belle fa-
brication, être recherchées des peuples voisins et des négociants
étrangers, etc. Delà sans doute leur émission prolongée pen-
dant plus d'un siècle.
ARSINOE II (seconde femme de Philadelphe).
Comme on a pu le voir dans 1,1 précédente notice, cett? princesse
était fille lie Ptoléméf Soter et snpur de Phihidelplie. File épousa
d'îborJ Lysimaque, loi de Thrace, qui. à cette époque, était déy\ fort
avancé en Age. Elle en eut cependant deux fds. \ la mort du vieux
roi, elle épousa Ptoléméc Céraunus, qui débuta par le meurtre des
deux eufants d'.\rsinoé et qui l'exila ensuite dans l'ile de Saniothr,ace;
cette princesse s'en échappa pour se réfugier près de son frère, qu'elle
épousa, quoiqu'elle fut son ainée, en lui faisant chasser sa première
femme. Elle sut inspirer une telle passion ;\ sou frère, que ce dernier
lui fit élever des temples et des statues splendides. et cela de son
vivant. Elle mourut l'an 249 (avant J.-C), la SG"" année du règne de
son mari .
ISI. — Tète voilée, cornue et diadéraée de la reine, avec un
sceptre comme sur la précédente pièce; derrière la tète, o.
If — APiiNOiis .n.vAAE.v.por. Double corne d'abondance
ceinte d'un diadème. AV ^
Les traits de la physionomie de la reine représentée sur cette
pièce, ainsi que sur les 10 suivantes, ont un type parfaitement
égyptien ; la figure y est toujours large, les joues pleines et
l'œil assez ressorti.
4r. vnsiNoÉ II
Le poicls.des piùcos d'or est parfaitement uniforme, toujours
27 g-rammes 7 décigrammes, rarement 27 grammes.
185. — Même médaille; i derrière la tête. • AV '
Mionnet. suppl. IX, u. 54. Ch. Lenormant, Glyptique, -pi. 85, n. 5.
180. — Même pièce; k derrière la tète. Gravée, pi. III AV '
Mionnet, suppl. IX, n. 55, et Ch. Lenormant, Gli/ptique, pi. 84,
n. II.
187. — Même type; A derrière la tête. AV
Mionnet, VI, n. 125, et Ch. Lenormant, Gli/ptique, pi. 84, n. IL
Les le ttres placées derrière' les têtes de ces quatre médailles ont
été souvent prises pour les dates des années du règne de la reine
ou de celles de son mari ; il semble maintenant démontré que
ces lettres doivent être tout simplement considérées comme
des marques d'ateliers, peut-être de la ville d'Alexandrie. Les
numéros 188 à 192 ont tous des doubles lettres derrière les
têtes; or ces doubles lettres, comme les simples, se suivent dans
l'ordre de l'alphabet, on ne peut donc prétendre y découvrir ni
dates ni nom.s de villes.
188. — Même tête ; derrière aa.
i'^. — Même légende et même type. AR '"
189. — Même type, avec nu (très-belle médaille , d'un travail
d'art remarquable). Gravée, pi. III AR "'
Mionnet, VI, n. 129, et M. Lenormant, Gli/ptique, pi. 84, n. 10.
100. — Même type, avec x\ derrière la tête. AR "'
191. — Même pièce, avec nn id. AR '"
192. — Même médaille, avec A\'? id. AR '"
IMionnet, suppl. IX, n. 5f).
192 bis. — Même médaille, avec <i"i>? AR '"
Ces beaux décadrachmes varient peu dans leurs poids ; nous
n'avons constaté que 1 gramme d'écart ; ils pèsent de 34 gr. à
35 gr. 2 décigr., selon l'état de conservation des pièces.
193. — Même tète ; derrière a.
n). — APiiNOiii: •HAAAEA'i'Or. Aigle sur un foudre , ^
gauche. AR '
ARSINOÉ II 47
194. — Même pièce, lettre E derrière la tète , et aussi la lettre x
entre les jambes de l'aigle (Même poids) Gravée, pi. III. AR ^
Ces deux rarissimes piècps pèsent seulement 13 grammes 6
décigr., mais elles oni un peu perdu de leur poids au nettojage.
Monnaies avec noms de Villes et portant
des dates du règne de Philadelphe.
195. — Même tète.
^. — APriNOHS <i>iAAiEAa>or, double corne d'abondance
avec le diadème; à gauche, lia (an 14) ; adroite, ki. Frappée
à Citium? de Chypre. Gravée, pi. XI. AV '
Cette pièce, d'un style admirable, a été, comme tant d'autres,
acquise depuis la gravure des planches ; sans cela elle y eût
figuré en première ligne. Elle doit être une des premières monnaies
frappées par ordre de Philadelphe. Le graveur a su donner î»
la tète un grand caractère. C'est, avec le n. 189, l'une des plus
belles pièces de la série. Elle parait complètement inédite.
19G. — Même type, la tète moins belle et d'un autre style.
I^. Le même; àgauche des cornes d'abondance, LKh (an 28),
à droite , ki. Frappée dans la même localité ; pièce égale-
ment inédite. ' AV '
197. — Même tète (slyle du n. 184 et suiv.)
B). — Le même; à gauche des cornes d'abondance laa (an
31); à droite, ha et une colombe placée sur le diadème (pièce
encore très-rare). Variété inédite, frappée ;\ Paplios de Chj--
pre. AV «
Plusieurs auteurs ont fait l'observation que la lettre ini-
tiale L, abréviation du mot aTKACAS n'était pas le Agrée;
que, par conséquent, le monnayage de ces pièces avait dii
être fait à une très-basse époque. Nous ferons remarquer avec
M. Poole (1) que cette manière d'écrire la première lettre du
(1) Num. chron., 1S64. page 235.
48 ARSINOÉ II
mot AVFtABAlSTOS est chypriote ; que les pièces portant cette
lettre ont au début été émises par les ateliers de cette île ; mais
que les Egyptiens adoptèrent aussi cette lettre , témoin toutes
les pièces à partir de Ftolemée VI, qui sont en effet ainsi datées.
Monnaies d'Arsinoo II, frappées par Evergètel'
198. — Même tète.
^. — Le type précédent ; à gauche des cornes d'abondance,
la lettre B (an 2 ?); à droite, ^.^ monogr. n. 25. (Frappée à
Tyr.) Gravée, pi. III. AV •
199. — Même type, A (an. 4?) à gauche des cornes d'abondance;
à droite, sa . Mil, ce dernier mot en monogr. n. 49. AV "
On pourrait donner cette dernière pièce à l'atelier de Sala-
mine, mais le travail est complètement égyptien ; tout même
ici concorde à faire adopter le classement à ce pays; les mono-
grammes d'agoranomes ne se voient jamais sur les pièces des
ateliers chypriotes, tandis que sur celles d'Egypte il est rare
qu'il ne s'en rencontre pas un ou deux. Le nôme Saïte a
d'autant plus de droits de revendiquer une bonne part des mon-
naies avec -A. Cette ville avait une importance telle que c'était
dans ses murs que les Ptolémée avaient Rxé leur résidence pour
la Basse-Egypte.
200. — Même type, la tête de la reine plus vieille.
i^. — Le même; à gauche des cornes d'abondance, ri; adroite,
L0 (an 9). Frappée à Panopolis? AV '
Ces trois très-rares monnaies ont été très-certainement
frappées par le fils adoptif d'Arsinoé ; les dates, les noms de
villes qui figurent sur ces pièces y sont placées identiquement
de la même manière que sur les monnaies du fils de Philadel-
pbe; on doit avec raison se demander pourquoi ce prince, en
faisant frapper ces belles monnnaies commémoratives, k'a pas
plutôt représenté les traits de sa mère que ceux de la reine qui
avait causé son bannissement. La conduite de la première Ar-
ARSINOK II 49
sinoé ayant été une cause de blâme de la part du peuple égyp-
tien, cela à tort ou à raison, la sœur de Philadelphe était parfai-
tenaent capable d'insinuer à son mari et à ceux qui l'entouraient
les choses les plus monstrueuses sur le compte de sa rivale, et
cette adroite princesse dut aussi maintenir son fils adoptifdans
ties dispositions hostiles contre sa mère. Souvent n"a-t-on pas
constaté chez de jeunes enfants plus de respect et d'affection
pour leurs parents adoptifs que pour leur père et leurs mère
naturels? Il nous paraît hors de doute que le jeune E vergeté
ait représenté sur les monnaies qui nous occupent les traits de
la seconde Arsinoé et non ceux de la première. Les tètes sont en
tout point semblables à celles qui portent les dates certaines
des années du règne de Philadelphe, n. 196 et 197. Ce souve-
rain a encore consacré ce fait par l'émission des belles médailles
aux quatre têtes, n. 204 à 208. Les titres de dieux adelphes
donnés à son père et à sa femme ne laissent nulle matière à con-
testation sur ce sujet ; on pourrait cependant argumenter sur
ces titres donnés à Soter et à Bérénice, qui n'étaient nullement
parents, contre l'habitude suivie chez les souverains de cette
contrée.
Nous croyons aussi que bon nombre de pièces décrites sous
les n. 184 à 194 ont dû être également émises par les ordres
du troisième Ptolémée.
Le poids de ces monnaies d'or est en tout point semblable à
celui des n. 183 à 187, 195 à 197, 201 et '202. Toujours "27 gr.
5 décigr. à 27 gram. 9 décigr., selon l'état de conservation des
pièces.
Monnaies d'Arsinoé II,
frappées par les successeurs d'Evergète I"'.
201. — Même tête, d'un style un peu différent.
^. — Même type ; à gauche des cornes d'abondance, nTO en
V
monogr. n. 50; ù droite ^. Frappée à Ptolémais? AV'
50 SOTER ET SA FAMILLE
202. — Même tête, de fabrique égyptienne et barbare ; (l'expres-
sion de la physionomie dure et grimaçante, l'œil très-gros);
derrière la tète, la lettre k.
i^. — Le même, sans lettres ni symboles. , aV
Mionnet, VI, n. 12G. Ch. Lenormant, Ghjptiqxie , pi. 84, n. G,
et R. St Poole, A^u»!. chron. 1865, pi. X, n. 8.
203. — Même médaille, V,des précédentes; poids, 13 gr. 88 cent.
Gravée, pi. II. A.V ^
Cette très-rare pièce, la sf'ule varii^ti^ connue de ce module , a été
publi<?e par Mionnet, VI, n. 126, et Ch. Lenorm.ant, Glyptique,
pi. 84, n. 7.
Si l'opinion émise dans la précédente note ne peut être ad-
mise, ces trois dernitjres monnaies deviennent de nouveau une
énigme; selon nous, elles paraissent donner complètement rai-
son à MM. Six, etc., qui pensent que des monnaies au nom
d'Arsinoé Philadephe ont 'dû être frappées postérieurement au
même type, et cela sous plusieurs souverains de cette dynastie.
11 n'y aurait en effet rien d'étonnant que le n. 201 ait été fabri-
qué sous Philopator, pendant que son ministre Sosibius plaçait
ses initiales sur les monnaies royales, et les deux numéros sui-
vants, du temps de la fameuse CléopiUre III , qui gouverna
l'Egypte sous les noms de ses deux fils, Soter II et Alexandre V:
la fabrique de ces deux monnaies paraît réellement contempo-
raine des pièces portant les n. 364 et 365.
SOTER, BERENICE I™, PHILADELPHE,
et ARSINOÉ II.
204. — 0E1XN. Bustes diadèmes de Soter et de Bérénice Y", à
droite.
^. — AAEA<t>QN. Bustes diadèmes de Philadelphe et d'Arsi-
noé II, également à droite; derrière, un bouclier ovale. AV
Mionnet, VI, n. 144. Ch. Lenormant, Glyptique, pi. 83, n. 4,
et R. S. Poole, Num. chron. 1865, pi. X, n. 4.
SOTER ET SA FAMILLE 51
205. — Mêmes légendes et mêmes têtes; derrière, un fer de lance.
i^. — Mêmes légendes et mêmes têtes; un foudre sert de
diadème à celle de Pbiladelphe; derrière, ar en monogr.
n. 28. Gravée, pi. II. AV '
Mionnet, VI, n. 140, etCh. Lenormant, G^/^f!'çî«?, pi. 83, n. 5.
Ces deux monnaies sont d'un poids identique, 27 grammes 5
décigr. et les suivantes ont également la moitié de ce poids, 13
gram. 5 déc. à 13 gram. 7 décigr. Le n. 2Q>â pu' être frappé à
Aradus, mais plus vraisemblablement dans le nôme Arsinoîte.
20G. — Type de la médaille n. 20 1. AV < '/,
Mionnet VI- n. 148 etCb. Lenorraant, Glyptique. \û. 83, n. 5.
207. — Même type ; lettre K derrière les tètes de Philadelplie et
d'Arsinoé. Gravée, pi. II. AV * '/.,
Mionnet, VI, n. 147, et Ch. Lenormant, Glyptique, pi. 83. n. 7.
208. — Même médaille; lettre n devant les mêmes têtes. AV-* '/j
Les lettres K et II semblent déjà indiquer ici le point de
départ des abréviations Kl et riA des prétendus ateliers chy-
priotes. Le travail des monnaies ci-dessus est cependant par-
foitement égyptien. Nous croyons que la pièce n. 205 a dû être
aussi frappée en Egypte, dans le nôme Arsinoîte, plut<3t qu'a
Aradus, le monnayage de ces grosses pièces n'ayant nulle raison
d'être dans la Phénicie, tandis que, au contraire, leur cours
était très-régulier dans tous les nôraes d'Egypte.
Tous les numismatistes connaissent cette belle série de mon-
naies frappées par Evergète I"' aux effigies des membres de sa
famille. Ce souverain n'avait pas craint de mettre ainsi tousses
ancêtres au rang des Dieux. Ces titres, inscrits sur les monu-
ments, faisaient d'Evergète le fils de ces mêmes divinités dont
il prétendait lui-même posséder le souffle divin; comme on peut
aussi le constater par les monnaies d'argent, il dut prendre
constamment le titre de Soter.
52 PTOLBMÉE III — KVERGKTE l'"'
PTOLÉMÉE III — EVERGÈTE I"
(Re^'ne 26 ans, du 24 oclohre 247 au 18 oi-lobre 222, avant J.-C.
Ce digne fils ot successeur de Philailclphe était âgé de 36 ans lors-
qu'il monta sur le trône. Sou règne fut aussi des plus glorieux pour
l'Egjpte. Ileutà soutenir plusieurs guerres, où, il faut le reconnaître.
il fut constamment vainqueur, et gi'àce à cela peut-être, les arts, les
sciences et les lettres coutinuôreat à fleurir dans ses Etats. Ce prince
laissa en muurant la cour d'Alexa idrie dans une grande splendeur.
208 bis. — Buste radié du jeune roi avec l'égide , un trident sur
l'épaule.
1^. — riTOAEMAlor basiaeq:;. Double corne d'abondance
radiée; au bas, ai. (Frappée à Diospolis?) AV '
Mionnet, VI, n. 212, et supplément, IX, n. 81. Cli. Lenormant,
Glyptique, pi 86, n. 7, a Ptolémée Vlll.
iOiK — Même pièce, d'un style différent; au bas des cornes d'a-
bondance, à droite, z (an 7?), et à gauche, n.\ en inonogr.
n. 11. Frappée à Panopolis? Gravée, pi. III. AV "
Ces deux superbes pièces, dont la seconde parait inédite, sont
d'une grande identité de poids avec les monnaies d'Arsinoé II.
(27gram. 6 décigrammes).
210. — Tète diadéraée de Soter â droite, avec l'égide.
i^. — nxo.vE.MAior siîthpos. Aigle sur un foudre à gau-
che; devant, une corne d'abondance. Gravée, pi. III. AR*
Mionnet, VI, n. 47, Ch. Lenoimant, Qlyptique, pi. 81, n. 11.
F. Lenormant, LagideS, page 34 et pi. IV, n. 2.
Cette rare et très-belle pièce, d'un travail d'art remarquable,
quoique annonçant déjà une décadence, a dû être frappée à
Alexandrie. Son poids est trés-élevé ; comme les quatre pièces
suivantes, il dépasse un peu 14 grammes, et l'argent en est éga-
lement d'une grande pureté.
211. — Même tète, d'un même grand style; derrière, r.
i^. — Même légende. Aigle au repos à gauche, la lettre X
entre les jambes. AR '
p: 17
A Maî= 3n s :
iKip Lemercie:
■ e- C F^.
EVERGETE l-_^, BERENICE II PTOLEMEE PHÎLOPATOR
PTOLÉMÉE III — EVBRGÈTE I 53
212. — Même type ; A derrière la tète. AR ^
On pourrait admettre que les lettres r et <i placées derrière
les têtes indiqueraient les années 3' et 4" du règne,
213. — Même tête ; sans lettre derrière.
i^. — Le même, AI devant l'aigle. (Frappée à Diospolis?) AR '
214. — Même type; devant l'aigle ~^^ derrière l'aigle ^^^ (an
3?) HA en monogr. n. 51. (Frappée à Sidon). AR ~
R. S. Poole. A'im. chron. 1864, pi. VI. n. 5.
On pourrait revendiquer quelques-unes de ces cinq belles mé-
dailles pour le règne précédent; mais, d'après les caractères des
têtes, et la fabrique des pièces, nous croyons être dans le vrai en
les attribuant au troisième Ptolémce.
215. — Tête diadémée de Soter, avec l'égide.
R(. — nTOAEMAiov BAïlAEOs. Aigle au repos, à gauche;
deviint, TYP, monogr. n. 25, placé au-dessus de la massue de
Tyr, devant la lettre k. AR "
C'est la seule pièce ne portant pas le nom de Sotor que nous
ayons vue avec ce caractère de tète, et que nous croyons de-
voir attribuer à Evergète 1 '. La lettre K étant justement la
même que sur notre n. 154, il sei'ait vraisemblable d'admettre
qu'elle mentionne tout simplement une marque monétaire do'
l'atelier de Tyr et non une date. Le poids de cette pièce c.-l
de 13 grammes 8 décigrammes.
210. — Buste jeune et lauré du roi, avec la cuirasse et l'égide,
(comme sur les pièces d'or).
i^. — iiTOAEM.uor lîAiiAEOî. Aigle sur un foudre à gau-
che ; devant, une corne d'abondance. zE "^
217. — Même; pièce. M '^
Mionnet, VI, u. 252 et Ch. Lenormant, Gli/ptique, pi. 86, n, 11,
à Ptoli^mée Aulète.
218. — Même pièce, d'un style différent. JE •*
219. — Même médaille ; la corne d'abondance derrière l'aigle.
Gravée, pi. IV. JE * '/^
54 PTOLÉMÉE m — EVERGÈTE 1
Mioiinet, VI, n. 254.
220. — Même médaille, d'un moins beau travail. AE * '/-
Ces trois monnaies, d'un grand style, avaient été classées,
jusqu'à ces derniers temps, à Ptolémée Aulète, et à Ptolémée
Dionysus par Letronne (1). Comme nous l'avons indiqué,
dans notre introduction, page XVII, ce dernier savant aurait
pu, il nous semble, s'inpirant des idées modernes, tenir compte
du travail d'art; il se fût sans peine convaincu que ces médailles
ne pouvaient être séparées des magnifiques quadruples statères
d'or d'Évergète I", n. 208 bis et 200, lesquelles pièces avaient
aussi été classées précédemment aux derniers Ptolémées. L'é-
minent académicien, pour appuyer ses attribtions, nous dit :
« que l'extrême jeutiesse du jn-ince représenté sur les mé-
» dailles convient par faiteyyient au frère de la célèbre Cléo-
» j)ntre ». M. Letronne trouve aussi, page 176, un moyen des
plus ingénieux pour expliquer les accessoires qui sont sur le
buste. La couronne de laurier rappellerait la victoire de Ptolé-
raée sur sa sœur, et la cuirasse dont il est revêtu, la vie toute
guerrière qu'il mena pendant un règne si court et si agité.
Ce jeune roi avait à peine 17 ans, lorsqu'il fut tué par l'ar-
mée de César ; le portrait représenté sur les monnaies citées
est d'un âge plus viril et peut parfaitement convenir à Ever-
gète 1", au commencement de son régne.
BÉRÉNICE II, femme d'Evergète I".
Ainsi que nous l'avons mentionné dans la notice sur la première
Arsinoé, Bérénice II était fille de Philadelpha et de sa première
femme. Elle suivit sa mère en exil et fut adoptée par Magas, second
époux d'Arsinoé, ce qui expHque Terreur de Justin et de F'olybe, qui
disent qu'elle était fille de Magas. Elle était à peine mariée avec son
frère Evergète, que ce dernier fut forcé d'aller combattre ea^Assjrie.
La reine fit alors le vœu de couper sa belle chevelure et de l'oflrir
à Vénus si son mari revenait victorieux. Il le fut eu effet, et à son
retour, elle accomplit sa promesse et déposa ses cheveux dans le
(1) Revue Numinnatiijue, année 1S43, jiaye 174 et
BERÉMRE II 55
temple de Vénus Arsinoi^ Zéphyritis. Cet acte religieux suffit pour
donner une grande célébrité à cptte princesse et procurer plus tard
occasion à Callimaque d'écrire un charmant petit poëme dont Catulle
a donné une traduction latine. Cette princesse mourut assassinée
par ordre de son fils Philopator, Tan 216 avant J.-C.
221. — Tète voilée de la reine à droite.
R(. — BEPEMKHi M^iAisïHS , come d'abondance entourée
d'un diadème; dans le champ, à gauche, \.\, en mono-
gramme, pi. XII, n. 52 (frappée à Damas'?) AV '
222. — Même médaille sans monogramme; dans le champ, une
abeille, (Frappée à Ephèse?) Gravée, pi. IV (1). AV *
Mionnet, Sup. IX n" 62.
223. — Même médaille, sans lettres ni symboles. AV **
Mionnet, VI, n" 151 Ch. Lenormant, Glyptique, pi. 85, n" 6.
Ces trois pièces d'un grande rareté sont conformes à celles
d'Arsinoé comme module et pèsent également 27 gr. 6 et 7 déc.
224. — Même type; deux étoiles accostent la corne d'abondance ;
poids 2 grammes, 1 décigr. Gravée, pi. IV. AV ^
Mionnet, VI, n. 154, Ch. Lenormant, Glyptique, pi. 85, n. 10.
225. — Même type, dans le champ, les bonnets des Dioscures
(poids 18 grammes 2 décigr.) Gravée, pi. IV. AR '
226. — Même type, sans lettres ni symboles, (poids 14 gram.)
Gravée, pi. IV. AR «
Les pièces n. 224 et 225 ont ét*5 sans nul doute frappées dans
la même ville que le n. 252, à Salamine de Chypre. Les deux
pièces d'argent sont de première rareté; le n. 225 paraît avoir
perdu un peu de son poids au nettoyage ; la pièce devait peser
21 grammes environ, poids équivalent à celui' de six drach-
mes.
( 1 j On connaît des monnaies de la mère d'Evergète, frappées à Ephèse,
Poole, Num. chron., 1865, page 135, et planche X, nos 1 et 2.
56 BÉRÉNICE 11 ET PTOLÉMKE III
BERENICE II et PTOLEMEE III,
EVERGÈTE I '.
227. — BASiAissHi: BEPEiNiKHs ; tête de la reine à droite, le chignon
formant une grosse touffe.
Bi. — nTOAEMAior BAiiAEQï, Aigle sur un foudre à gau-
che; devant et, et une petitefleur. Gravée, pi. IV-M^'/.,.
Mionnet, VI, n. 219 et Ch. Lenormaut, Glyptique, pi. 87, lettre
E, classée à Séléne'.
Cette monnaie, ainsi que les trois suivantes, nous parais-
sent encore être des pièces les plus intéressantes de la série
égyptienne. La première semble mentionner le surnom du roi
en abrégé. Il est présumable que le roi Evergète, à son retour
de la guerre, voulut prouver à sa femme et à son peuple qu'il
tenait compte de l'énorme sacrifice que la reine avait accompli
en sa faveur. Il fit alors frapper les rares monnaies que nous
venons de décrire et celle-ci après ; enfin, pour exagérer sa re-
connaissance, il ajouta le nom de sa femme au sien sur les mon-
naies d'airain, plus nombreuses et plus répandues que celles en
métal précieux. On serait en droit d'objecter que l'abrévia-
tion EV pourrait aussi indiquer tout simplement le nom de la
ville d'Evespéris, enCjrénaïque; mais cette pièce ne ressemble
en rien comme fabrique à celles attribuées à Magas, frappées
en Cyrénaïque (1), à l'époque môme où fût émise cette monnaie
au noms de Bérénice et Ptolemée.
228. — BAïiAissHi BEPENIKHS. Même tête.
Bj. nTOAEMAiOï BASiAEns. Aigle .sur un foudre à gau-
che ; ^ ■'
Miounet, VI, n. 218, à Sëléné, et Ch. Leuormant, Glyptique,
pi. 83, n. 13.
(11 Muller, Numismatique de l'ancienne Afrique, tome I, page 141 .
Mionnet, VI, n. 197 et sup. IX, n. 52 à 57.
BÉRÉMCK II ET PTOLEMÉE III EVERGÈTE I 57
■229. — Même tète; sans traces de légende.
b|. — hAiiA , même aigle. ^s
230. - BEPENiKHS BASiAissHS. Même tète diademée, d'un âge plus
avancé.
i^. — nroAEMAiov BASiAi-oi. Come d'abondance entourée
d'un diadème; à gauche, une massue; à droite, un petit
aigle en contremarque. Gravée, pi. IV. ^e s
Mionnet, VI, n. 220, également à Séléné , et Ch. Lenormant.
Glyptique, pi. 87: lettre F.
Sur ces quatre médailles, trois ont été attribuées à Cléopàtro
Séléné, femme de Soter II, Lathjre; cette attribution des
plus erronées a, comme nous l'avons mentionné dans notre in-
troduction, page XVI, maintenu les numismatistes dans une
incertitude des plus grandes sur le travail d'art des monnaies
lagides; l'inscription ÏIIAIIMIS,- qui figure sur la médaille du
Cabinet de France est entièrement refaite au burin, et cette
supercherie, constatée par nous, semble être une preuve de
l'exactitude du classement par dates que nous proposons d'après
le travail artistique des monnaies. Si cette pièce n'eiH pas fait
tache dans le casier où elle figurait au Cabinet impérial, nous
n'eussions très-probablement jamais découvert que sa légende
était fausse, tant ce travail a été fait avec soin.
PTOLEMÉE IV PHILOPATOR
(règne 17 ans, du 18 octobre 222 au 13 octoirre 205.)
* Philopator, fils d'Evergète etde Bérénice, succéda à son père. Il
lut un des princes les plus di^bauchi^s de l'Egypte ; aussi lâche que
cruel, il sacrifia son frère Wagas et sa mère Bérénice. Son ministre
Sosibius, dont il subissait toute l'influence, l'entraîna dans les vices
les plus bas. Il fit aussi périr sa femme Arsinoé III. 11 eut à soutenir
contre Antiochus, le Grand, une guerre des plus sanglantes. Ses excès
durent contribuer puissamment à développer la maladie qui l'enleva
à la fleur de l'âge.
231. — Buste diadème et drapé du roi à droite avec des favoris
sur la joue.
6
58
PTOLF.MEt IV PllILOPATOR
B,. — iiTO/VEMAior *iAonATOPO£. Aigle au repos sur un
foufireà droite; devant, okm monogr., pi. XII, n. 53. (Poids
27 gr. 7 décig.) Gravée, pi. IV. AB'
Mioiinet, \I, n. 163, et Ch. Leiiormant, Glyptique, pi. 85, n. 14.
232. — Même buste, sous les traits deBacchus jeune, avec une
couronne de lierre, un thjTse sur l'épaule gauche.
^. — iiTOAEMAior BASiAEQj;. Aigle époyé sur un foudre à
gauche. (Poids 7 gr.) Gravée, pi. VI. AR*
Mioniiet, VI, n. 256, àPtoléméeXII, etCb. Lenormant, Glyptique,
pi. 86, n. 14.
233. — Même pièce d'une moins belle fabrique, poids 6 grammes
8 décig. Ar'"'/'
Ces deux médailles ont été de tout temps classées à Ptolémée,
le frère aîné de Cléopâtre VII, très-vraisemblablement à caiise des ■
atlributs bachiques qui ornent le buste de ce jeune prince; il nous
paraît de toute impossibilité de maintenir ce classement. Le
travail d'art est ici encore d'une grande élégance; le métal en
est aussi extrêmement pur, fait complètement inconnu sous
Ptolémée Aulête; nous croyons que la seule inspection des deux
pièces figurées sur la planche IV, n. 231 et 232, suffira pour
établir notre opinion. Les caractères des tètes, la barbe légère
en formede favoris qui couvre les tempes et les joues du jeune
tyran, tout nous semble réuni pour donner une entière convic-
tion.
D'un autre côté, l'histoire elle-même vient également ;1 notre
aide. Elle mentionne en effet que ce prince était très-porté à la
débauche, et que, couronné de' lierre, il célébrait les orgies
des mystères de Cybèle. Clément d'Alexandrie dit que le qua-
trième Ptolémée s'appelait aussi Dionysos (1). Letronne, dans ,
l'article déjà cité à Ptolémée III, consacre plusieurs pages
aux médailles ci-dessus (2); malgré le passage de Clément
d'Alexandrie, il classe ces médailles à Ptolémée Aulète. Ce
savant, en rapprochant ces deux médailles des n. 216 à 220,
touchait à la vérité comme dates d'émission de ces pièces ; mais,
il) Clément d'Alexandrie, prot. IV, § 54.
\i) lievue >ium., 18-13, pa^'e 162 et suiv.
TTOLtMEK IV. PHILOl'ATOR. 59
par contre, quelle erreur ne commettait-il pas sur leur véri-
table époque ? Plus de 150 ans d'écart, c'était réellement une
fauta par trop grave.
Ce conservateur distingué du Cabinet des médailles avait
cependant comme guide un numismatiste de mérite, Cousinérj,
que nous avons souvent cité ; ce savant dit très-judicieusement,
- au sujet de ces pièces classées à l'avant-dernier Ptolémée :
(lettre iv page 146.) « Vaillant, et les autres antiquaires qui
» ont fait cette erreur, n"ont pas considéré que la beauté des
» coins annonce une éqoque où dans l'Egypte les arts ne s'é-
» taient pas beaucoup éloignés de la perfection. » Plus bas, il
dit encore, toujours en s'occupant des règnes de Ptolémée XIII
Aulête et de Ptolémée XÎ'V Lionysus? « Tout nous prouve
• que sous le règne de ces deux derniers princes, et même au-
t paravant, les bons artistes grecs fuyaient un pays affligé par
I des désordres continuels, et que les arts y avaient dégénéré
» d'une manière très- remarquable, etc. »
233 bis. — Tète diadémée de Soter, avec l'égide à droite.
Bj. — nTOAEMAiOY ziiTiiPos. Aigle sur un foudre, à gau-
che ; devant, oa (an 71); AR ''
R.St. Poole, Num.Chron., 18G4, pi. \\\, a 2, et les pièces sui-
vantes N. 5 et 6.
234. — Même type; avec la date oz (an 11). AR '
234 bis. — Même type; à l'exergue, lettre n à moitié rognée
(an 80 ?). Gravée, pi. IV. AR "
Il exist3 toute une série de monnaies, au système monétaire
des trois pièces précédentes et toutes avec des dates élevées;
elle commence en l'année 71 et finit en l'an 117. Nous n'avons
pu reconnaître que deux tètes difl'érentes, l'une avec les dates
71 à 90, l'autre avec les années 106 à 117. Nous avons pensé
que la première série, malgré son identité de type pouvait ce-
pendant être partagée entre Ptolémée IV, Philopator et son
fils Epiphane. On pourrait nous objecter que nous avons dit et
même répété qu'à chaque avènement des souverains d'Egypte
on paraissait avoir changé le type précédent en donnant au
portrait figuré sur la monnaie un peu du caractère de la phy-
sionomie du nouveau roi; il n'y aurait, il semble, rien d'im-
60 l'TliLÉMIil: 1\. l'IllI.Ul'ATOB,
vraisemblable à admettre ici une exception. Epiphane n'était
âgé que de cinq ans lorsqu'il hérita de la couronne d'Egypte ;
et ses régents qui avaient en main tout le pouvoir; ont pu
parfaitement maintenir sur la monnaie d'argent le caractère
de tête choisi pour le père du jeune roi.
Pour la série des années 106 à 117 les pièces sont également
d'une identité de type remarquable, nous avions d'abord rangé au
règne d'Epiphane celles des années 106 et 107, mais le caracr
têre des têtes ne concordait nullement avec les autres pièces de
ce souverain, nous les avons alors classées sans hésitation au
règne de Pliiloniétor auquel elles nous paraissent parfaitement
convenir, la pièce de l'année 106 semblerait confirmer ce que
nous avons dit pages 32 à 34 que l'ère relatée sur les pièces
avec ces dates élevées devait avoir pour point de départ l'é-
poque de la mort de Ptolémée Soter.
235. — Tète du même caractère et d'un style semblable .
ri;. iitoae:\iaiov b.vsiaeiîs. Même aigle ; devant, le (an 5) ;
derrière; ki. AR '
239. — Même médaille, avec LZ (an 7); derrière, Ki. AR "
Mionuet, VI, n. 100, à Ptolémëe Pliiladelplie.
Ces cinq médailles sont d'une identité de fabrique réellement
remarquable; les premières, avec le nom de Soter, ont dû être
frappées en Phénicie et _les doux autres à Citium, dans l'île de
Chypre. Ces pièces sont également d'une uniformité de poids
à signaler : 14 gr. 2 à 14 gr. 4 décigr.
Ptolémée IV, Philopator, et son ministre
Sosibius
Deux hommes ilii nom de Sosibius, le père et le tils, obtinrent les
plus grands houneura à la rour d'.Alexaudi'ie. Le premier vécut dans
un faste iuoui, pendant trois règnes. 11 fut le confident et le premier
ministre du cruel Philopator, dont il se montra le digne émule. Il
sut tellement capter la confiance de sou souverain, que ce dernier,
en mourant, le chargea de la tutelle de son fils. Il lui remit son an-
neau d"or, afin de le transmettre à ce fils, lorsque ce dernier aurait
atteint sa œ.ijonté.
Cet adroit courtisan, ou plutôt co monstre infâme, eut pour associe'
à la régence un autre scélérat nuramé Agatoclès, qui, à cause de ses
PTOLÉMKE IV PHILOPVTOR 61
vices et de ceux de sa s«ur, avait été également dans l'intimiti du
roi. Les premiers actes de l'autorité' de ces deux parsonnages, furent,
pour l'un de se gorger d'or, pendant que l'autre se livrait à tous les
d<?re'glemeûts imaginables, sacrifiant tout à ses passions, troublant le
repos et l'honneur des familles, violant même jusqu'à l'asile de la
chasteté et de l'innocence.
Le vieux Sosibius ne jouit pas longtemps de sa nouvelle fortune ; il
mourut peu de temps après son maître. Sou fils lui succéda dans les
honneurs de la régence. Ce dernier sembla vouloir racheter, par une
conduite honorable, les vices et les crimes de sou père. 11 participa
à l'expulsion de l'indigne Agathoclès et eut pour collègue Tl(^polème,
guerrier célèbre, mais ambitieux, auquel Sosibius fut contraint d'a-
bandonner toutes les charges de la régence.
237.— Tète de Jupiter Ammonà droite; derrière, kp en raonogr.
pi. XII, n. 33.
— ^. nxoAEMAior BAsiAECiS. Aigle sur un foudre, à gau-
che; devant, ^ ; derrière, lp (an 3). JE'
238. — Même type, avec la (an 4). JE''
Mionnet, suppl. IX, n. 83, à Ptolëmée VIII.
239. — Tète barbue d'Hercule à droite; derrière, K.
i^. — Le même avec Lr (an 3). Ai'-
210. — Même médaille, moitié moins épaisse. JE ''
C'est encore à M. Poole que nous devons cette intéressante
découverte. Nous avons mentionné l'immense influence que ce
ministre cruel avait eue sur son souverain. Il n'est donc pas in-
vraisemblable que le roi ait autorisé la mention de ce tout-puis-
sant ministre sur les monnaies de son régne. A une époque très-
rapprochée de celle-ci, nous voyons ce fait se renouveler en
Egypte et également en Syrie; les noms d'Eulaeus et de Try-
phon figurent en effet à côté des noms de leurs souverains, té-
moin les n. 270 à 273, pour Eulaeiis; et pour Tryphon, le fait
est constaté sur la plus grande partie des monnaies d'argent
d'Antiochus YI.
La belle pièce d'or d'Arsinoé, n. 201, pourrait aussi, comme
nous l'avons déjà démontré, avoir été émise sous ce ministre,
soit du temps de Philopator, soit pendant la régence. On pour-
fis ARSINOÉ III
rait peut-être aussi faire preuve de discernement en réunissant
ici toute la série de médailles incertaines, n. 527 ;\ 535, ces
monnaies étant de fabrique identique avec les quatre pièces
décrites ci-dessus.
Il existe aussi plusieurs beaux tétradrachmes avec la men-
tion du nom de Sosibius. Ils sont publiés par Mionnet (1),
Ch.Lenormant(2), F. Lenormant (3) et R. St.Pool6(4),et, une
chose remarquable qui doit affirmer cette attribution, c'est que
cette abréviation du nom de Sosibius figure justement sur une
des rarissimes monnaies portant le nom de *IA0I1AT0P01, celle
gravée, pi. YI, n.8, de l'ouvrage deM. F. Lenormant. Ce savant,
page 81, donne avec raison ce monogramme secondaire à un
agoranome plutôt qu'Aune ville alliée à celle de Tyr.
ARSINOÉ III (femme de Philopator).
Elle était fille de rtok'mée Evergète I"'' et de Bérénice II. Elle épou-
sa son frère Philopator. L'histoire ne cite de cette princesse que des
faits généraJeinent à sa louajige Elle sijivit son mari dans la guerre
qu'il eut à soutenir contre Antiochus, roi de Syrie, et sa présence ne
conti'ibua pas peu à la victoire de Raphia. Son indigne mari oublia
bientôt sa femme légitime pour Agathoclée. Il se laissa tellement sub-
juguer par_cette courtisane et pai' ses frères , qu'il leur laissa le
pouvoir de faire périr Arsinoé , laquelle fut en effet assassinée pur
l'hilamon, un des alfidés de ces êtres infâmes.
211. — Buste diadème de la reine à droite, avec un sceptre sur
l'épaule.
^. APïi>'Oin 4>i.\on.\Toroï. Corne d'abondance remplie de
' fruits et ceinte d'un diadème (Poids 27 gr. 7 décigr.).
Gravée, pi. V. AV ".
Mionnet. Yl, n. 166, et Ch. Lenormant, Gli/ptiqtie, p. 85, n. 17.
(1) Mionnet, VI, pai.'. 20, n" 105.
(2) Ch. Lenormant, Glyptique, \A. 85, n. 17.
(3) F. Lenormant, pi. VL n. 7 et 8, et p.age "■! note, jiage 81 et éjale-
mem la note de la même page, et encore pages 108 et 109.
(4) .YMni. cAron,, 1801, page 170, el pi. ;\II,u. 14 et 10. et 1860, page» j,
6. 13, 14.
-1
A Massor. se
Imp lezr.erc-.er c\ C'*' PaJ-.s
ARSINOE ni PTOLÉMEE EPIPHANE CLEOPATRE 1^.^ ET PHILOMETOR
PTOLEMÉE PHILOMETOR
l'TOI.KMKK V KPTPIUNE tX^
Cette admirable médaille, l'une des grandes raretés de la
série égyptienne, est d'un travail d'art remarquable et d'une
conservation irréprochable.
PTOLEMEE V EPIPHANE
(règne 24 ans, du 13 octobre 205 au 7 octobre 181 av. J.-C.)
Ce jeune prince était à peine âgé de cinq ans, lorsqu'il succéda à
son père. Il eut, comme nous l'avons drja relaté, pour tuteurs Aga-
thoclès et son collègue Sosibius ; ensuite Sosibius le jeune et Tlépo-
lème, et, en troisième lieu, Ai'istomène. Sa minorité' fut tourmentée
par des troubles intérieurs ; Antiochus, le grand, profita de ces dis-
sensions pour attaquer l'Egypte et lui enleva de belles et riches pro-
vinces. Une paix fut cependant conclue entre les deux souverains, al
Epiphane épousa Cléopàtre, fille du roi de Syrie. Ptolémée, au lieu
de consacrer les loisirs de la paix à rétablir l'ordre dans ses Etats,
porta au contraire le trouble dans toutes les provinces. Sa tyrannie et
sa cruauté lui firent faire de telles extravagances, qu'il vit éclater de
toutes parts des rébellions dont il n'apaisa les dangers qu'à force de
supplices. 11 fut lui-même victime de la vengeance de ses courtisans,
qui l'empoisonnèrent à l'dge de 29 ans.
212. — Buste diadème et drapé, du jeune roi, à droite.
jî,. iiTO.vEMAiov BAii.vKQS. Aigle SUT un foudre à gauche;
devant, A; entre les jambes de l'aigle, mi. (Frappée pro-
bablement à Damas?) AJR'
243. — Même médaille; M devant l'aigle ; ni entre les jambes.
(Frappée probablement à Marathus?) AR'
24 1. — Même médaille; s seulement devant l'aigle. (Frappée fi
Sidon ?) AR'
245. — Même type; devant l'aigle, r.\. PI. XII, n. 51. (Frappée
probablement à Gaza?) Gravée, pi. V. AR '
Cette médaille, d'un style irréprochable, est une des plus
belles pièces connues avec la tête du jeune roi.'
246. — Même médaille; la lettre *, à moitié effacés, placée égale-
ment devant l'aigle. AR "
/^A
l'Tii|.KMi:i: V KI'IPIIWK
'-1~- — -Mèmi.' médaille avec Aio\, toujours devant l'aigle ; le?
lettres ii et n en monogramme. AR "
Les monnaies de cette belle série avec la tète du jeune roi,
sont d'un poids identique, 14 gr. à 1-1 gr. 2 décigr., et la fa-
brique en est généralement des plus remarquables. Toutes
paraissent avoir été frappées en dehors de l'Egypte, probable-
ment en Phénicie.
:? IS. — Tète de Soter diadémée à droite.
û. nxo.vEMAior itiTiiPOi;. Aigle sur un foudre à gauche ;
devant, nr (an 83), poids 14 gr. 4 déc. AR '
K. St. Poole, Num. Cliron. 1864, pi. vu, ii. 9.
249. — Même médaille; avec la date nû (an 84), même poids. AR^
R. St. Poole, Nxn„. Chron., pi. VII, n. 10.
250. — Même médaille; le caractère de tète un peu différent avec
la date P placée devant l'aigle (.an. 00), poids 9 gramm.
5 décig. AR"
R. St. Poole, pi. ^'1I, n. 1':.
Cette pièce est incontestablement l'œuvre d'un faussaire du
temps. Le poids est loin de représenter la valeur de la monnaie;
cela explique également la différence de caractère dans la phy-
sionomie. La date 00, de l'abdication ou même de la mort de
Soter, ne peut convenir qu'à Ptolémée Y, qui régna jusqu'à
l'année 105 de celte ère.
251. — Même tète de Soter à droite, avec l'égide.
nTo
Rj. nxo.vEM.uov r.\siAF,a:i. Même aigle; devant, p^, le lia
en monogr.; derrière, ah. Frappée à Ptolémaïs. (Poids
14 gr. 2 decig.) AR"*
Si cette rare pièce portait le titre de siiTllPOS, nous n'hési-
terions pas à admettre que les lettres An représentent la date 81 ,
mais nous n'avons trouvé nulle part de tétradrachmes avec les
dates élevées de l'ère de Soter ne portant pas ce titre.
252. — Même tête.
jî.. _ iiTOAEMAior M:i:iAEiis. Même type; devant l'aigle,
\:i (an 7); derrière, les lettres ïa placées au-dessus d'une
coiffure en forme de toque; dans le champ, de chaque
côté de la tète de raigle, les bonnets des Dioscures.
Frappée à Salamine. Poids 14 gr. Gravée, pi. V. AR '
l'Tul.EMKr \' KPIPIIWr 6.1
Cette belle et curieuse monnaie, rappelant le culte des Dios-
cures, a donné lieu, jusqu'en ces derniers temps, à de nombreux
commentaires. Vaillant, comme nous l'avons déjà mentionné,
était doué d'une sagacité remarquable lorsqu'il s'ag-issait de
justifier des attributions ;\ l'aide de la plastique ; mais son sens
critique se fourvoyait souvent lorsqu'il tentait de classer les
pièces par villes, soit à l'aide des monogrammes, soit avec le
concours des lettres placées dans le champ des médailles. Aussi,
ce savant a-t-il fait encore ici complètement fausse route en
attribuant une des pièces au type de celle ci-dessus, à la ville
de Tripolis (1). Visconti et Mionnet ont également admis cette
ville comme lieu d'émission (2). Ils ont aussi rangé la monnaie
à Ptolémée III. M. F. Lenormant (3) s'étend trôs-Iongueraent
sur cette médaille, dont il maintient le classement au môme
souverain et également à la ville de Tripolis. C'était encore à
M. Poole qu'il était réservé de déterminer l'attribution de cette
belle et rare pièce. Il offre en effet (4) plusieurs variétés de
monnaies à ce type qu'il classe à Ptolémée V et à l'atelier de
Salamine. En effet, les trois médailles qu'il décrit portent tou-
tes les initiales que l'on signale comme marques de la ville
chypriote.
Ces médailles devraient servir d'enseignement sérieux à tous
ceux qui décident des attributions à l'aide des symboles ; on
devrait toujours apporter une extrême réserve en fait de clas-
sement, et n'admettre, comme bases de classifications positives,
que les pièces qui, comme celle du n. 25"2, portent en mémo
temps le signalement d'un nom de localité et des symboles de
divinités honorées dans cette même contrée.
Champollion-Figeac, dans son ouvrage sur l'Egypte (1), dit,
page 418, et cela d'après les auteurs qui ont à tort attriliué
cette médaille à ce Ptolémée : « Tripoli de Syrie resta sous les
• ordres de Ptolémée Evergète, comme le prouvent les mon-
(1) Hist. Piol., page 51.
(2) ^■iscoaIi, Iconographie, t. III, page 219, et Mionnet, VI, n. l.'>.
(3) Lagidcs, pages 4, 83, S4, et pi. III, ii. 7.
(4) Num. chfon., 1S64, pi. IX, n. 7, 8 et 11, et pages 234 et suiv
(j) Egypte ancienne. F. Diilut, 1839. 1 vol. in-8, illustré.
fifi l'TOI.lîMKE VII PIIII.OMKTO»
• naies qui furent frappées dans cette ville, selon l'opinion des
» numismatistes, et qui portent la date de la T année de son
» règne. »
253. — Tète diadémée de Soter avec l'égide.
% — nio.VEM.uor BASiAEas. Aigle sur un foudre à gauche ;
devant, lz (an 7); derrière, la lettre ri.
R. St. Poole, Num. Chron., 1864, pi. ix, n. 6, varii^tt? de date.
Cette pièce peut être attribuée plutôt ;\ Panopolis qu'à Pa-
phos.
PTOLEMEE VIT PHILOMETOR
( règne 3ô ans, du 7 octobre 181 au 29 septem'jre 146 av. J.-C.)
Ce jeune souverïiin (?tait à peine àg6 de cinq ans, lorsque son père
mourut. Grâce à l'extrènie prudence et aux rares capacité.s de sa
mère, l'Etat fut toujours admirablement gouverna. Cette intelligente
princesse sut faire valoir le testament de son mari, qui plaçait son
jeune fils sous la haute protection des Romains. Philome'tor eut d'a-
bord pour tuteur M. .-Emilius Lepidus qui, devenu graml Pontife,
dut transmettre ses pouvoirs à l'eunuque Eulaeus, associé à Lin:uus.
La mère du roi l'tant morte, ces deux derniers gouvernèrent si mal
les intérêts du jeune prince qu'ils le laissèrent emmener comme pri-
sonnier par le roi de Syrie, Antiochus IV. Ce roi, traita, il est vrai,
Ptolémée avec tous les égards possibles; si les Alexandrins ne s'é-
taient pas révoltés et n'avaient nommé roi le jeune frère du captif,
Ptolémée Ei-ergéte II Physcon , nul doute que le roi de Syrie n'eût
tenté de réunir les deux couronnes, celle de Syrie et celle d'Egypte :
force fut donc pour lui de relâcher son prisonnier et do le replacei
sur le trône de ses pères. Philométor régna alors cotyointement avec
son frère Evergète pendant six années, de l'an 170 à 164 (av. J.-C,
mais il finit par contraiiidi'e Evergète à quitter le pouvoir et même
le pays. 11 cflutinua de gouverner seul pendant 18 années, et laissa
en moui-ant un fils très-jeune encore du nom d'Eupatur, qui régna.
seulement quelques mois sous la tutelle de sa mère, Cléopàtre II.
MINORITÉ Dr PHIT.OMKTOR f'i"
Minorité de Philométor? 181 à 171.
254. — Tête diadémée de Soter ;\ droite avec l'Égide.
i}. — nTOAEMAior CAiiAEas. Aigle sur un foudre, à gauche ;
sur le milieu du foudre, PE. (an 106). Poids 6 gr.
9 décig. AR "■
255. — Même type, avec Pi (an 107); même poids. AR '="
Les dates qui figurent sur ces deux rares pièces, sont égale-
ment celles de l'ère de Soter. IN'ous eussions classé ces deux
didrachmes a Evergètes II sans la moindre hésitation ; les ty-
pes et surtout le caractère des tètes sont en tout point sembla-
bles à ceux que l'on remarque sur les monnaies d'Evergète,
même avec des dates élevées. Si les marques PC et l'z ne con-
stituaient pas des dates, ces pièces appartiendraient au frère de
Philométor, mais si ce sont réellement des dates, il parait im-
possible de concilier la difficulté; ces époques établies en prenant
pour point de départ la mort de Soter, arrivée l'an 285, les mon-
naies auraient donc été frappées on l'an 178. Or, Évergètc n'é-
tait alors âgé que de 4 ans, et nous ne trouvons nulle mention
de sa personne à cette époque ; sa mère vivait encore et ne son-
geait nullement à diviser le pouvoir. On pourrait ici discuter
aisément nos dates de l'ère de Soter, ce titre ne figurant pas
sur les pièces ci-dessus, mais nous n'avons jamais rencontré ce
titre de iftTUPoi; sur aucun cl /'drachme, ni sur les drachmes
avec des dates basses ou élevées.
o5(j _ Tète diadémée de Soter à droite, tous les cheveux frisés
en très-grosses boucles.
j^. _ nTOAEM.iiov BAïiAEni. Aigle au repos sur un foudre
à gauche; devant, i.z (an 7); derrière, ha. Poids, 13 gram-
mes. -^I^
Lenormant, Gli/ptiqw-, pi. 82^ u. 17, à Philadelphe.
250 bis. — Même type sans date. Didrachme du poids de 6 gr. .-E '■
C'est ici que nous commencerons à signaler les initiales de»
noms de villes que l'on a depuis longtemps classées à l'île de Chy-
pre ; comment admettre un pareil système, surtout en présence
68 MiNORiTt: i)i: piih.omi:t(i(i, ci.kopatre i'« bki-.entf
des innombrables quantités de monnaies que nous connaissons ac-
tuellement avec les marques des villes de cette contrée? Nous ne
verrons plus en effet d'autres monnaies que celles aux abrévia-
tions des noms de Citium Paplios, ou Salami, le ; \e iTa.Ya.\\
d'exécution et celui de l'administration des monnaies de ces
ateliers n'eùt-il pas été matériellement impossible? Les n. 256,
278 et 282 portent les initiales de la ville de Paphos; malgré
cela, le travail artistique nous parait parfaitement égyptien ;
cela ne fait pour nous aucun doute que ces pièces ont été frap-
pées à Panopolis.
MIXORITÉ DE PHILOMÉTOR
GLÉOPATRE V\ Régente,
(181 à 173 av. J.-C)
Cette'célèbre princesse n'ëtait pas encore nubile lorsque sou père,
Antiochus le Grand, la fiini;a au jeune Ptolém^e Epiphane. Le roi
de Syrie, en donnant ainsi sa fille eu mariage au jeune roi d'Egypte,
cachait sans doute par ce moyen ses vues ambitieuses sur ce beau
pays. Cléopàtre, bien loin d'entrer dans les projets de son père, resta
con.stamment attachée à ses devuirs d'e'p^mse et de mère. A la murt
d'Epiphane, elle fut chargée de la tutelle de son fils Ptoléraée Plii-
lomi^tor, encore tout enfant. Elle s'acquitta de cette tâche difficile
avec tant de prudence et de sens politique, qu'elle sut conquérir la
plus grande considération qu'une souveraine puisse obtenir de se.'-
sujets. Cette digne princesse mourut l'an 173 avant J.-C, emportant
avec elle les regrets et la vénération de tous ses peuples. Elle laissa
en mourant, outre Philométor, un autre fils, Ptoléraée Evergète II
Physcon, et une fille portant aussi le nom de Cléopàtre, qui partagea
successivement le lit de ses deux frères. Il est à regretter que les
biographes restent si souvent muets sur la vie de cette princesse qui
devrait être pourtant citée comme la femme la plus célèbre parmi les
reines qui ont porté le même nom de^Cléopàtre.
357. — Bustes accolés de Sérapis et d'Isis à droite.
1^. — nTOAEMAior p.A5;iAF.iis, Aigle au repos sur un foudre,
à gauche, se retournant à droite, ayant sur l'aile gauche
une double corne d'abondance, ceinte d'un diadème; entre
les pattes, les lettre Ai. (Frappée à Diospolis.') Poids, 14 gr.
Gravée, pi. V. AR'
\llNORITli UK PIIILOMETOK, CLEOPATRE I" RÉGENTE 69
257 bis. — Même pièce ; la corne dabondance est simple. AR'
Eckhel, Doct. Nvm. Vet., t. W , p. 24 ; Cousinéi-y, lettre iv, page
137, à Soter I'"' ; Ch. Lenoi-mant, Trésor de glijptique, pi. 88, n. 14;
R. St. Poole, Num. Chron., 1^66, pag. 1, vignette.
Cette rare et belle médaille, peut-être Tune des plus intéres-
santes de la série lagide, a été expliquée par M. R. St. Poole
qui la range à la régence de Cléopàtre. Ce classement est en ellet
des plus intelligents; cette femme, si justement célèbre, dut
avoir l'heureuse idée de faire frapper des monnaies aux types
■ des divinités révérées de l'Egjpte. En agissant de la sorte, elle
se plaçait, ainsi que son jeune fils, sous la protection des génies
tutélaires du pays. Si cette reine fut trop modeste pour s'auto-
risera émettre la pièce que nous signalons, les Alexandrins, qui,
nous l'avons mentionné dans la notice ci-dessus, eurent pour la
more et le jeune enfant un respect qui ressemblait a un culte,
durent choisir ce type aux effigies de leurs affections.
La nature du métal, le travail d'art de cette belle pièce, tout
concorde parfaitement pour justifier le classement du savant
conservateur du Musée Britannique ; le travail artistique des
têtes pourrait faire supposer que la pièce aurait été frappée 25 ou
30 années plus tôt, mais l'allure et le mouvement de l'aigle du
revers est d'une époque parfaitement contemporaine de celui
qui est gravé sur la planche V, n. 215. On pourrait même sup-
poser que cot aigle est l'œuvre du même artiste. Si, après la
comparaison de ces deux médailles entre elles, il subsistait
quelques doutes, ils disparaîtraient aussitôt en faisant un rap-
prochement avec celles qui suivent. Sur plusieurs de ces pièces,
en effet, la tête d'Isis est de même style; la médaille portant le
nom de Cléopàtre et les deux suivantes fournissent encore
la preuve de la justesse de cette attribution ; la fabrique,
l'attitude de l'aigle qui se retourne dans un mouvement iden-
tique, tout, jusqu'à la corne d'abondance que l'on voit sur
son aile, confirme ce fait. Une dernière raison, qui pour
nous est majeure, c'est que la pièce du roi de Syrie, pi. XI,
n. 276, incontestablement frappée pendant le séjour de ce
souverain en Egypte, porte encore la même figure de la reine
sous les traits d'Isis. Le roi Antiochus, qui avait la prétention
70 MINORITL liE l'IlILOAlÉToH, CLEUP.ITBF, K? REGENTE
(le protéger le jeune roi en l'enlevant à son peuple, ménageait
sans doute la susceptibilité des Alexandrins, en paraissant re-
gretter la défunte régente, et, comme témoignage de ce l'ait,
émettait des monnaies sur lesquelles était encore représentée
sous des traits divins; sa sœur, la mère du jeune roi d'Egypte.
258. — BAÏIAI2ÏI1S KAEon.vTSPA. Tète de la régente â droite sous
les traits d'Isis.
Ri. nTOAEMAior DAsiAEas. Aigle au repos ù gauche, se re-
tournant k droite, ayant également sur l'aile une corne
d'abondance; devant, l'aigle.rA, en monogr. pl.XII,n.37.
Gravée pi. V. ^ "Z.
Très-rare ot superbe pièce^ inconnue à Miounet.
25'J. — Sans légende; même tète.
^. Le même, sans monogramme. ^E "*
Mionnet, IV. n. 394.
260. — Même médaille. A', *
Mionnet, VI, n. 395. Ch. Lenorraant, Glypt. pi. 88, n. 10.
■JOl. — Même tète, également sans légende.
i^. — nTOAE>uiOY BASiAEas. Aigle éployé à gauche sur un
foudre. J& '"
2<32. — Même médaille. M ''
Mionnet, VI, n. 380. Ch. Lenormant, Glypt. pi. 88, n. 7.
203. — Même pièce d'un travail barbare, 2 variétés. A^-- '•'
Mionnet, Vî, n. 390.
264. — Même pièce d'un beau travail. Al, '
Mionnet, VI, n. 391. Ch. Lenormant, Glijpt. pi. 88, n. 8.
265. — Même pièce. JE '
2G6. — Même pièce. M *
207. — Même médaille; devant l'aigle, oa, monogr. n. 11. Gravée
pi. V. .-E «
Mionnet, VI, n. 392. Ch. Lenormant, GUjpt. pi. 88, n. 9.
268. — Même pièce. JE '
Voir au.ssi le u. 270 et la note placée à la suite de ce numéro.
MINORITE DE PHILOMlilùR, MAr.Ct> .E.MILILS LEPIDI 5 71
MINORITE DU R0[
Marcus ^milius Lepidus
(tuteur Ters 173 av. J.-C.)
La reino Cleopàtre, après avoir été en butte aux vu«s ambitieuse.-'
(le pon père sur leTroyaume^d'Égjpte , vit à la mort de son mai-i re-
naître les mêmes préteutions de la part de son frère. Elle eut alors
recours pour son fils à la toute-puissante protection des Romains. les
suprêmes arbitres des rois d'Orient. Le sénat donna en effet pour tuteur
au jeune roi Marciis .Emilhis Lcpidiis, connu des .\lexandrin3 qui
ravalent apprécié comme ambassadeur du peuple romain ; c'est la
constatation de cette tutelle que nous vojons représentée sur la mé-
daille que nous donnons ici en vignette.
•JG'.». — ALEXS.A.NDREA. Tète tourelée et diadémée de la ville d'A-
le.'candrie à droite.
B(. — M. LEPIDVS l'ONTIF. M.\X. TVTOR REG. S. C. (MarCUS Le-
■pidus tutor régis senatus cow«?/ Wo). Lépide debout posant
un diadème sur la tète du jeune Ptolémée, qui tient un
sceptre surmonté d'un aigle. AR '
Cohen, Monnaies de la République romaine, page 10, n" 7. et
PI. I, n" 6.
Cette monnaie est complètement en dehors de la série égyp-
tienne, mais elle mentionne un t'ait tellement capital pour l'his-
toire de ce pays, que nous avons cru de notre devoir de laclasser
ici : nous l'avons reproduite seulement en vignette, afin de ne
pas causer do confusion sur les planches.
MINOniTE [lE l'IlILU.METOn, EUL.ELS REOE.NT
Minorité; Eulaeus Régent.
(173 a 171 av. J.-C.)
Comme nous l'avons mentionne préceMemment , à la mort de
Cléopàtre, Pliilométoi' était encore trop jeune pour gouverner ses
peuples. Marc Le'pide avait été appelé à le supjile'er comme tuteur;
mais ce personnage ayant été élevé à la dignité de sou\erain pontife ,
se trouvait fi^reé de retourner à Rome, où, selon Tite Live, il devait
séjourner pendant tout le temps qu'il occuperait cette haute fonc-
tion. Tout fait présumer que Lépide, avant de partir, s'entendit avec
les Alexandrins, si la mère du roi était morte au moment de son
départ, pour déférer la tutelle ou régence à Eulieus, auquel il adjoi-
gnit Lena?U3 comme collègue.
Ces deux hommes, peu capables, voulurent cependant marquer leur
passage aux affaires par des actes importants : ils essayèrent de reven-
diquer l'entière possession de la l'héuicie et de la Cœlésyrie ; et,
comme on a déjà pu le voir, cette malheureuse tentative no fit que
favoriser les ambitions du roi de Syrie, Antiochus IV, qui, outre la
conquête de ces provinces, trouva le moyen d'enlever le jeune roi à ses
peuples en l'emmenant prisonnier. On a déjà vu dan.s la notice de
Philométur les causes qui firent relâcher le roi captif.
270. — Tête de Jupiter Ammon à droite.
i^. — riTOAEMAioY BASiAEtis, Aigle au repos sur un foudre,
à gauche, un sceptre sur l'aile; devant, une corne d'abon-
dance; entre les jambes de l'aigle, eva. Gravée pi. V. /E '
Mionnct, Supplément, IX, n" 119.
271. — Même médaille; une fleur de lotus ou une rose placée de-
vant l'aigle remplace la corned'abondance. .(E '
Mionnet, VI, n" 332. Ch. Lenormant, Ghiptique, pi. 88, n" 11. H.
St. Poole, Numismatic Chronide, 1866, page 12.
272. — Même médaille, sans l'abréviation eva. M "
Mionnet, VI, n" 329, varié do module.
273. — Même médaille, sans le sceptre. M ' 7-2
Sur ces quatre médailles , deu.x seulement portent le nom de
cet eunuque devenu ministre , mais les deux autres paraissent
PHILOMETOR PRI^ÎONMEn. AMIOCIRS IV. 73
être tellement semblables, pour le stvle et la fabrique que nous
avons cru devoir les réunir ici en un seul groupe (1).
Comme le démontre avec raison M. R. St. Poole, l'heureux
interprète des pièces avec les initiales de ce personnage (2), le
fait du nom du tuteur, placé à la suite de celui du roi, ne doit
avoir rien d'insolite; en Sjrie, le même fait se reproduit à une
époque presque contemporaine; en ellet, comme nous l'avons
déjà démontré, page Gl, le nom de Trjphon se lit sur la plupart
des monnaies du jeune Antiochus Yl.
Le roi prisonnier, ANTIOCHUS IV.
(roi de Syrie, de 171 à 167 avant J.-C.)
Ainsi que nous l'avons àéj^ indiqué dans les notices sur P!ii-
lométor, Cléopâtre, Marc Lépide, le roi de Syrie ne dissimu-
lait qu'avec peine ses projets d'envahissement sur l'Egypte; les
monnaies qui figurent ci-après, le démontrent d'une manière
incontestable, ces pièces ont éié certainement frappées en
Egypte : les types, les formes , les modules, la manière de fa-
briquer même, tout constate ce fuit, et nous ne retrouvons pas
dans les monnaies syriennes de cette époque la moindre pièce
qui puisse être comparée aux quatre types ci-dessous.
Ces monnaies ont dû être frappées dans une localité voisine
d'Alexandrie, très-vraisemblablement pendant le long siège
qu'AntiochusIV dirigea contre cette grande ville.
C'est à M. François Lenormant (-3) et à M. R. St. Poole (4)
que nous devons l'idée de voir ces belles pièces réunies à la suite
des rois d'Egypte, et M. F. de Saulcy les y avait également
classées dans la belle collection de rois de Syrie qu'il possédait
il y a quelques années.
(1) Les n"' 496 à 500 devraient, il nous semble, être encore placés ici.
(2) Numismatic chronide, année lS6t3, pages 12 et suivantes.
. (3) Monnaies des Lagides, page 88, etc.
(4) Numismatic chronide, année 1866, page 14 A 16.
74 MAJuRiTE i)i; ptiii,i:mi;i; \ii, piiii.omktor.
-?4. — 'l'ète laurée de Jupiter Sémpis à droite.
i\. — RASiAEflS ANTioxoï 0Eor FJiM'AAOvs. Aigle au refos
sur un foudre, à droite. Gravée, pi. XI. A] '-
Ti-ès-rare et .superbe médaille int'dite de ce mcdiilo, iiro\eiiant de
la coUoctimi Gréau.
~7ô. — iM('nie médaille. ^E '"
Duaiie, Cuùts of tlie SeU'iicidœ hing'! of Si/ria, \<\. Mil, u" 14.
Mioniiet, V, n» 289, et R. St. Poole, Xum. chron. 18G6, page 15.
27f'). — Tète deCléopàtre sous les traits d'Isis à droite
li). Même légende et mérne type, (travée, pi. XI. ^E '
R. Gough, collection Duane, pi. VllI, n" 13 vai'ie'e île module.
Mionnet, V, u" 291, et R. St. Poole, Xutn. Chron., 180'., page 10.
o77_ — 'p^te d'.Vntiochus IV, radiée à droite.
r^. — Le même. Gravée, pi. XI. AE '
Duane, pi. Mil, n» 0. Mionnet, V, u" 311, et R. St. Poole Num.
Chron., 186G, page 17.
Majorité de Philométor
(il lègne seul de 103 a Uû avant J. C.)
2;8. — Tète diadémée de Soter avec l'égide, tous les cheveux
frisés en très-grosses boucles (comme le n. 25G).
lî. _ nTOAE:MAiov BASiAEas. Aigle au repos à gauche sur
un foudre, devant l kb (an 22) ; derrière, ha (poids 14 gr.
1 décigr.). Gravée, pi. V. AR^
Mionnet, VI, n" 104.
279. — Même tète.
ilj. — Le même, sans lettres ni sj-mboles dans le champ,
mais KZ (an 27) sur le milieu du foudre. (Poids 7 gr.) AR"'
280. — Tète de Ju[)iter Ammon à droite.
1^. — riTOAE.MAiov BAiiAEas. Aigle sur un foudre à gauche;
devant, l kz (an 27) ; sous cette date, le lotus. ^ "
Mionnet, Sup., IX, n" 71.
281. — Même médaille, avec l aa (an 31). -"^ *■
PTi)i,i;Mi;r i\ Kvrnr.iiTE- ii piiv-rov T.")
Ces deux mdil;ùllcs , i\'\uv} g'raa le raroi' , sont do mêaie tii-
brique que les pièces classées à Evergôte; les dates qui dgurent
sur ces monnaies nous semblent confirmer le classement ties unes
et des autres.
282. — Tète diadémée de Soter à droite, avec l'égide.
\\. — iiTOAKMAiov RAîiiAEa^. Aii^Ie, au repos sur un foudre
à gauche; devant, i. aa (,iu 31); derrière, ha. (Poids
1 1 gr.) AR-
Les tétradrachmes de cette série sont tous assez rares ;
par leurs caractères de tôte , ils dillerent complètement des
monnaies analogues des règnes qui les précèdent et les sui-
vent: les cheveux, toujours frisés en grosses mèches, donnent
un caractère particulier à ces monnaies; elles ont presque tou-
jours été classées à Ptolémée II, Philadelphe(l) ; mais la simple
inspection de ces monnaies démontre, il nous seml)le , d'une
manière indiscutable, le cùté vicieux de cette attribution. .Nous
avons aussi une preuve quasi-matérielle de l'exactitude de l'at-
tribution proposée, c'est qu'il n'existe nulle part de pièces ;\ ce
type, pendant les années que le jeune prince fut le captif de sou
oncle le roi de Syrie. La dernière année connue des pièces à ce
type figure dans les cartons du cabinet de Franco ; elle porte Li
date de l'an 30. Cette date semble dépasser d'une année la du-
rée du règne , mais nous avons déj;\ expliqué ce semblant de
bizarrerie de la manière de compter en Egypte (voir les notes
placées après les n^' I3'J et 117). La môme anomalie do dates
se remarque aussi plus tard sous les empereurs romains.
PTOLEMF.E IX, EVERGETE II, PHYSCON.
(rèÇjTit' 51 ans, ,|u 5 octobre 170 au il septembre 117 avant J.-C.)
U"; partie de son règne ; seul pendant 3 anue'es et 2 ans avec son
frère Philomi^tor.
Dans la notice sur le règne préccdcnt, nous avons déjà relaté Ips
(1) Cil. Lenormaiit, Glyptirjue, page lil, et jil. .'*2,
'" HOLKMÉE IX ÉVEnOÈTE II PIIYSCON.
faits de la première partie du règne de ce prince, qui fut honore du
titre de roi par les Alexandrins pendant la captivité de son frère
atné, et qui fut ensuite forcé de quitter l'Egypte lorsque Philométor
fut complètement délivré de la domination du roi de Syrie, Evergète
se retira en Cyrénalque, et il gouverna cette province de 164 à 146
avant J.-C, époque de la mort de sou frère.
Ce monstre était à Cyrène lorsqu'il apprit la mort de Philométor.
Il accourut en toute hâte à Alexandrie pour réclamer la tutelle de
son neveu, échue de droit à Cléopàtre II, sa mère. Ne pouvant l'ob-
tenir de bonne grâce, il tenta de s'en emparer par les armes ; une
transaction eut lieu alors. Il épousa la reine mère, sa sœur, mais le
jour de ses noces il s'assura la toute-puissance en égorgeant lui-
même son neveu dans les bras de sa mère. Cet affreux être, non
content d'un tel crime, fit encore massacrer tous les amis et parti-
sans du jeune roi. Il répudia bientôt sa sœur pour épouser la fille de
cette dernière, qui régna sous le nom de Cléopàtre III. Il se souilla
ensuite de tant de débauches et de cruautés qu'il fut chassé de
l'Egypte l'an 130 avant J.-C. Il se retira en Chypre, mais trois ans
après il put rentrer à Alexandrie, oit il régna de nouveau avec les
d«ux Cléopâtres, pendant encore onze années, et mourut l'an 117
après un règne de 54 ans : 6 ans avec son frère, 17 années en Cyré-
naique et le reste en Egypte, excepté les trois années d'exil. Cet hor-
rible tyran laissa en mourant deux fils et trois filles. Les deux fils
régnèrent sous la tutelle de leur mère, digne émule de son mari
pour ses cruautés. Nous avons encore mentionné dans la notice bio-
graphique de Cléopàtre II quantité de faits ignominieux attribués à
ce souverain.
Monnaies frappées pendant la I" partie du
règne d'Evergète
(170 à 164 avant J.-C.)
383. — Tète diadéraée de Soter à droite avec l'égide.
pj. _ nTO.\EM.\ior B.\zi.vms. Aigle au repos sur un foudre
à gauche. AR"
Mionnet, VI, n" 17, à Soter. Ch. Lenormant, G/y/j«., pi. 81, n'^ 10,
également au I" Ptolémée.
284. — Même médaille avec une légère différence dans la fa-
brique. AR • '/,
Mionnet, VI, n" 1 .
PTOLEMEE IX EVERCÈTE II PnTJCON. 77
285. — Même médaille, moitié dos pièces précédentes. Gravée,
pi. VI. AR5
Mionnet, VI, n^ 21, Ch. Leaoï-mant, Gli/pt., pi. 81, a" 16 égale-
meut à Ptolt?m^e Soter I".
285 bis. — Même pièce d'un style difTérent. AR'
Ces quatre monnaies, dont les tétradrachmes ou statères pèsent
exactement 14 grammes et les didrachmes 7 grammes, sont en
tout point semblables comme caractère de tête ; elles ne por-
tent aucun symbole ni date au revers. On voit par leur tra-
vail que l'époque d'émission en est assez basse; elles ont dû être
frappées au moment ou les Alexandrins investirent Evergète II
du pouvoir. Nul n'ignore que de tout temps, dans les moments
de troubles, les ateliers monétaires ont toujours émis quantité
de numéraire; de là très-probablement la cause du nombre très-
considérable des pièces à ce type que l'on rencontre dans toutes
les collections, et qu'on ne sait où classer à cause du manque de
date et aussi de la complète dissemblance du travail avec les
pièces du premier Ptolémée (1). Les têtes figurés sur ces pièces
sont d'une' identité frappante avec les n. 251 et 255 pièces du
reste parfaitement contemporaines.
2St3. — Même type que les pièces précédentes; la lettre E devant
l'aigle, (poids 14 gram.). A.R'
Cette pièce, d'une très-grande rareté, semble venir confirmer
l'attribution des pièces précédentes. La lettre E doit avoir été
mise comme abréviation du mot EVEPrETOr, que nous voyons
figurer sur les monnaies de bronze de ce souverain.
» HT
287. — Même type; devant l'aigle, ^p, monogramme, pi. XII, n. 28.
(frappée à Ptolémaïs?). (Poids 3 grammes). Drachme. AR'
(1) On nous a soumis tout récemment une trouvaille d'une trtntaimo
de statères trouvés ensemble en Egypte, tous d'une bonne conservation,
mais malheureusement d'un nettoyage impossible, tant l'oiyde ou sulfura
les a rongés; il y avait un eiemplaire de la pièce â deux tètes n" 257, uns
vingtaine au moins de pièces des n°^ 283 et 284, un exemplaire du n" 287
et 7 à 8 pièce» des n" 2S8 et suivants.
l'IllLLMU: l\ EVKRGIiTE 11 rin!-tU.\
2 Partie du règne, Evergète II, seul.
(Uri à 130 avaut J.-C.)
Toutes les pièces qui suivent, de l'an 20 à l'an 51, sont d'une
conformité de tjpe des plus remarquables, la tète représentée
sur toutes ces monnaies ditlëre peu de celles figurées sur les
cinq pièces ci-dessus. On ne peut cependant nier que malyré le
laps de temps écoulé entre les deux émissions, les graveurs ont
pris à tacLe de représenter la même tète ; on retrouve partout
en eilet les rudiments du même caractère. L'expression varie
légcreœent mais les lignes du front au menton sont toujours les
mêmes. Ces pièces jusqu'au n" 304 seulement, sont aussi d'une
identité de poids extraordinaiic, toujours 14 grammes au moins
ju>qu"au no 290; le métal en est également de très-bon aloi; les
essais ont produit 933 millièmes de fin. Celles du commen-
cement du règne, étaient cepeudani, d'un titre plus élevé : nous
avons constaté jusqu'à 980 millièmes, presque l'argent pur,
comme sous Soter, Pi;iladelplie et Evergète 1.
:);)8. Tête diadémée de Soter avec l'égide.
jî nTOAEMAior BAiiAEP.s. Aigle au repos sur un foudre
à gauclie ; devant, l ki: (an 36) ; derrière, ïa (Salamine).
;)89. — Même médaille; l kii (an 28) ; derrière, ki (Citium ?). AR^
Mioimet, VI, n" 108, à Philarlelphe, et la suivante, n" 109, au
même roi.
090; _ Même type; L Ke (an 29) ; derrière, ki (id ?). AR''
201. — Même médaille; même date, avec sa (Salamine?). AR'
292. — Même pièce, avec L a (an 30) ; derrière l'aigle, ki (Citium?).
AR'
o )3_ _ Même médaille et même date, avec sa (Salamine?). AR '
2'.'l. —Même type, avec l aa (an 31); devant l'aigle, ki (Ci-
tium?) AR
PI v;
A Ma.3scn
PTOLEMEE EVERGETE II CLEOFATFi II IREGENTE')
PTOLEMEE SOTERII
PTOLE.MICE IX EVEIir.KTK 11 PIIV>(:ON 70
Mionnet, VI, n. 1 10, (également à F'hiladelphe.
295. — Même pièce; une étoile placée au-dessous de la date (Ci-
tium). AR'
20G. — Même pièce et même date, sans l'étoile ; derrière l'aigle, ru
(Frappée à Paphos) . AR '
Cette pièce est d'un stvle adnHral)lc'; eilediirère complètement,
comme fabrique, de toutes celles qui [(recèdent et qui suivent ;
le caractère de la physionomie du souverain est réellement
extraordinaire. Si l'artiste a voulu représenter une expression de
nulle volonté et aussi de méchanceté extraordinaire, il a admi-
rablement réussi. Mais pour revenir à la fabrique de cette pièce,
elle semble démontrer positivement que les mêmes marques
monétaires étaient employées pour diverses contrées.
21»7. — .Même médaille; fabrique des pièces avant le n. 20tj et
aussi des n. suivants, également de l'an 31 ; derrière
l'aigle, SA (Salamine?). AR ■
208. — Même type; devant l'aigle, l ap. (an 32); un acrostolium
placé au-dessus de la date; derrière l'aigle, ki (Citiuin)-
AR"
299. — Même médaille et même date, sans l'acrostolium ; derrière
l'aigle, n A (l'anopolis?). AR "
Mionnet, Sup. IX, n. -l^^, touj.nir.î à Ptolemc'e II.
yOO. — Même médaille d'une meilleure fabrique; un casque placé
au-dessous de la date ; derrière l'aigle, sa (Salamine..
Gravée, pi. VI. AR '
301. — Même médaille; le casque est remplacé par une coiffure
en forme de toque, à laquelle est suspendu un diadème
(Egalement de Salamine. (Poids 12 grammes.) AE "
Cette toque ou coid'ure qui figure sur plusieurs pièces aux
initiales des villes chypriotes, comme les n" 252 et 347, repré-
sente peut-être le bonnet de Diomède, pour lequel les habitants
de cette ile avaient un culte tout particulier. Voira ce sujet les
explications de M. Poole. Xum. Chron., année 1804, page 235.
302. — Même type, sans la coiffure; devant l'aigle, l ap (an 33 ;
derrière, ki (Citiura?). .\R '
80 PTOI.ÉMÉE l\ ÉVERGÈTE II PIIYSCON
303. — Même médaille et même date, avec n.v (Panopolis?). AR '
301. — Même pièce et même date, avec ix (Salamine ou Sais?).
AR ■
Mionnet, VI, n. III, à Phila.lelphe, et F. Lenormant, Lagides, pi. 82,
n. 2.
305. — Même médaille; un tbyrse sous la date (Salamine). AR'
308. — Même type, sans le thyrse ; devant l'aigle, l ^x (an 34) ;
derrière, î;a (Salamine ou Sais?). AR'
307. — Même type; l ae (an 35); derrière l'aigle, Kl (Citium?).
AR'
308. — Même type, l'aigle ayant un sceptre sur l'aile gaucho; de-
vant, L AE (an 36); derrière, Ki (Citium). AR'
309. — Même type sans le sceptre; devant l'aigle, L au (an 38) ;
derrière, ha (Panopolis). AR '
310. — Même type avec l Ae (an 39); n.v devant l'aigle (id.) AR'
Mionnet, VI, n. 314.
311. — Même type et même année; un sceptre sur l'aile de l'aigle;
derrière, sa (Salamine). AR '
Il existe ici une lacune remarquable de 11 années; mais elle
se trouve en partie comblée dans les collections des grands mu-
sées. Si le Cabinet de France ne possède qu'une seule pièce de cette
période, celle de l'an 49, avec les lettres Kl (1), en revanche,
le Musée Britannique est encore ici d'une richesse extraordinaire :
nous avons souvenance d'y avoir vu toute une série de pièces de
cette époque, mais, pas plus là qu'ailleurs, nous n'avons pu con-
stater la présence d'une seule monnaie émise par les atehers,
égyptiens (avec nx derrière l'aigle) pendant les années 40,41 et
42 de ce règne ; nous n'avons même constaté l'existence que
de la pièce datée 41, de l'atelier de Salamine; mais pour Ci-
tium, les années 40, 41 et 4'2 y sont représentées. Or, ces deux
villes étant du pays même où Physcon s'était réfugié, rien de
(1) Cette très-rare pièce a été classée par Ch. Lenormant à Ptolémée H
PhilaJelphe, Glypt., pi. 82, n" 15. Mionnet, VI, vfi 94, et également par
Visconti au même régne.
PTOLÉMÉE IX ÉVERGÈTE 11 PHY3C0N 81
plus simple que l'existence de ces monnaies: elles affirment môme
que nous avons raison de refuser à Tîle de Chypre la plus
grande partie des monnaies avec n.i puisqu'on n'a pas retrouvé
une seule pièce à ce type avec les dates ci-dessus, et certes
Physcon n'avait nulle raison pour ne pas faire frapper à Paphos
comme dans les deux autres villes ; cela ferait même présumer
que l'atelier à Paphos était fermé depuis un certain temps.
La constatation que nous faisons ici du manque des monnaies
frappées en Egypte au type d'Evergète pendant ses années
d'exil est, il semble, des plus concluantes pour la classification de
toutes les autres pièces à ce tyran ; ce fait est aussi suffisamment
attesté par les dates qui figurent encore sur les monnaies décri-
tes ci -après, l'année 54 ne pouvant appartenir qu'à ce roi, le seul
des souverains d'Egypte dont les années de règne aient dépassé
le demi-siècle.
Nous avons aussi remarqué un fait qui parait avoir ici une
importance majeure, c'est que, au moment où Evergète Phys-
con fut chassé de l'Egypte, son despotisme ainsi que ses dilapi-
dations avaient dû plonger ses peuples dans la plus effrayante
misère. Ses vassaux ne trouvant plus de moyens de payer les
taxes ruineuses qui leur étaient imposées, tentèrent d'abaisser
un peu les titres des valeurs d'argent (1), et il paraîtrait même
que ce moyen ne put suffire, puisque l'on constate en outre pour
les pièces frappées en dehors de l'Egypte un affaiblissement de
poids assez notable. Cette réduction varie entre 7 décigr. et 1
gramme 2 décigr. par chaque tétradrachme, témoin les n. 305,
308 et 311, pièces sorties des ateliers chypriotes, et dont le
poids le plus élevé est de 13 gr. 5 décigr. Quant aux pièces avec
riA de cette époque, que nous supposons généralement frappées
alors en Egypte, le titre en est très-bon, 960 millièmes et les
écarts dans les poids sont insignifiants, ils ne varient que de
13 gr. 9 décig. à 14 gr. 2 décigr., poids réellement maximum.
On constate à ce' moment une décadence marquée dans les fa-
briques chypriotes.
(1) Plusieurs essais Je monnaies de cette époque ont donné une moyenne
de 917 millièmes , un vingtième de plus d'allia^je que sur les monnaies du
commencement du règne et des règnes précédents.
^- PTOLÉUÉE l\ EVEriGICTt: II l'IlïSCON
Il est dii'licile de comprendre comment Vaillant, Pellerin,
Visconti et Mionnet ont pu être un instant embarrassés pour
le classement plus que facile de cette série de pièces qui se clôt
;\ l'année 54. Ces savants ont pris encore ici comme point de dé-
part une ère impossible, celle de Soter avant même qu'il fût roi.
M. F. Lenormant tombe dans le même embarras, en faisant de
cette suite le point de départ d'une ère particulière ;\ l'île de
Chypre, et classe ces pièces à Soter, Philadelphe et Evergète l"'.
Il dit en effet, page 13, 14 et 15 :« La série de dates qui s'étend
» depuis l'an 2 jusqu'il l'an 54, excédant ainsi de beaucoup la
» durée du plus long règne des Lagides, etc., etc. »
Le temps ou les années du règne que nous mentionnons ici
étaient cependant parfaitement connus ; ce témoignage est af-
firmé par Porphjre, dans Eusèbe (1). « Ce prince ajant régné
i> pendant 6 ans avec son frère, prétendait n'avoir jamais cessé
• de régner; depuis cette époque, il compta donc les années de
» son règne depuis son V avènement » : Et tout cela concorde
admirablement à admettre l'année 51 comme limite extrême de
ce long et affreux règne ; le calcul suivant prouve ces faits de
reste.
l''" Période : règne avec son frère de 170 à 1G4 == 7 ans.
2°- — en Cyrénaïque . . ... de 1G4 à 14G = 17 ans.
3" — règne seul en Egypte de 140 à 117 = 29 ans.
L'année supplémentaire déjà mentionnée
aux règnes de Philadelphe et de Phi-
lométor, etc 1
Total : 54 ans.
Ptolémée Evergète II Physcon
( Son retour d'exil, à 117 avant J.-C.)
:M2. — Tète diadémée de Soter à droite avec l'égide.
II). iiTOAEMMOr lîAiUEQi:. Aigle sur au foudre à gauche
devant, LN (an 50); derrière, riA. ' AR '
(1) Torph. ajiud Euseb. Chron. iia.u'e 117, éJition de Milan.
PTOLÉMEi; EVKRr.ÊlES 11 83
313. — iMème type; devaat, L NT. (an Z,-2) ; derrière, i.\ (Saïi?). AR"
314. — Même type; devant, l >t (an 53); derrière, oa (Pano-
polis?). AR '
315. — Même type; devant, l \a (an 5(); derrière, ki (Citium?).
AR'
Mionuet, Suppk'rn. IX, ii. 30, à PtoU'ni-'e II.
31(3. — ;\Iéme pièce, de la même date, avec riA (Panopolis?). AR '
On serait autorisé à croire que ce détestable souverain aurait,
à son retour d'exil, tenté au moins défaire oublier ses fautes en
rendant à la monnaie sa valeur réelle. Les cinq pièces décrites ci-
dessus démontrent au contraire que, loin de rétablir les choses
dans leur état normal, Phjscon laissa les monnajeurs frauder
de plus en plus ou les j autorisa : ce n'est plus seulement en Chy-
pre que Ton constate des réductions sur es valeurs, mais aussi
en Egypte. Les poids des pièces de cette dernière période que
nous avons décrites varient entre 12 gr. 3 décigr. et 13 gr. 6 dé-
cigr., le n" 314 seul est de ce poids un peu élevé.
317. — Tète de Jupiter Ammon à droite.
Rj. BA5:iAEns riTOAEMAiov EVEPrF.Tov. Aigle sur un foudre
à droite; devant, K. Gravée, pi. VI. .-E '
Miounet, VI, u. 203.
318. — Même médaille, sans la lettre k. Ai, »
Mionnet, VI, n. 199.
319. — Même pièce; l'aigle à gauche; devant, t. /E, ^
Mionnet, VI, n. 198.
320. — Même type; 0E devant l'aigle. /E ^ '/'.,
Mionnet, VI, n. 204.
321. — Même médaille, également avec we, moins épaisse. --E ' '/a
Mionnet, Sup,., IX, n. 80.
32-'. — Même pièce, sans lettre dans le champ ; 1/2 des précé-
dentes. yE - V,
323. — Même pièce ; la légende très-barbare. JE ' '/j
S4 rLÉOPATHE II? BÉGENTe
CLÉOPATRE II? régente, et son fils
Ptolémée VIII? PHILOPATOR II ou plutôt
son second fils? PTOLKMIE MEMPHITE.
(Première régence 145 av. J.-C. seconde 130 a 127 avant J.-C.)
Elle était fille d'Epiphane et de Cléopàtre I" ; elle épousa d'abord
son frère Philomi:tor, dont elle eut un fils. Ce prince, encore tout jeune
enfant, lui succéda sous la tutelle de sa mère. Ou a pu voir dans la
notice sur Physcon, oncle du jeune souverain, comment il usurpa la
couronne en e'pousant la re'gente, en massacrant l'enfant roi, et com-
ment peu de temps après, voyant son pouvoir afl'ermi, il re'pudia Cléo-
pàtre, qui avait déjà eu de lui un fils, pour épouser la fille de sa femme.
La reine mère se vengea durement de cette conduite ; elle souleva tout
le peuple d'Alexandrie contre Physcon.'La populace, trop longtemps
contenue et irritée, ne connut plus de bornes; le palais du roi fut
incendié et ce monarque fut forcé de s'enfuir en Chypre. Le peuple et
les grands dignitaires conférèrent alors le gouvernement a celle que
Physcon avait répudiée ; mais ce dernier, craignant que son fils ne
fut couronné à sa place, l'engagea à venir le visiter, le fit égorger et
en envoya ensuite dans une corbeille les membres épars à sa mère, le
.leur même où les Alexandrins célébraient la fête de sa naissance.
Les médailles qui suivent ont été vraisemblablement frappées
pendant ce court espace de temps où Cléopàtre II acceptait le
pouvoir afin de le transmettre à son fils déji assez avancé en
âge pour n'avoir que peu de temps à être soumis aux soins
d'une régence ; celle avec le nom de Cléopàtre est d'une grande
rareté.
324. — B.\îL\.lssHS KAEonATPAi. Tête de la reine sous les traits de
l'Afrique, couverte d'une peau d'éléphant.
^. — nTO.\.EM.\ior B.\ii.\Eos. Aigle éployé sur un foudre à
gauche; devant, n.A, monogr. PI. XII, n. II (Frappée à
Panopolis). Gravée, pi. VI. ^ '
Mionnet, VI, n. 207, à Cléopàtre II ou III, femme de Pbyscon.
325. — Sans légende. Même tête.
B). — Le même, sans monogr. Gravée, pi. VI. JE '
Mionnet, VI, n. 209.
326. — Même pièce ; la tête très-large. ^ *
327. — Même pièce; style différent. JE.'-
CI.ÉOPATRE 11 ? RÉGENTE 85
328. — Même pièce, sans monogramme devant l'aigle. ^-E * '/«
329. — D'un style différent. ^ ^
330. — Même pièce, 2 variétés de style. JE ' '/j
331. — Même type, une corne d'abondance devant l'aigle. -E ^
332. — Même tête.
■ ^. nxoAEMAiov BAïiAEfis. Aigle sur un foudre à gauche,
se retournant, et ayant une corne d'abondance sur l'aile
gauche, e entre ses jambes. ^ *
Cette pièce a beaucoup d'analogie avec les n. 395 et 396;
nous pouvons voir une tôte do femme sur celle-ci ainsi que sur
la suivante.
333. — Même type ; une seconde corne d'abondance dans le champ,
(levant l'aigle. ^ *
Ces monnaies ont été classées par la plupart des auteurs à la
troisième Cléop;\tre, femme aussi célèbre par ses cruautés que
par son ambition, et qui fut tour-à-tour régente de deux rois.
Nous pensons, contrairement h nos devanciers, que ces mé-
dailles peuvent justement appartenir à la seconde Cléopâtre ; la
première reine de ce nom pourrait peut-être môme les revendi-
quer. La fabrique des pièces ne peut, en aucune façon, être re-
portée jusqu'après la mort d'E vergeté II. L'aigle qui figure sur
ces pièces est encore d'an bon travail; il a beaucoup d'analogie
avec celui représenté sur les pièces de la première Cléopitre,
portant la tête d'Isis. Le monogramme riA est également le même
que sur ces pièces; mais nous trouvons dans le travail d'art
de la tête du n° 324 (celle portant le nom de Clcopâtre) une
dégénérescence marquée; toutefois cette dégradation de l'art
est encore plus prononcée sur les pièces des années 51 à 54 de
Phvscon, et par contre, sur les monnaies attribuées à Cléo-
pdtre III, pendant ses deux régences.
On nous reprochera peut-être de présenter un trop grand
nombre de variétés de types des reines d'Egypte. Nous répon-
dons à l'avance par cette question : Est-il possible d'admettre
que des souveraines reconnues généralement pour très-jalouses
de leur toute-puissance aient eu en main le pouvoir absolu, et
8fi pTor.KMKK \. «(iTru il i.Miivnr
chacune d'elles pendant un assez long espace de temps, sans user
des droits qu'elles avaient de fafre Irapper des monnaies? Nous
osons nous prononcer pour l'affirmative, et pour la princesse
qui nous occupe, il est logique de penser que pendant le temps
qu'elle gouverna l'E^'ypte, elle dut émettre des monnaies, et
même en très-grand nombre. Au départ de Phvscon, le trésor
était vide, et il serait oi-eux d'adiuettrc qu'à une époque aussi
ealamiteuse, les ateliers eussent été formés. Il serait aussi ridi-
cule de supposer que l'on eût continué à frapper au tvpe du
souverain chassé de ses États, d'autant plus que le peuple
égyptien était continuellement en guerre contre ce tyran, iiui
faisait des etf'orts inouïs pour ressaisir la couronne et qui la re-
prit en effet par les armes. Il est donc logique, répétons-le, de
penser que la reine dut faire frapper un nombre de monnaies
relativement assez considérable. Elle avait des titres autrement
importants à ce droit de monnayage que la reine Séléné, à la-
quelle tant de savants ont donné des monnaies et qui n'a jamais
été en position d'en faire frapper, comme nous avons essayé de
le démontrer ù la fin de la note placée après le n'^ 401.
Ptolémée X, SOTER II LA^HYRE
(Première période : rè^'tie 10 ans, du 21 sept. 117 à l'an 107 avant .I.-C.)
Fils aine d'Evergète, II, Physcon et de Cléopàtre III. Le roi en
mourant, laissa la couronne à sa femme, lui dotuiaiit ainsi toute liberté
d'appeler au trône qui elle voudrait de ses fils. Elle s'empressa de
choisir le plus jeune, Ptolëmée Alexandre I'^ dont le caractère parais-
sait faible et irrésolu; elle espérait gouverner elle-même sous le nom
de cet enfant, mais les Alexandrins semblèrent comprendre les inten-
tions de cette femme astucieuse : ils la contraignirent à donner à La-
thyre, le fils aîné, la couronne d'Egypte, et à reléguer au serond rang le
jeune Alexandre, qui fut en effet investi de la royauté de l'ile de
Chypre
Cléopàtre sembla souscrire de bonne grâce à la volonté du peuple,
et posa la couronne sur la tête de son fils aîné ; mais elle trouva le
moyen de susciter à ce dernier tant d'embarras et de difficultés, qu'elle
le contraignit à quitter l'Egypte et à aller échanger en Chypre sa cou-
ronne contre celle de son jeune frère. Lathyie resta donc possesseur de
PTOLEMKE \. >OTnR 11 HTllVRi: ^/
ce royaume jusqu'à la mort de sa mère, époque à laquelle son frère fut
définitivement chassé de l'Egjpfe. Lathyre vint alors reprendra 1
couronne de ses pères, et il gouverna encore le royaume d"Egypte pen-
dant 8 années, de l'an 88 à £1 avant J.-C.
334. — Tète diadémée de Soter à, droite, avec l'égide.
^. riTOAEMAior lîASiAF-as. Aigle sur un foudre, à gauche;
devant, lu (au '^) ; derrière, ma. (Oraclimo du poids de 3 gr.)
Gravée, pi. VI. . AR ^
3.35. — Même pièce, avec Lr (an 3). Didrachme. AR '
Celte monnaie est très-oiydée et a perdu de son poids à
cause de cette oxydation; elle ne pOse plus que D grammes.
7 décigr.
330. — .Même pièce, avec la (au 1). AR '
337. — Même pièce avec li: (an 0). AR
M. Ch. Lenurm»nt classe cette pièce à Evergètes II, Gly^jt., pi. 88,
n. 4.
338. — Même pièce, avec lz (an 7). AR'
339. — Même pièce, avec lu (an S). Gravée pl. VI. AR
340. — .Même pièce, avec La (an 9). AR'
Excepté les n"' 3.37 et 338, qui piîsent 14 grammes, les autres
varient entre 13 grammes et 13 grammes 5 décigr.; mais le
métal est de bon titre.
311. — Tète d'Ammon, diadémée à droite.
K. HT BASiAEiis. Doublo cornc d'aliondance ceinte
d'un diadème. Gravée, pl. VI. M "
Mionnet, VI, n. 217 : il la classe bien à Soter II.
ï fï.
313.— Mèmepièce;àgauchedescornesd'abondance,y, adroite; ^
Gravée, pl. VI. M*
Mionnet, VI, n. 2l4,aumème règne, etCh. Lenormant, G?i//)(/ji(e
pl. 87, lettre D.
343. — Même pièce ; à gauche, s ; à droite, a. M *
Mionnet,. VI, n. 216, également au môme règne.
314.— Même pièce ; à gauche, ~; à droite, ^ ? jE*
88 l'TOLEMÉE \I ALE\ANnRE l"
V C
345. — Autre variété; à droite, Q à gauche, E. \ .-E
M. Cb. Lenormant (1) pensait que les lettres, placées sur
le n" 342, pourraient s'interpréter par Dieu sauveur ©Eos
saXHP qui était le surnom de ce Ptolémée; les variantes que
nous remarquons dans les n. 344 et 345 doivent être consi-
dérées comme des fautes commises par les graveurs des coins.
346. — Tète de Jupiter Ammon a droite.
ii(. nTOAEMAiov CAïiAEn:: fleur de lotus. ^E •
Mionnet, VI, n. 380 et Ch. Lenormant Trésor de Glyptique,
pi. 89 D. 4.
346. {bis) Même pièce d'une fabrique plus barbare. M ^
246. (;e?') Même pièce à gauche du Lotus , q à droite £. .lE '
Voici encore un pièce acquise depuis la gravure des planches
elle donne le droit de retirer des incertaines ces pièces au
lotus puisqu'on y lit les lettres m. ©E placées de la même ma-
nière que sur le n. 342, elle confirme aussi l'époque d'émission
des n. 400 et 401 sur lesquels nous avons si longuement déserté.
Ptolémée XI ALEXANDRE I"
(Première période, comme roi de Chypre : règne 8 ans, de 115 à 107
avant J.-C.)
Comme nous l'avons mentionné au règne précédent, Cléopàtre
n'ayant pu réussir à placer ce jeune prince sur le trône, au détriment
de son frère aîné, lui fit donner le royaume de Chypre ; mais, sept ans
après, elle accusa Soter d'avoir voulu la faire périr, et elle produisit
comme preuve de cette tentative d'assassinat plusieurs eunuques ,
qui se montrèrent couverts de blessures vraies ou simulées, et Soter
fut contraint de fuir et d'abandonner la couronne à son frère cadet.
Alexandre se rendit avec enipiesseraent auprès de sa mère. Cléopàtre,
ne trouvant pas dans ce fils toute la docilité qu'elle en attendait, tenta
(1) Trésor de Glyptique ; rois grecs , page 1G7. Le célèbre acadé-
micien a omis de_corriger son épreuve il a laissé ïtJTBPOS 0EO2.
A M a s s o n se
Iinp Lenierci*"r el C"
PTOLÉMÉE ALEXANDRE P5 ( koi de Chypre ) CLEOPATRE II! ET SOTER II ■>■
CLEOPATRE III ET ALEXANDRE PJ" ALEXANDRE l^I- ( Roi d'Eç^vpte )
(LÉOPATRE III ET PTOLEMEE X, sAtER II 89
de s'en débarrasser par un meurtre ; mais Alexandre la i>révint et la
fit pi^rir. Ce parricide exasp(?ra les Alexandrins à un tel point, qu'ils se
rOvoltèreut et chassèrent ce tyran pour rappeler son frère Soter !I.
Alexandre régna en tout 27 années, dont les 7 ou 8 premières en
Chypre.
'.Ml. — Tète fliadérnée de Soter à droite avec l'égiile.
K. nTOAEMAiov iSAïUBjï. Aigle sur un foudre à gauche ;
devant, Li (an 4) ; au-dessus de la date, une coiffure ou
un diadème ; derrière ri a. AR "
C'est avec la plus extrême réserve que nous classons cette
première pièce à Alexandre; l'exemplaire décrit est loin d'être
beau et caractérisé; un second exemplaire pourrait modifier
notre attribution.
318. — Même tète.
i^. Même type, mais l'aigle ayant un sceptre sur l'aile;
devant, lu (an 8) ; une étoile au-dessous de la date, der-
rière, ILV. Gravée, pi. VU. AR "
M. F. Lenormant. page 21 et pi. VI, n. 3 Ce savant classe cette
pièce au règne de Soter II. Ici l'époque est admirablement adaptée à
la pièce, mais on ne peut admettre que cette monnaie ait été frappée
pour Soter, puisque Alexandre était le souverain de l'île de Chypre
pendant cette huitième année.
Ces deux médailles sont de meilleure fabrique et surtout
de meilleur aloi que celles des dernières années de Physcon.
L'une pèse 13 gr. 5 décigr., l'autre 11 grammes, poids parfai-
tement normal. Elles ont très-vraisemblablement été frappées
toutes deux à Paphos, dans l'île de Chypre ; elles ont dans le
champ du revers les sj'mboles mentionnés page xxiv de notre
introduction.
CLEOPATRE III et Ptolémée X, SOTER II.
(117 à 107 avant J. C.
Nous avons déjà relaté une partie de la vie do cette princesse dans
les notices sur sa mère et ses doux fils; on a pu lire eu effet qu'elle
avait épousé le mari de sa mère et cela du vivant de cette dernière.
Elle eut de Phi/sron. qui était aussi son oncle, deux fils et trois filles.
8
90 CLÉOPATRE III BT PTOLÉMEE X, SOÏER 11
Pendant la vie do ce despote, elle fut en tout point sa digne compagne ;
ells suivit réellement sa bonne et sa mauvaise fortune : aussi le roi
en mourant, connaissant ses instincts, ue trouva rien de mieux pour
n'compenser son dévouement , que de lui abandonner la souverai-
neté. Il lui laissa donc le moyen de pouvoir pouverner l'État elle-
même, puisqu'elle avait le droit absolu de choisir celui de ses fils qui
accueillerait le mieux ses vues despotiques. Comme nous l'avons
relaté, elle choisit le plus jeune, celui dont le caractère lui paraissait
le plus indécis, donc le plus facile à dominer; mais en agissant ainsi,
elle avait compté sans son peuple qui sut la forcer à donner la cou-
ronne à qui de droit. On a vu comment elle sut cependant en venir à
ses fins en détrônant l'héritier légitime. Si elle satisfit pendant
quelques années sa passion des honneurs, elle en fut cruellement
punie, puisque ce fils chéri devint le meurtrier de sa mère : cette prin-
cesse mourut en elTet assassinée l'an 89 avant Jesus-Christ.
.349. — KAEonATPAi; B.iii.UïïHS. Tète de Jupiter Ammon a droite.
^. iiTOAEiMAior BASiAEns. Deux aigles sur un foudre à
gauche ; devant, une corne d'abondance ; entre les pattes.
D'un des deux aigles, ha eu monogr. pi. XII, n. 11 (Frappée
à Panopolis?) Gravée pi. VII. JE, "
Mionnet, VI, n. 211.
350. — Même pièce d'un style dilTérent. ^ "*
351 . — Même tète, sans légende.
1^. Le même, sans monogramme. ^E ^
Mionnet, VI, n. 244, et Ch. Lenormaut, Glypt. à Ptol.MUéc \Ul
et IX, pi. 87, lettre J.
352. — Même monnaie. ^E '
353. — Même pièce. ^ ^
Mionnet, VI, u. 249, et Ch LetiovmaQ.t,Gli/pUque,]jl. 87, lettre H.
aux mômes règnes.
354. — Même pièce. jE '
354 bis. Même pièce. pot\
355. — Même monnaie d'une autre fabrique; un diadème entoure
la corne d'abondance. Gravée pi. VII. ^E '*
Cette monnaie est la seule de la série qui paraisse avoir été
réellement frappée à une époque postérieure au règne de
Cléopâtre III.
cLi;oPATni; m et i'Tolemee x, soteii ii 91
'SÔG. -- Même pièce, une fleur ;\ trois pétales; le lotus devant les
aigles. Gravée pi. VII. JS, ^
357. — Même pièce, la llour d'une forme différente. ^-E '"
3jS. — Même pièce, sans auean symbole devant les aigles;
entre les jambes du i)remier, le monogr. tv. Gravée,
pi. VII. M '■
Mionnet, VI. n'^ 190, à Ptolerae'e Evergète II, et la pièce suivante,
n" l'J'2, au même rtgue.
3ô'J. — Même pièce, avec ^. -'E '-
300. — Même pièce, avec P. -^^ '"
Mionnot, VI, n. 2-11.
301. — La même, sans lettres. ^^ '"
302. — Même pièce. -'I'^ ''
303. — ;Mème pièce ; l'aigle de droite avec une corne d'abondance
sur l'aile. Rare et belle pièce. ^ " '/..
Dans notre catalogue déjà cité (1), nous avions laissé
entrevoir que ces grosses monnaies de bronze nous avaient
beaucoup préoccupé. Depuis l'époque de cette publication, nous
n'avons jamais manqué de faire tous les rapprochements possi-
bles pour les pièces qui nous passaient par les mains ; nous
sommes arrivé à cette conclusion, que leur première émission
remonte aux dernières années du règne d'Evergète l'' , vers
225 avant Jésus-Clirist, et que ce monnayage incommode n'a
cessé que vers l'année 7 ou 8 du règne de Soter II et de sa
mère Cléopâtre III : cette fabrication aurait donc duré un temps
énorme, 110 ans environ. Toutes les monnaies que nous pu-
blions ici avec les deus aigles au revers sont plus ou moins
belles de travail, mais elles paraissent presque contemporaines.
Sur l'avant dernière pièce les aigles sont d'un style remar-
quable; on pourrait la croire de beaucoup antérieure, mais la
tête de Jupiter est réeHement conforme aux têtes figurées sur
les autres pièces : le module extraordinaire de la médaille aura
(1) Catalogue d'une collection de médailles des rois etdes villes, page57ii.
02 r.LiîopATnic m et ptoli.mki; \i, M,E\AMinK i"
sans doute laissé plus de facilité à l'artiste puur l'exécution des
aigles du revers.
On pourrait certes avec raison reporter ces médailles au règne
de Cléopàtre avec son second fils; mais, s'il en eût été ain.-i, cette
femme orgueilleuse n'eût pas manqué de mentionner les doubles
dates comme pour les n ^ 30 I, 3U5 et oG5 hU. Là, sa personna-
lité occupe toujours le premier rang. Ses dates figurent en effet
en première ligne, celles de son fils sont inscrites au-dessous.
Pendant le règne de son fils aîné, les pièces pouvaient être
indifiéremment datées ou non datées, les deux règnes ayant la
même année pour point de départ. Ce fait est relaté par un
papyrus de la Bibliothèque Impériale, daté du 0 Epiphi de
l'an IV de la reine Clcopdtre et dit roi Ptolcim'e, — Dieux
Pliilométofs et Sot ers, date correspondante au 25 juillet de
l'an 113 av. J.-C.
On peut donc espérer avoir la preuve par les pièces précé-
dentes de Soter II et aussi par celles de Cléopàtre III, qu'il fu
frappé des monnaies pour Soter seul et aussi aux noms du roi et
de sa mère ; que celles qui ne portent pas le nom de Cléopàtre
ont dû être émises dans le commencement du règne ; enfin, la
reine, par un faus semblant de modestie, et à cause sans doute
de la rude leçon qu'elle avait reçue de ses sujets, ne signa pas
d'abord les monnaies d'airain de son nom, mais y fit ajouter un
second aigle au revers, pour aflirmer une double puissance dans
l'État, la sienne et celle de son fils. Sous le règne suivant, le
même fait semble encore se renouveler. (Voir les n"' 3o4, 305
et 305 bis déjri cités.) La reine tient la première place ;\ cause
de ses dates, mais le nom du roi seul figure sur les monnaies.
CLÉOPÀTRE III et son second fils
PTOLÉMÉE XI, ALEXANDRE ^^
(De 107 à 89 av. J.-C.)
^U-1, — Tête diadémée de Soter à droite avec l'égide.
lî. iiTOAEMAiov DASiAEQi:. Aigle sur un foudre à gauche;
devant, "^l ^f^'î/g; derrière, ua. Gravée, pi. VIL AR "
CLKOPATRK III ET PTOLDMÉE XI, ALEXANORE !■ '■ <,)3
365. — Même monnaie, avec ^" r" ^J ; derrière, n.v. aR •
305 bis. Même piècp, avec ^"^ ^^^^ ^''•) également avec iiA der-
' ir (an 13) riere. AR ''
Les trois monnaies que nous venons de décrire sont, il nous
semble, d'une très-grande valeur pour notre système de classi-
fication ; le caractère des tètes, la fabrique de toutes les pièces
d'argent décrites ci-dessus ù Soter II, et celles-ci après
Alexandre l", sont toutes d'une identité frappante comme style ;
Là encore on a semblé prendre à tâche de n'adopter qu'un type
pouroes règnes simultanés; donc ces monnaies sont incontestable-
ment des deux fils de Pliyscon et de leur mère. Nous connais-
sons encore au Musée Britannique une autre monnaie avec ces
doubles dates, celle avec LL\, dessous H l'année II" du règne de
Cléopàtre et la VHP d'Alexandre I''', qui est par conséquent la
première du règne de ce prince en Egypte. Cette pièce, ainsi que
les trois autres, porte encore derrière l'aigle, les lettres IIA.
Ceci démontre, il nous semble, d'une manière tout à fait péremp-
toire que ce mot ha n'indique nullement, ici du moins, la ville
chypriote de Paphos. Il serait positivement extraordinaire d'ad-
mettre que Soter II, qui régnait en maître dans cette île à
cette époque, eût laissé frapper des monnaies avec les dates des
règnes de ceux qui l'avaient si maltraité en usurpant sa cou-
ronne.
Si on ne connaissait qu'une ou deux variétés de pièces por-
tant ainsi ces doubles dates, on pourrait évoquer des noms de
magistrats, mais nous mentionnons ici quatre monnaies dont
le doubles dates se suivent et concordent jmrfaitement. Or
cette période d'années, dont la plus basse est celle même de l'a-
vènement au tronc d'Alexandre 1 "■; ces dates, ainsi placées,
nous paraissent des preuves indiscutables et qui suffiraient,
même en l'absence des arguments fournis par les anciens au-
teurs. Mais les textes authentiques viennent encore fortifier nos
attributions.
Porphyre (1) mentionne en effet que la première année du
(1) Apuil Euselj. Chron. Edil. (l.>'Milai), paire 117
94 PTOLÉMÉE XI AI.KXANDnK V
rôgno d'Alexandre l^fut considérée comme la huitième (ses
années de règne en Clivpre devant lui compter), tandis que sa
mère datait de la onzième année, c'est-Li-dire de tout le temps
qu'elle avait régné avec Soter II. Le papyrus Grec publié par
Bœckh (I) vient aussi parfaitement corroborer le dire de Por-
phyre ; cet acte est daté du 29 tiln de l'a» douce, du règne de
Cléopâtre, la neuvième du règne de Ptoléinée Alexandre. Ov,
nous citons justement les deux médailles qui sont en parfait ac-
cord avec les deux documents rappelés ici.
Le poids de toutes les pièces ci-dessus est généralement
normal, 14 grammes; mais pour les suivantes les poids sont
très-variables. Le titre du métal baisse aussi sur (quantité de
pièces; les essais n'ont produit que S71 millièmes; sur la fin
du règne, le titre remonte jusqu'à 005 millièmes.
PTOLEMEE XI, ALEXANDRE I"
roi cl Egypte (2).
Pendant 19 ans, de l'an 107 au 14 septembre 89 avant .I.-C. (Voir
la notice sur ce souverain à la première partie de son règ-no, page 8S,
avant le n. 347.)
3GC. — Tète diadéraée de Soter à droite avec l'égide.
B). nxOAEMAiov BAriAEOs. Aigle sur uii foudro à gauche;
devant, lia (an 14); derrière, iiA. AR "
367. — Même pièce, avec lie (an VS). AR ''
308. — Même pièce. Lir. (an IG). AR '
M. F. Lenormant, page 20 et 22, et planche II, n ' 3, classe
ces pièces aux derniers règnes des Lagides. Il dit en citant
les monnaies de cette série : « leur métal est à plus bas titre que
» celui des tétradrachmes de Paphos, et la plupart mémo sont en
» bronze saucé. Il est donc évident qu'elles ont été frappées
(1) Journal des Savants, année 1S21, pa;.'. 53(3 et suiv.
(2) Des monnaies îles six, prem ères années J',-Vlexaii<lre comme rui il'K-
jypte, ont (lii être frappées prohabiement avec les doubles ilales.
7
PTOLEMEE XI. ALRXANnnt! I" 05
» dans un temi^s de décadence et de misère, vers la fin del'era-
» pire des Lagides.
Nous n'avons jamais rencontré de pièce de cette série en mé-
tal aussi bas que M. Lenormant semble rinditjuer; il aura sans
doute confondu les pièces du règne d'Aulète avec celles de celui-
ci. Un fait très-important à mentionner, c'est que seulement à
partir de l'année 18 du règne, le type de tète change complète-
ment : la figure du souverain prend un caractère assez énergique;
la face en est large, l'œil gros et animé, comme on peut le re-
marquer par la figure n' 374 de la planche VII. Toutes les piè-
ces du commencement du règne de Cléop^ltre et do son fils sont,
comme nous l'avons déjà relaté, a un type fixe. Voyez les
n" 334, 339 et 3G4 des planches VI et VII.
360. — Type dos pièces précédentes; liz (an 17). aR
370. — Même type. lui (an 1<S). AR '
371. _ Même type. lih (an 19). AR '
Ch. Lenormant, Glyptique, pi. 88, n. G, à Ptolomc^e III.
372. — Même type. lk (an 20). AR "
.373. — Même type. lka (an 21). ' AR *
374. — Même type. lkp. (an 22). Gravée, i)l. VII. AR •
375. — ^Nlème type. lka (an 24). AR '
37(3. — Tète jeune et imberbe à droite, couverte d'une peau d'é-
léphant.
{■j. — nTOAt:MAior basiaedi. Aigle cployé à gauche sur
un foudre. M ''
377. — Même pièce, d'un style différent. M ^
.378. — Autre variété. M '
379. — Même type, a entre les jambes de l'aigle. JE. °
380. —Même type; entre les jambes de l'aigle, a. M*
381. — .\utre variété. id. E. id. JE.^
382. — id. id. id. A. JE^
383. — id. id. id. 0. M^
384. — id. Le monogr. de Tyr n' 25, TV. Gravée, pi. VII M '
96 PTOLÉMÉr XI. ALEXAMlIiK 1"
38û. — Même tj'pe; devant l'aigle, iiP nionogr. lU.
(Frappée à Héracléopolite?) /E ^
38G. — Même type; devant l'aigle, une massue. M '
387. — Même pièce; Ev et ka sur deux lignes. (Frappée à Eves-
péris?) pièce très-rare. Au ^
Mionnet, VI, n. 227.
388. — Même type; devant l'aigle, un épi ; sous cet épi, ai. (Frap-
pée à Diospolis ?) JE '■'
389. — Même médaille; devant l'aigle, sur trois lignes : 1" le mo-
nogr. pi., XII, n. 4. 2" Un bouclier ovale. 3" xap également
en monogr. pi. XII, n. 12. ^E ^'
Le premier monogramme figure également sur les n'" 12,
13, 27 à 30, 50 a 03, et le deuxième sur les n"', 47, 58 à 01,
130 et 131.
390. — Même type, avec xa, monogr. n. 10, devant l'aigle. .'E ^
Ce monogramme se retrouve également sur les n", 21, 42,
70, 101 et 134. Voir, après les n ' 21 et 102, les notes sur ce
monogramme.
301 . — Même type ; devant l'aigle, une corne d'abondance, et entre
les jambes, xp monogramme, pi. XII, n. 55. JE '
392. — Même médaille. ^E -
Ce monogramme du nom de Chrestos ? Charéas ou tout autre
nom commençant par les lettres chr figure également sur quan-
tité de pièces classées plus loin aux incetaincs. Nous avons re-
trouvé ce même monogramme sur une magnifique pièce d'argent
du Musée Britannique, au type de la reine Bérénice II. Or les
deux pièces ci-dessus, ainsi que celles classées aux incertaines,
paraissent parfaitement d'une fabrique contemporaine des mon-
naies de Ptolémée III, Evergète pr, et elles devraient être res-
tituées à ce règne.
393. — Même type; devant l'aigle, a. -'E '
394. — Même pièce, avec iiv ou vu, monogr. pi. XII, n. 14. JE '"
Mionnet, VI, n. 230. Frapp<?e i)i'oljablemeat à Hypaton. Ce même mo-
nogramme figure sur le n. 40.
rTOLÉMÉE XI, ALEXANDRE Kr 97
305. — Même tète.
li). nTOAKMAior DAiiAEor. Aigle sur un foudre à gauche ,
se retournant, ajant une corne d'abondance sur l'aile ;
entre les jambes , la lettre e. ^E '^'
390. — Même type, id. ; la lettre a. ^ <^
.'397. — Même type, sans lettres; un trident devant l'aigle. ^^ '''
398. — Tête d'Hercule jeune, à droite.
û. — iiTo.vEMAior DAXiALov. Aigle sur un foudre à gau-
che, sans lettres ni symboles. ^ ■■
Nous avons, il nous semble, suivi à tort le classement observé
jusqu'à ce jour par la généralité des auteurs pour les pièces de
cette série de monnaies de bronze ; la plupart des savants qui
les ont classées à Ptolémce Alexandre l ', n'ont été guidés que
par la ressemblance du type do ces médailles avec celles d'A-
lexandre le Grand, et aussi un peu par leur analogie avec
celles que l'on classait alors à Cléop.Ure 111 , la mOre des rois
Soter II et Alexandre l '.
Si les hommes éminents qui ont tait ces attributions avaient
un peu mieux observé le travail d'art de la majeure partie des
pièces, ils auraient fait sans nul doute la remarque qu'elles
étaient généralement trés-antérieurcs il l'époque qu'ils leur
assignaient; le type mémo aurait dû, il semble, être pour eux
un gidde certain. Du cilêt, et les modules, et les types, sont
en tout point conformes aux monnaies d'Alexandre le Grand
et de ses premiers successeurs. Le travail artistique en est
également contemporain. Le n ' 3S4, que nous avons fait graver
sur la planche VU, atteste la plus belle époque de l'art mo-
nétaire en'Egypte. Que l'on compare toutes ces pièces avec
les dernières monnaies d'Alexandre le Grand , et on sera
convaincu de La justesse de nos observations. Nous pensons
que cette série devrait être reportée aux trois premiers Pto-
lémée, les n"' 88S à 391 à Soter I ou à son fils, les mono-
grammes étant identiques avec les pièces de ces deux règnes.
Les n" 389, 392 et 393 à Ptolémée III ; mais le plus sage
serait peut-être de reporter provisoirement toute la série aux
monnaies incertaines des Lagides.
98 CLEOPATRE V '. BERENICE
Il nous semble aussi que c'est parfaitement ;\ tort, que de
tout temps on a donné à Ptolémée Soter"II, et à son frère
Ptolt'mée Alexandre l"', des séries de monnaies comme ayant
été frappées sous leur puissance personnelle ; tout en recon-
naissant que c'est une faute très-grave, nous avons cependant
suivi ces errements pour toutes les monnaies sur lesquelles il
n'est fait nulle mention de l'autorité de la reine-mère. L'histoire
démontre pourtant d'une manière indiscutable, que tous les
actes administratifs de l'Egypte proprement dite, se faisaient,
d'abord, au nom de la reine Cléopàtre qui seule régnait de
droit ; le nom du roi son fils, ne venait jamais qu'après le sien,
donc nous aurions dû aux pages 86 et 9-1 faire précéder le nom
de Ptolémée Soter II, et de Ptolémée Alexandre 1"^ de celui de
leur mère de Cléopàtre III ; mais cela eut, il semble, compliqué
nos divisions, et rendu moins claires les notes sur les pièces
qui portent réellement les signes de la double autorité.
CLEOPATRE V? Soter (appelée aussi
Bérénice.)
(An SI av. .I.-C, rèctie 6 mois.)
Cette princesse était la seconde fille de Soter II ; elle portait
comme sa so^ur atnee le nom de CIéop;Vtre (1). A la mort Je Ptolémée
(1) Porphyre, aptid chvon Kuseb., page 225, dit que cette sœur
de la femme d'Alexandre \" se nommait également Cléopàtre ;
d'autres auteurs lui donnent les noms de Bérénice-Cléopàtre; la ver-
sion de Porphyre doit être la bonne ; on voyait en etTet à cette
époque plusieurs princesses de la même famille porter le même
nom, témoin les trois filles de Ptolémée Evergète II Physeoii, qui se
nommaient la première Cle'opàtre, la seconde Cléopàtre Tryphène,
et la troisième Cléopàtre Séléné.
Il est vraiment difficile d'admettre que Cléopàtre V ait aussi porté
le nom de Bérénice, on ne voyait jamais de princesses portant deux
noms grecs, les trois dernières Cléopâtres que nous avons citées ont
bien chacune deux noms, mais le second est tout simplement un
surnom. Y aurait-il ici une confusion encore plus grande que nons
ne le pensions d'abord, Soter II pourrait parfaitement avoir eu trois
VIII
A y[.\zzon se
!rnp Lemercier e'^. C'" Par-.j
CLEOFATRE V '' CLEOPATRE V ET PTOLEMEE XI! ALEX.A.NDRE II '
PTOLEMEE X!l! AVLETE CLEOFATRE VII CLEOPATRE Vli ET MAFX ANTOINE
CLÉOPATRE V? UÉnÉMCE 99
Soter II, elle se trouva, au dire des historieos, la seule héritière
légitime des Lagides re'sidaot en Egjpte. Son père lui le'gua la cou-
ronne. Sylla voulant placer sur ce ti-one, qu'il considérait comme
filles : deux du nom de Cle'opàtre, l'autre nommée Bére'nice, cela
concilierait tout. Et rien ne doit sembler impossible à cette basse
t'poque où les historiens ont même quelquefois omis dans leurs listes
chronologiques des noms do souverains qui sont inscrits en toutes
lettres sur les monuments contemporains de leur règne.
Le nom de Cléopàtre, porté par les deux filles de Soter II, a été
la source de nombreuses erreurs commises par les biographes : citons
entre autres : 1" M. de Saint-Martin, homme d'une rare érudition, qui
dans le tome x\xvi de la Bivgraphie Michaud, page 239, à l'article
Ptolémée Soter 11, dit : <■ Sa fille Cléopàtre , veuve de Ptolémée
Alexandre l"^, cjui lui succéda, n'occupa le trône que six mois envi-
ron « Et à l'article Ptolémée Alexandre II , même vol., page 242, il
dit a -Encore : que Sylla fit déclarer roi Ptolémée Alexandre II.
qui partit aussitôt pour l'Egypte, où il épousa la reine Bérénice
Oléopàtre, sa belle-mère, etc. » Or, la Cléopàtre dont le nom est si
souvent cité,devait être morte plusieurs années avant le mariage d'.A-
lexandre II : elle avait péri avec son mari et toute sa famille dans le
combat naval livré par Ch:eréas près d'.Alexandrie. Ce fait est relaté
plus loin dans le passage que nous citons d'après Charapollion-Fige.ac.
2' Letronne, si célèbre à tatit de titres, surtout lorsqu'il s'agissait
do recherches- sur les dates des faits historiques et sur les noms des
personnages de l'antiquité, semble avoir commis une triple erreur
dans l'article dvjX cité de la Reçue Numismatique, année 1843,
page 168, article où il relate les faits de l'histoire de Soter II, au-
quel il donne le nom de second Philadelphe. Selon lui , ce titre se
rapporterait <t à son attachement pour cette aœur Cléopàtre, que les
Alexandrins avaient toujours chérie, et que son beau-fils Alexandre II
avait si lâchement assassinée. Or ici le titre de Philadelphe n'a
aucune raison d'être invoqué, puisiiue cette Cléopàtre était la fille
de Soter II et non sa sœur ; et comme nous venons déjà de le rehUer
ci- dessus, cette reine était la sœur de la mère d'.Alexandfe II. et
alors seulement la cousine et la tante de ce dernier.
Nous n'avons à apporter d'autre preuve des erreurs signalées ci-
contre, erreurs commises par les hommes les plus éniinents et de-
vant le jugement desquels chacnn s'incline, qce le témoignage d'un
savant également contemporain. CharapoUion-Figeac, dont l'exactitude
peut être certainement quelquefois contestée, lorsqu'il s'agit des dates
des faits historiques et surtout de ses citations d'après les anciens au-
teurs qui les ont relatés. Mais ici (îliampoUion semble avoir Complè-
tement raison lorsqu'il dit. Annales des Lagides, tome II, page 226,
eu racontant la dernière défaite de Ptolémée Alexandre P'' : « Sur
100 cil.ÉOPATRE V? BlinÉMCK.
vacant, un fils de l'tol(?mf'o Alexandre I-"-, fit reconnaître ce
prince par le sùnat comme souverain de l'Egypte et l'imposa comme
« mer, il fut battu jtar Cbae'n'as, et il perdit la vie dans ce combat
» auquel sa famille ne survécut pas. Il avait eu plusieui's enfants de
» Ck'opàtre, fille de son frère Soter, et un seul, bien jeune encore,
j> qu'il avait laitsé à Cos, lesta de cette catastrophe, n
Plus loin, page 231, il dit encore, au sujet des statues que les
Athén/ens avaient e'lev(?e3 à Soter II et à sa fille, cpio ces statues
n'avaient e'te' e'ievées que dans la dernière année du second règne de
Soter II : « Puisque ce ne fut que dans la première de ce même
» règne que Cle'opàtre, sa fille aîue'e, maiàe'e à P tolèmi^e Alexandre 1",
» son frère, périt avec lui, dans le combat naval où Cha.-reas le vain-
» quit, etc. u
Si on n'avait pour base que l'opinion de Chamnolliou, elle poui'rait
être facilement contestée, mais on possède une preuve qui semlile
indiscutable et cpii démontre cj^ne la femme d'Alexandre devait être
morte au moment de ravéuomeut au trùne de Ptolénie'e Alexandre II.
Pausanias dit, en effet, livre I'-"", cbap. 9,3 : « .Vprès la mort de Phi-
lométor, les Athéniens lui élevèrent, ainsi qu'à sa fille, des statues
de bronze dans l'Odéon. » Il appelle cette fille Iicrcmce,at il .".joute,
qtd était sa seule fille léyttime.
Or. d'après Pausanias, il parait hors de doute qu'.au moment de la
mort de Ptûlcmi>e Soter II rhilor,u}tOi\ il ne restait qu'un seul en-
fant légitime: cpie cet enfant était bien la Cléoiiàtre ^' nommée
ainsi par Porphyre, etBéréaice par d'autres auteurs; donc, la sreur
aînée de cette Cléopàtre, la femme d".\lexaudre P''', était parfaite-
ment morte et qu" .Alexandre II n"a par conséquent pu jamais épouser
sa mère ou sa belle-mère, comme le témoignent les deux savants
cités ci-dessus, ainsi que la plus grande partie des biographes modernes.
Uns autre preuve qui semble en^^ore des plus concluantes pour
démonti'er que Ptolémée Soter II Philométor avait plusieurs filles
légitimes, c'est ce que dit Letronne eu relatant le fait de l'expulsion
de Ptolémée Alexandre 1'''' du trône, liecueil des inscriptions
grecques de VEyijpte, tom l.page 64.
Porphyre raconte :
et Alexandre fut pour3uI\i et battu, dans un combat naval, par
» Tyrrhus (ou plutôt Pyrrhus), général et parent des rois, et obligé
» de fuir avec sa femme et sa fille, à Myra de Lycie. ,»
Comme on le voit, il est ici parfaitement constaté que, en Fan 89
avant J.-C, au moment où .Alexandre P'' venait d'être chassé de
l'Eg-ypte, il fut battu et forcé de se retirer à JMyra avec sa femme
et sa fdle.
Or, en cette même anné 89, une fille de Ptolémée Soter II Philo-
métor, régna seule en Egypte pendant un laps de temps encore assez
CLÉOPATnE V? behkmce 101
niai'i à sa cousine, qui était dijà reconnue reine par ses sujets (1). A
peine au pouvoir, Ptole'mée Alexandre II fit assassiner Cléopàtre, qui
n'avait con^eati au mariage qu"aveo une extrême répugnance ; cette
malheureuse princesse connaissait sans doute les instincts iV-roces de
ce tyran.
H'M. — Tète diadémée de la reine, sous les traits de Véiuis, un
sceptre sur l'éptiule, et le buste de Cupidon sur la poitrine,
li;. kAEoiiATP.v: BASiAnsus. Double come d'tiboudance rera.
plie de fruits, ceinte d'un diadème: ;\ cùté, dans le champ.
KvriP, en monogramme, pi. XII, n. 5'j. (Frappée en Chy-
pre.) Gravée, pi. VIII. JE *
Mionnet, VI, n'> 2ri4. Ch. Lenormant. Gh/ptiquc, pi. 87, lettre M., et
F. Lenormant, Lngiiles. page 9 et pi. 1, u" 2. Tous donnent cette
pièce à la dernière Cléopàtre.
Cette médaille, d'une assez grande rareté, a été classée par
presque tous les- savants à la fameuse Cléopdtre d'Antoine ,
malgré le manque de ressemblance dans le caractère do tête,
qui n'a aucune analogie avec les pièces de style égyptien,
(chose qui ne peut exister, puisque ile tout temps les émis-
sions chypriotes furent tellement identiques, qu'il est presque
impossible de discerner celles des pièces frappées dans cette
île avec celles d'Egypte.) Il parait en effet difficile d'admettre
que les Chypriotes aient émis des monnaies pour cette reine
galante, sans suivre le type égyptien; type qui, comme pour
toutes les pièces de cette époque, frappées dans ce pays, ne se
dément pas, de la première à la dernière année des règnes de
chaque souverain; nous voyons en effet la petite monnaie d'argent
de Cléopàtre, de l'an G (2), du Cabinet Impérial, ressembler en
tout point aux innombrables pièce de bronze de la même reine,
frappées également en Egypte pendant tout son règne.
long,' puisque Soter ne revint en Egvpte que Tannée suivante,
reprendre la couronne que sa fille avait portée pour lui jusqu'à son
arrivée; donc, il semble très-bien constaté ici, que Sotcr II avait
alors deux filles, l'une qui avait suivi son mari dans l'exil, l'autre
qui occupa provisoirement le trùne d'Egypte en 80 et 88 avant J. -C.
et une seconde fois en l'année 81. Reste maintenant à découvir le
nom exact de cette souveraine. Si elle ne portait pas le nom de Cléo-
pàtre tout ce passage devrait être supprimé ainsi que tout ce qu;
coucerns Cléopàtre V et Alexandre II.
(1) Appian. Bell. Civil, lib. I. § 102.
(2) Mionnet, VI n^ 258. '
102 CLEUPATRli V? BKREMCE
Le travail d'art de 'la pièce semble démontrer aussi que
son émission doit être antérieure au règne de la dernière Cléo-
pàtre; mêmes bords biseautés que sur les monnaies de bronze
de Soter II. Tout, jusqu'aux coi'nes d'abondance, qui sont de la
même manière de faire que le n' 3-12, semblent aussi con-
firmer l'exactitude de l'attribution proposée de ces pièces à la
seconde fille de Soter II. (In sait aussi que l'île de Cliypre
était la propriété personnelle du père de cette princesse ,
depuis la 10' année de son règne ; c'est-à-dire, depuis l'époque
où sa mère avait substitué à sa place son jeune frère
Alexandre I" sur le trône d'Egypte. Disons aussi que sous la
dernière Cléopâtre, il est peu probable qu'il ait été frappé en
Chypre des pièces à son nom seul, le préteur qui gouvernait
d'abord cette île. n'étant pas du parti des deux célèbres per-
sonnages qui jouirent tour à tour des faveurs de cette volup-
tueuse princesse. Si des monnaies ont pu être frappées en son
nom, cela n'a pu être qu'après que Marc-Antoine eût donné à
Cléopâtre la propriété de cette île, en même temps qu'il distri-
buait à ses enfants toutes les provinces conquises par lui. Or
ce fait ayant eu lieu seulement sept années avant la mort de
Cléopâtre , cette femme était alors assez âgée, et le type serait
identique à celui que nous connaissons, par les n ' 439 ;\ 412
que nous avons décrits plus loin , au règne de cette courti-
sane. Les dernières monnaies de l'oncle de CléopAtre, n'^ 409
à 412, démontrent également qu';\ cette époque l'art était
tombé si bas en Chypre, qu'il est de toute impossibilité d'ad-
mettre que cette monnaie, encore assez belle de style, ait pu y
être frappée.
M. F. Lenormant, pour appuyer la justesse de ses argu-
ments en faveur du classement de cette monnaie à la dernière
Cléopâtre, donne, page 9 et pi. I, n" 4, une pièce de moyen
bronze du Cabinet de France. Il est ;\ regretter que ce savant,
dont tous les hommes de goût reconnaissent le tact en fait de
travaux artistiques, n'ait pas examiné avec plus de soin la mé-
daille qu'il signalait. Il eût vu sans peine que le travail d'art
paraissait antérieur à l'époque de Cléopâtre, et cet examen
approfondi lui eût probablement démontré que cette curieuse
pièce était parfaitement contemporaine de celle de notre
Cléopâtre. Le monogramme KvnP semble fait par la même
main sur les deux pièces, les lettres des légendes sont aussi de
môme fabrique ; tout cela minutieusement observé, il se fût
convaincu que les deux monnaies ne pouvaient être que cou-
CLÉOPATRE V « BERENICE 103
temporaines do celles de bronze de Soter II. L'histoire en main,
il eût acquis la preuve que la pièce qu'il donnait pour con-
forter son attribution, venait au contraire la saper par la base.
En ell'et, ce nom de Ptoléniée, inscrit en toutes lettres, ne
pouvait convenir qu'à, un des frères de Cléopàtre ; or pendant
tout le temps que les deux frères ont vécu , Tile do Chypre n'a
pas cessé d'être gouvernée par un préteur romain ; les parti-
sans quand même du maintien de ces pièces à la dernière
Cléopàtre pourraient, avec raison, invoquer ici .le nom de
Ptolémée Césarion, le prétendu fils de Césîr, qui fut en l'an
36 avant J.-C. reconnu par Antoine comme roi des rois; mais
cela nous semble impossible malgré des actes constatant le nom
de ce jeune prince sur les monuments. Si sa mère avait fait
frapper des monnaies en son nom, elle eût sans nul doute ajouté
le sien à celui de son fils : et puis, répétons-le, comme on peut le
voir d'après les dernières monnaies frappées pour le frère
d'Aulète, qui régna en Chypre, n"" 433 à 430, les arts étaient
tombés dans un tel avilissement dans cette île, que les mon-
naies étaient d'une fabrique déplorable, et les pièces que nous
citons ici sont encore d'un très-beau style, celle surtout au
nom de Ptolémée.
On pourrait aussi arguer que justement le type figuré sur
cette rare médaille conviendrait cependant mieux à la dernière
Cléopàtre qu'à celles du môme nom qui l'avaient précédée; mais
sans nous faire le champion de la vertu assez contestable des
reines d'Egypte qui la précédèrent, nous ferons observer que,
malgré qu'à aucune époque l'immoralité des souveraines de ce
pays n'ait été célébrée aussi ofliciellement que sous cette der-
nière princesse, la pièce qui nous occupe peut parfaitement avoir
été émise pour la précédente reine ; d'abord, le travail d'art est
disons le encore, de beaucoup supérieur à celui des n" cités plus
haut qui tous ont dû être frappés en Chypre ; donc il y aurait
parfaitement 30 années de distance dans la fabrication de ces
pièces, laps de temps considérable pour des œuvres artistiques
produites dans un temps d'aussi grande décadence et de misère.
Si on se reporte au pays où cette pièce a été frappée, on ne
sera nullement étonné que, même la plus vertueuse des reines,
ait pu prendre sur ses monnaies un type aussi galant en appa-
rence. On sait que Vénus était spécialement adorée par les Cày-
104 PTOLÊMÉK Xll ALEXANnr.E II? ET tLÉilt'ATllE V?
priotes; les anciens poètes soutiennent que cette déesse 'naquit
dans (fette île : ce fait semblerait en eflet avoir été reconnu par
les habitants de cette contrée; le temple de ^'énus Paphia, re-
présenté sur tant de monnaies de l'époque impériale, et de plu-',
les innombrables quantités de statuettes de cette divinité, que
'on trouve journellement dans les fouilles faites en ce moment
par M. de Cesnola, aux environs de l'Arnaca; sont des témoi-
gnages en faveur des poètes et des historiens qui ont avancé ce
fait.
On pourrait également revendiquer cette pièce, ainsi que la
suivante en faveur de Cléopfitre Tripliène, fille d'Aulète, qui
occupa le trône d'Egypte avec sa sœur Bérénice durant une an-
née (58 av. J.-C), pendant que leur père était en exil. Mais
ici encore l'ilc do Cli^'pre était complètement détachée de la
couronne; l'acte d'investiture de cette ile, que Caton ordonna au
nom du peuple romain, avait été la cause de la révolte qui
avait eu pour but l'expulsion du roi d'Egypte, dont la lâcheté
avait causé la perte de cette importante contrée.
PTOLÉMÉE XII, ALEXANDRE II
et CLÉOPATRE V?
(.\u SI avcint J. C. rè-iient 19 jours.)
300 bis. — Tète diadémée de la reine, sous les traits de Vénus, ;ï
droite.
B). — nTOAEMAiov DAiIAEnî;. Double corne d'abondance.
Gravée, pi. VIII. AE '
Cette charmante petite monnaie porto encore le même ca-
ractère de tète que la précédente ; le revers a également beau-
coup d'analogie, comme travail, avec les petites monnaies de
Soter II. Elle a dû être vraisemblablement frappée ainsi que la
pièce suivante, au moment du mariage de Cléopàtre V avec
Alexandre II : cette malheureuse princesse avait tous les droits
de puissance et de souveraineté pour les proclamer et les inscrire
ainsi sur les monnaies. Son exécrable mari laissait agir ainsi la
reine son épouse, afin sans doute de mieux dissimuler ses horri-
bles projets.
PTOLE-MEE XM ALEXANDRE II? CLÉOI'ATRE V? 105
-100. — Tête cornue de Jupiter Ammon, à droite.
^. — K. A. De chaque côté d'un aigle à gauche, sur un
foudre. Gravée en bas de la planche X. ^E -
Cette rare et curieuse pièce a été depuis plusieurs années un
sujet d"études spéciales de notre part; nous en avions remarqué
un exemplaire dans un amas de monnaies diverses apportées de
Syrie, il y a trois ou quatre ans par un Arménien; cet étranger
s'était obstiné à. ne vouloir vendre que la totaUté de ses pièces et
cela à un prix exagéré : force nous fut de laisser partir la seule
monnaie que nous convoitions dans ce lot, et de nous contenter
d'une bonne empreinte en cire, sur laiiuelle nous avions de prime
abordlu les lettres K. A; nous supposions que ces deux initiales
étaient l'abréviation du nom de K'U'jZ'x-o'/.. En retrouvant un
second exemplaire de cette rare pièce, nous nous empressâmes
de la faire ajouter à la fin de notre dernière planche d'incer-
taines, ne sachant en effet ;\ laquelle des Cléop;\tres elle devait
être attribuée; mais en penchant particulièrement pour la der-
nière souveraine de ce nom, le travail artistique nous indiquait
en effet la fin de la dynastie des Lagides.
Le hasard voulut que, dans une conversation sur des abré-
viations des noms propres grecs, un savant nous démontrât d'une
manière positive que, dans ces abréviations, la première syllabe
du nom se trouvait toujours complète; ceci fut pour nous un
trait de lumière; vite de recourir à la monnaie et aussi ù l'em-
preinte : nous acquîmes alors la certitude que la première lettre
était bien le K, mais la seconde un A. Tous les doutes furent vite
levés et ce fut avec empressement que la correction fut opérée
sur la planche X, où figurait déjà cette monnaie.
Tentons maintenant d'expliquer les mots que semblent indi-
quer ces deux lettres. La première parait être incontestablement
l'abréviation du mot i0.zoT:c(zoa;; mais pour la seconde, c'est
encore avec la plus extrême réserve que nous proposons celui
d A/i|av5oov.
En proposant la solution du problème par ce dernier nom, ne
pourrait-ou pas nous dire que, sur aucune des monnaies des rois
d'Egypte, janrais le surnom du roi ne figure, sans être précédé
ou suivi de celui de nTO.uc.MAlor, nom du fondateur de la dy-
9
lOG l'TOLEMLE XII ALEXANUUE II?
nastie? Cependant, pour ceux qui sont tamiliers avec tout ce qui
a été écritsui'PtoléméeAlexandrelI, sur cet aflVeux despote qui
s'imposa à la reine d'Éirypte, et à tous les peu^iles de cette con-
trée, cela grvce à l'appui des Romains, il n'y aurait rien d'ôton-
nant que ce tyran n'eût osé rompre ouvertement avec les usag-cs
établis (1). D'un autre cote la monnaie était si petite qu'il était
fort difficile d'y inscrire une longue légende, surtout dans un tel
moment de précipitation ; et puis, répétons-le encore, l'homme
qui osait contraindre une reine j l'épouser pour la massacrer
quelques jours après, afin de pouvoir régner despotiquementseul,
devait être capable de toutes les supercheries comme de toutes
les audaces. Un seul trait semblera peut-être improbable, c'est
([u'il ait eu la courtoisie de conserver en première ligne le nom
de cette reine sur les monnaies. Il se pourrait, cependant, que les
coins de ces pièces eussent été graves avec rapidité, et proba-
blement au moment même du mariage de Cléopàtre et de Pto-
lémée; peut-ëtro même furent-ils commandés par la reine au
moment où elle acceptait l'ordre de Rome d'épouser le protégé
du sénat tout-puissant.
PTOLEMEE XII, ALEXANDRE II?
(Règne pendant l'J jours, l'an 81 av. J.-C.)
Lies biographes modernes sont oncoro en contradiction fornicl'.u
sur la durée du i-ègne do ce tj-ran. Les uns, avec raison, veulent qu'il
n'ait eu le pouvoir que pendant quelques jour.s; d'autres au contraire
lui assignent plusieurs années de régne. Eu exami.iaut avec soin les
(1) Ciceron Aijraria secunda cajj. hJ, nomme ce tyran seulement sous
le nom li'Alexander. Le même auteur, dans un fragment de ses discours
sur le roi d'Alexandrie le nomme seulom'mt Alexas. .Aiipieu Du Bellis
civilihus. Livre I, cliap. 102, nomme aussi ce roi seulement Alexandre.
Porphyre seul lui donne le nom de Ptolémée Alexandre ; mais tous les autres
seulement Alexandre.
PTOLEMEE Xll ALEXAMIRE 11' 107
liistorieiis auciens, ceux de Rome exceptes, on acquiert la couvictioii
iju'il fut tué après 19 jours de règue seulemeat.
Ce prince avait ete' envoie tout ealaut dans l'ile de Cos, avec tous
les trésors que possédait son père. Au moment où ce dernier fut cliassé
de rÉgypte, ou a vu que Ftol.'mée Alexandre l'"' périt avec toute sa
famille dans un combat uaval contre les généraux de son frèi-o Soter
II. L'enfant orphelin grandit sous la protection du grand JMithridate,
et ensuite sous celle de Syllu. .\ li mort de Soter 11, Sylla le fit dé-
clarer roi par un d'cret du sénat romain, et, grâce à cette puissante
pi'otection, il put contraindre Cle'opàtre Bérénice, qui était en même
temps sa tante et sa cousine, à le recevoir pour mari et partager avec
lui la souveraineté. Ce misérable était à peine marié depuis quelques
jours, qu'il fit égorger la .eine; le peuple ainsi cjue les soldats, indi-
gnés d'un tel meurtre, traînèrent ce roi dans le gymnase d'Alexuiulri e
et le massacrèrent après un rèune de 19 jours. Ce témoignage est celui
d'Appien (1) et de Porphyre (2). 11 ne paiaic laisser aucun doute.
lui. — Tête cornue de Jupiter Aininon, à droite.
R). — B. A. De chaque cùté d'un aigle au repos, sur un
foudre à gauche. Gravée au bas de la pi. X. xE '
Cette petite monnaie est comme nous l'avons déjà mentionné,
d'une identité de fabrique et de type des plus indiscutables avec
la pièce précédente ; seulement elle est beaucoup moins rare. On
peut constater son existence dans plusieurs cabinets ; quant à
son importance historique, elle est .encore de premier ordre ; si
comme nous le pensons, nous avons bien lu la première pièce,
celle-ci vient confirmer la fidèle traduction de la lég-ende. On
doit alors lire ici liaî'./i-.j; A>£;y.v •>.'-■.), et cette version semble
réellement préférable au mot Ky.-:ù.i;i; qui avait été admis jus-
qu'à ce jour. Il serait en elfet extraordmaire, à cette époque,
où Ton n'a pas constaté d'interrègnes, de voir filtrer cette lé-
gende sur les monnaies. Si ces pièces étaient des émissions du
commencement de la dynastie, on comprendrait cette réserve du
souverain, si dévoui au héros que chacun regrettait; mais elles
sont incontestablement d'une très-basse époque; elles ont été
d'abord coulées en longues files cjmme quantité de pièces gau-
(1) Appien, Bell., Civil, tom. 2, pag. 145,
(2) Porphyre frajm., apud, Chron Eusebii, pug. 225 et suiv.
108 ' PTOLÉMIJE XII ALEXANDRE 11?
loises en potin que l'on retrouve encore parfois attaclioes les
unes aux autres, et nous avons pu constater que cette manière
de fabriquer les monnaies d'airain en Egypte, existait dt-jà
sous le règne de la mère de Ptolemée Soter II, témoin notre
planche YI n" 325, et Catalogue n' 312 et suiv.
Ici encore, nous attendons aux objections des savants; un
nous accusera sans doute de vouloir systématiquement combler
les vides de la chronologie Égyptienne. Il est cependant bien
probable que tous les souverains do l'Egypte, même les plus
éphémères, ont fait frapper des monnaies consacrant leur passage
à la toute-puissance, disons même à la divinité, puisqu'ils se
croyaient dieux, une fois revêtus du pouvoir suprême. Et plus
ces hommes furent ambitieux et despotes, plus ils durent s'em-
presser de fournir à l'histoire des émissions monétaires dès leur
avènement au trône. Nul n'ignore que, sous l'empire romain,
certains tyrans qui ne régnèrent que quelques jours firent fa-
briquer d'innombrables quantités de monnaies, témoin celles
de Marius, qui régna seulement trois jours, et celles de Qain-
tiile, qui en régna dix-sept. Ce dernier prince fit même frapper
à son effigie jusqu'à Alexandrie d'Egypte.
Vaillant (1) attribuait à Alexandre II une petite monnaie
d'argent, sur laquelle on lisait la légende AAE:e:anapoy. Cette
pièce a été depuis restituée à l'Epire. Vaillant pensait que,
de tous les rois d'Egypte ce tyran était peut-être le seul qui
eût pu oser mettre sur la monnaie son surnom, sans le fair«
précéder de celui de Ptolemée.
A tous ceux qui refusent de croire à nos tentatives d'attri-
bution, nous leur confirmerons encore que notre Catalogue
égyptien a été par nous élaboré avec toute l'impartialité ,
avec toute la réflexion que cette matière délicate exigeait, à
raison des découvertes qui semblent rejeter dans les ténèbres
du passé , les opinions de plusieurs de nos célèbres de-
vanciers ; nous nous sommes toujours basé sur la décrois-
sance artistique, de la première pièce à la dernière; et les
deux monnaies sur lesquelles nous venons encore do discuter
(1) Historia Ptolemœorum, page 133.
PTOLÉMKE XIII, AULÈTE 109
si longuement, avaient d'abord éti classées tout à fait à la fin
de nos planches, dont la gravure remonte déj;\ h plusieurs mois,
au moment où nous écrivons ces lignes, toute la série des
bronzes et potins d'Alexandrie ayant été gravée depuis. Disons
encore à ceux qui voudront nous contredire, que nous pensons
avoir la satisfaction de n'avoir pas fait dans tout notre travail
une faute aussi considérable que celle du classement de la
Séléné, citée, page XYI de l'Introduction, etc.
Cependant cette monnaie passait aux yeux de tous, jusqu'à
ce jour, pour une pièce fort judicieusement classée à la place
qui lui avait été départie. Ne parait-il pas inconcevable qu'un
savant ait pu imaginer l'attribution, l'invention, pourrions-
nous dire, de cette pièce, car l'histoire semble démontrer
la complote impossibilité de sa réalité. Tous les historiens
s'accordent pour reconnaître que CléopAtre III était la plus
misérable créature connue dans les fastes des souveraines.
Elle était jalouse de tout ce qui l'entourait , et cette furie
ombrageuse aurait laissé a la femme de si)n tîls, qu'elle ne
voulait m."me pas reconnaître comme souveraine (elle la
maintient toujours au second rang), le droit de mettre son
effigie sur les monnaies, quand elle-même, qui avait reçu par
testament la toute-puissance n'osa jamais y faire représenter
ses traits isolément. L'histoire prouve qu'au contraire elle
força son fils à répudier cette Séléné, qui était cependant du
même sang, mais dont elle était jalouse à l'excès.
PTOLÉMÉE XIII AULÈTE
(Règne 30 ans (1), .lu 12 sept^mlu-e SI an 5 septembre 52, av. J.-C.)
Lors de la mort de Cl-opâtre V Bére'iiiee et d'Alexandre II,
PtoWmëe Dionysus Aulète se trouva avec son jeune frère, être les
seuls descendants des Lajrides ; ils étaient en effet tous deux fils
(1) Le Canon astronomique des Rois, et Clément d'Alexandrie, qui le suivait
en tout point, ne donne que 29 années de régne à Aulête ; Eusèbe dit que
ce régne dura trente ans au lieu de 29. Les monnaies décrites ci-dessus,
eontirment le dire d'Eusèbe.
110 PTOLÉMÉE Xllt, AULKTE
naturels âo Ptol-mée Soter II. rtol'rai'o Aulête prit possession du
pouvoir en l'aimôe 81 av;uit J.-C, mais il ne pacvint à se faire
reconnaître par les Romains qu'en 59. Chassé par les Alexaniirins
l'anne'e suivante, il se réfugia à Rome, où il passa ses trois aunées
d'exil. Gabinius, gém'ral do. T'ompée, le replaça sur son trône, où il
resta jusqu'à sa mort, arrivée l'an 52 avant .J.-C.
401. bis. — Tète diadémée de Si")ter, avec rép:ide.
ri). — nioAEMAiov lîASiAEns. Aigle sur un foudre A gau-
che, ayant une palme sur l'aile; devant, lu. (an 2). Sous
Cette date, la fleur de lotus; derrière, n.\. (Poids, 14 gr.
3 décigr.) AR "
Mionnct, VI, n. 192. Ch. Lenormant, Gli/ptiqne, pi. 87, lettre R,
à Ptolémée Evergète 11.
402. — Même médaille, avec la. (an l), une étoile placée au-
dessus de la date. (Poids, 13 oraninn's). AR "
Mionnet, VI, n. 19.3. Cli. Lenormant, Gbjptique, pi. 87, lettre C.
également à Everg-ètc II.
403. — Même pièce, avec l i. (an 10), sans letoile. (Poiils
11 gr. 8 décigr.) AR '^
Mionnet, Vt, n. 170. Ch. Lenormant, Gb/ptiqne, pi. 80, n. n, à
Ptolémée Philométor.
404. — Môme médaille, avec li.\. (an 11). Poids, 11 grammes
2 décigr. AK ''
Ch. Lenormant, Glijptifpie^, pi. 87, lettre C.
40.J. — Même pièce, avec Lir. (an 13.) Poids, 13 gram. AR "
Mionnet, VI, n. 179, à Ptol'm.'e Philométor.
400. — Même pièce, avec lia. (an 14). Poids, 12 gr.
4 décigr. AR '■
Mionnet, VI, n. 181.
407. — Même pièce, avec lie. (an 1.5). Poids, 13 gram. AR ''
Mionnet, VI, n. 183.
408. — Même pièce, avec Lir. (an IG). Poids, 11 gram.
7 décigram. AR "
Mionnet, VI, n. 184. Ch. Lenormant. Glyptique, pi. 88. n. 4, .à
un Ptolémée incertain.
PTOLéMÉE Xm, AUt.KTB Hl
409. — Même pièco, ;ivec lUi. (an is). poids, 12 prammes
2 décigr. ^YU 6
Mionnet, VI, n. 187.
-110. — Même pirco, avec lio. (an 10). Pièce fourrée. (Poids
Sp-ram. 7 décijr.) AR ''
Mionuet, VI. n. ISS.
411. — Même pièce, avec lk. (an 20). Poids, 11 gram. AR "
412. — Même pièce, avec LKr. (an 23). La fabrique en e.st
assez barbare. Poids, 10 gr. 2 décigr. AR '"•
II existe ici une lacune d'une importance majeure pour notre
classification (1) ; aussi nous emprossons-nous delà signaler.
L'histoire mentionne en elfet, et tous les historiens sont d'ac-
cord pour reconnaître, que, à cette époque , les Alexandrins,
las d'être gouvernés par un souverain aussi lâche que pro-
digue, le chassèrent de ses États, et que Piolémée Xlll Dio-
njsus Aidète s'empressa de se réfugier à Rome, pour implorer
des secours de Pompée et César, qu'il avait comblés de ses
prodigalités (2). Ces deux hommes influents se chargèrent
en elfet de faire rentrer Aulète dans ses États, mais il se passa
cependant trois années avant que ce souverain pût rentrer
dans son royaume et recouvrer sa puissance et sa couronne.
Nous avons cherché vainement dans toutes les collections,
comme dans les ouvrages et dans les catalogues, et nulle part
nous n'avons pu découvrir de pièces pouvant combler la lacune
que nous signalons ici.
Un fait encore important ;\ enregistrer, c'est que la majeure
partie des monnaies qui précèdent, sont généralement dé très-
mauvais aloi : leurs poi<ls, que nous avons mentionnés à la
suite de chaque description, sont très-inférieurs a l'étalon
réglementaire, qui était de 14 grammes au moins. Tout semble
donc prouver qu'à cette épociue les altérations les plus
(1) Cette^lacune a iléià été signalée dans notre Introiliiction, iiaçre XIX,
(2) Ils avaient en effet reçu de ce roi près rie six mille talents (prés rie
ilix-huit millions de francs rie notre monnav^.
112 PTOLKMKi: XIII ALLÈTE
extraordinaires étaient commises par le souverain ; il devait
en effet user des moyens les plus illicites , pour arriver à
réunir les trésors qu'il gaspillait; les impôts ne devaient plus
suffire, et il dut même autoriser des faBrications de fausses
monnaies. Nous avons du reste constaté ce fait justement sous
ce règne, où on trouve positivement quantité de monnaies tout
simplement de cuivre blanchi ; nous avons aussi fait une autre
remarque non moins curieuse, c'est que, .à son retour d'exil,
Aulête fît fabriquer non-seulement des monnaies à un meilleur
titre et d'un poids plus homogène, mais encore d'un travail
d'art remarquable. Leur style en est aussi beau que celui des
pièces des premières années de son règne. Ce prince dut aimer
les arts, car, maigre ses déprédations sur les poids et les titres
on constate toujours un travail supérieur à celui employé pour
les pièces de ses prédécesseurs. Les têtes sont remplies
d'expression, et semblent positivement indiquer une certaine
renaissance de l'art en Egypte.
413. — Tète des pièces précédentes.
^. — Le même; devant l'aigle, lkz (an 27); devant, ha
pièce d'un très-beau travail. Poids 12 gr. 4 décigr. AR '
414. — Môme médaille, avec lkii (an. 28), également très-belle
de style. Poids 13 gr. Gravée, pi. VIII. AR '
415. — Même type et même date. Poids, 2 gr. 6 décig. Drachme
Gravée, pi. VIII. AR *
416. — Même type, avec lk© (an 29). Poids, 13 gr. 1 décig. AR "
417. — Même type, avec l.\ (an 30). Poids, 14 gr. AR '
Cil. Lenormant, pi. 87, n" 1, à un Ptol^raée incertain.
Comme nous l'avons déj;\ fait remarquer, le doute ne paraît
plus possible sur l'attribution de cette intéressante série
à Ptolemée Aulète. Nous croyons que, de tous les règnes des
Lagides, celui-ci est peut-être le seul dont le classement paraisse
indiscutable : non-seulement toutes les têtes ont exactement
le même caractère de physionomie, mais elles sont comme
nous venons déj;"i de l'indiquer, d'un style identique, de la pre-
mière à la dernière pièce ; la manière même de disposer les
cheveux sur le sommet de la tête ne varie pas. Tout donc
PTOLÉMÉE XIII, AULÈTE 113
semble constituer un type; or, ce type, caractéristique vient
encore ici confirmer ce que nous avons avancé : qu'à chaque
nouveau règne, les artistes chargés de graver les coins des
monnaies, tout en ayant l'ordre de maintenir la tète immo-
bilisée, avaient cependant toute latitude pour donner aux phy-
sionomies un peu de l'expression des nouveaux souverains '
de là les figures généralement de caractère assez jeune, qu*^
l'on voit sur les monnaies frappées après Ptolémée III. Nous
avons aussi fait la remarque que , excepté sous Physcon et ses
deux fils, le| type des tètes des nouveaux souverains se conser-
vait jusqu'à la fin du règne, et c'est, comme nous l'avons déjà dit,
surtout sous celui d'Aulète que cela a été le plus scrupuleuse-
mont observé. En effet, les pièces de l'an 2 et celles des années
28, 29 et 30 semblent être sorties des mêmes coins.
En ce qui concerne les revers, le nuraismatiste le moins
exercé peut aussi se convaincre que toute la série se lie aussi
bien que par les tètes; là encore le type de l'aigle est inva-
riable non-seulement comme allure, mais il porte toujours une
longue palme sur l'aile; et en outre dans le champ, devant
cet aigle, sous la date, on voit la rose des rhodiens, ou plutôt
la fleur du lotus.
Comme nous l'avons fait remarquer dans la note précédente,
toutes les preuves possibles se groupent dans cette série unique
de trente années de monnaies, pour les classer avec certitude
à ce souverain; l'année 30 n'a même ici rien d'insolite. En
effet, comme nous l'avons déjà démontré à diverses reprises (1),
les Égyptiens , par leur manière de compter du commencement
de leurs années de règne dont le point de départ ne concordait
nullement avec la généralité des autres peuples, donnèrent
presque toujours une année supplémentaire à leurs souve-
rains.
Nous insisterons donc encore sur les quatre dernières mon-
naies que nous venons de décrire. Elles sont positivement pour
nous de la plus grande importance , comme les n''^ 296 , 364 et
305; elles sont une preuve sans réplique qu'on ne peut laisser à
(1) Voir les notes Ju n«» 139 et 282.
114 PTOLéMÉE XIII. ALLÈTf:
Chypre toutes les monnaies avec riA, puisque depuis la 24" an-
née d'Aulôte, la ville de l'aphos, ainsi que toute l'Ile de Chypre,
n'appartenaient plus aux Egyptiens, et c'utait, disons-le encore,
pour l'avoir laissé envahir par les Romains que les Alexan-
drins avaient honteusement chassé leur roi.
Cette série de monnaies frappées incontestablement avec la
tête du même souverain vient aussi lever tous les doutes
émis par les auteurs qui ont prétendu que le régne d'Anlète
n'avait pas été aussi long qu'on le pensait; et qu'il y avait eu un
Ptolémée, Alexandre III, qui avait régné au moins pendant
17 années. En eft'et Pétau, Reinold Forster et l'auteur de la
Chronologie pour les œuvres de Plutarque étaient de cet avis (1).
Il est difficile de comprendre comment des hommes aussi
éminents que Visconti, Cousinéry, JMionnet, Ch. Lenormant (2)
et Letronne, n'aient pas eu l'idée de ranger ces pièces à Auléte.
Ce classement semblait cependant tout tracé, tant à cause du
type identique, que par les dates. Il y a bientôt 200 ans de
cela, en KIOS, un vieux savant, Buidelot de Deirval (.3) avait
attriliué à ce souverain le peu de pièces connues alors avec
le lotus devant l'aigle. Il a en effet figuré , à la page 192 de
son intéressante histoire, la médaille de l'an 28 que nous décri-
vons sous le n' 415, et gravée pi. VIII. Donc ces auteurs,
quoique déjà anciens, ne sont jamais à dédaigner, et de nos
jours on est encore souvent forcé de revenir :\ leurs na'ives
classifications.
(1) Voir Cham|iollion Figeac , Annales des Lin/ides, tome 2, p. 2S7
(2) Ce savant a publié seulement les pièr'es suivantHS de cette série, et
voici son classement L<r> (an. 9) à Philometor, Gbjpt. pi. tS7. lettre;
A. l. Kaii. 10), également â Philometor kl. pi. 80, n" ."i., LIA (an. 11), îi
Evergete H, |il. S7 lettre C; LIT' (an. 12), au même, iilnnche, 87 lettre B; LIE
(an. 10), a l'un des. Ptolémees incertains, et celle avec LA), (au 30), sur
laquelle il a lu L.'k (an. 1), également à un Ptolémée incertain, id. pi. 87. ii" 1
(3) Histoire de Ptolémée Auletes. Paris. 1G98, 1 vol. in-12.
PTOVÉMÉE BOI DE CIIVPBE 115
Ptolémée (1) frèro cadet de Ptolémée Aulète
(Re?ni? en Chvpi-c [■emlant 24 ans, de l'an SI à ÔS av. J.-C.)
Ce prince, également fils uaturel do Ptol^mt'e Soter II, était
très-jeune lorsque son frère fut investi de la souveraineté d'Egypte.
Comme Aulète, il devint roi sans l'agre'ment des Romains ; mais il ne
suivit nullement l'exemple de sou frère, en faisant de conteuses
démarches pour obtenir l'alliance de la République. Autant le roi
d'Egvpte était prodigue, autant le roi de Chypre était économe, on peut
même dire avare, et ce fut certainement à cet excès d'économie qu'il
dut la persécutiuu des hommes d'Etat de cette République en pleine
décadence.
Publius CloJius ayant été pris par des pirates, ces brigands offrirent
au roi de Chypie de racheter à prix d'argent ce personnage romain.
Ptolémée entra en pourparlers, marchanda, mais ne put se décider à
payer le rachat de Clodius : il lui répugnait do prodiguer son arg(>nt.
Clodius, rendu plus tard à la liberté, se vengea de Ptolémée en faisant
donner à Caton l'ordre d'aller prendre possession de l'île de Chypre.
Ainsi, sans autre déclaration de guerre, on dépouilla illégalement
ce prince non-seulement de ses Etats, mais aussi do pes trésors qui
étaient immenses, Ptolémée, indigné de cette conduite odieuse, alors
que le peuple romain se déclarait le protecteur des faibles, décou-
ragé surtout de voir un homme comme Caton (dont le rigorisme était
vanté par tous) se rendre complice d'un acte aussi infime , s'em -
poisonna l'an 58, afin de ne pas voir ses spoliateurs jouir en paix rf-'
li'tirs rapines.
418. — Tôte diadémée de Soter à dn)ite, avec l'égiile ; les cheveux
en grosses mèches forment le rond sur le sommet de la
tète.
II). — lîTOAEM.uov BASiAEns. Aigle gur un foudre , ;\
gauche; devant , l.v (an 1), derrière n.v, AR '
Mionnet, VI, n. 190, à Ptolémée Evergète II, et la pièce suivante
n. 192, au même règne.
(1) Nous avons vainement cherché dans les auteurs le surnom de ce
Ptolémée; il est cité par Cicéron, Dion Cassius, V^lâre Maxime et Plu-
tarqu<^ ; mais tous ces auteurs le nomment tout simplement Ptolémée.
id.
AR ■
id.
AR'
id.
AR'
id.
AR ■
id.
AR
id.
AR'
id.
AR'
id.
AR
id.
AR'
id.
AR'
id.
ar'
116 PTOLÉMÉE ROI DE CHYPRE
419. — Même type, avec lb (an 2)
420. — Même type. tr (an 3)
421. — Même type. la (an 4)
422. — Même type. le (an 5)
423. — Même type. ll (an 6)
424. — Même type. Lz (an 7)
425. — Même type. lh (an 8)
426. — Même type. l© (an 9)
427. — Même type. l i (an 10)
428. — Même type. Lir (an 13)
429. — Même type. lia (an 14)
430. — Type des pièces précédentes; lie (an 15) ; avec nA. AR '
431. — Même type. lie (an 10) id. AR '
432. — Même type. Liz (an 17) id. AR '
4.33. — Même type. lih (an 18) id. Gravée, pi. XI. ARt
433. — Même tête, plus barbare ; le diadème difficile à distin-
guer.
^. — Le même ; lk (an 20), avec ha
434. — Même type. lka (an 21)
435. — Même type. lkb (an 22)
iSQ. — Même type. lkp (an 23)
Voici encore une nouvelle figure que nous venons de tenter
d'introduire dans cette série déjà si nombreuse des rois Lagides.
Certes, nous nous attendons, pour ce personnage surtout , à
de sérieuses protestations delà majeure partie des numismatistes,
mais ici particulièrement nous croyons pouvoir nous appuyer
sur les témoignages de l'histoire; là, comme ailleurs, le travail
artistique , les dates précises , tout semble encore concorder
pour justifier l'attribution proposée.
On a déjà pu remarquer, dans notre Introduction, page XII,
ligne 22, que la suite de pièces que nous allons décrire était
une série qui nous avait paru complètement à part, et qu'il était
id.
AR"
id.
AR»
id.
AR'^
id.
ar^V
PTOLÉMÉE ROI DE CIIVPIIE. 117
de toute nécessité de chercher parmi les souverains qui comp-
taient 23 années de règne celui auquel on pouvait attribuer ces
bizarres pièces. Nous disions encore quatre lignes plus bas : * Ces
« monnaies sont d'u7i style diamétralement opposé d celles
« de Soter II; elles ont un peu de la manière des fabri-
« ques de celles d'Aulète, etc. » Or, nous constations déjCi, sans
avoir fait toutes nos recherches historiques, l'époque réelle de
la fabrication de ces monnaies.
Depuis l'impression de cette préface, nous avons cherché sans
reldche, et nous croyons avoir été assez heureu.x pour trouver
une explication raisonnable de nos conjectures. En effet, il est
certain que Ptolémée Aulète eut un frère qui l'ut aussi acclamé
roi en même temps que lui, et qui régna effectivement le temps
nécessaire pour avoir des droits à la revendication de cette
série de 23 années de monnaies de même style.
Avant de prendre un parti définitif sur le classement de ces
pièces, nous nous sommes mis de nouveau ù rechercher quels
étaient les derniers chiffres mentionnés sur ces monnaies; or
l'année 23 ne se trouve nulle part dépassée : c'est encore au
Musée anglais que nous avons pu trouver une collection réelle-
ment complète et pouvant lever tous les doutes. M. R. St. Poole
nous a adressé, avec sa bienveillance accoutumée, les empreintes
de la suite non interrompue des années 1 à 23 , en nous fai-
sant remarquer que cette année 23 se présentait comme la der-
nière de ce souverain , lequel était resté pour lui aussi il l'état
d'énigme. Or notre Ptolémée ayant été spolié par ces honnêtes
défenseurs de la république romaine dès le commencement de la
24 année de son règne , il est pou probable qu'il ait eu la pos-
sibilité de faire frapper des monnaies à la date de cette 24 année >
le monnayage au type égyptien ayant dû cesser au momen
même de la prise de possession du pays.
Pour ce qui a trait au travail artistique, les pièces du com-
mencement du règne sont d'un assez bon travail, et surtout d'un
excellent métal. De l'année 10 à la 14 , on remarque une dé-
croissance artistique assez notable; à partir de l'an Ib, la
barbarie se manifeste de plus en plus, et des années 20 à. 23, les
pièces ne présentent plus que des types de la plus plate déca-
118 PTOLEMÉE XIV? DÏONÏSUS*
denco : tout y est confus, le diadOme ne se distinguo plus dans
la chevelure. (_)n pourrait se demander si ce roi n'osait plus
reproduire sur ses monnaies ce symbole de la ti)ute-puissance,
dans la crainte de déplaire aux Romains, qui étaient toujours
restés sourds à ses demandes d'investiture. Une chose est à re-
mari|uer dans cette série do pièces depuis l'année P', c'est que
les cheveui sont disposés en grosses mèches et formant le cercle
sur le sommet de la tête, cercle que l'on remarque également
sur toutes les monnaies de son frère Aulùte, également depuis
la première année de son règne jusqu'à la dernière : on peut
voir ce fait constaté sur les planches VIII, n" 414 et pi. XI,
n". 433. Un autre fait digne d'être remarqué, c'est que toutes
les monnaies de ce roi sont à un très-bon titre ; les plus mau-
vaises sont à 753 millièmes de fin, environ trente pour cent de
meilleur aloi que celles frappées en Egypte pour son frère
Aulèie; ce qui pourrait parfaitement ressortir du caractère do
ce roi, qui était aussi économe que son frère le roi d'Egypte
était prodigue.
PTOLEMEE XIV? DIONYSUS?
(Règne avec sa sœur Cléopâtre 4 ans, de l'an 51 au 6 levritT 47 av. J C)
Ce jeune souverain doit être conside'ré comme le dernier roi d'E-
gypte, de la dynastie des Lagides. Il avait à peine trei/o aus, lorsiiue
son père mourut. Sa sœur, la fameuse Cléopàtre, qui était destiiue à
rdgner avec lui, e'tait alors dans sa dix-septième anue'e. D jà les pas-
sions les plus violentes se manifestaient chez cette femme de nature
ardente, et elle ambitionnait de rs^gner en véritable et seule souve-
raine; Pothlnus, Théodote, et Achillas, tuteurs du jeune roi, s'oppo-
sèrent à ce que Cléopàtre réglât seule les affaires de fEtat. Lne com-
plète désunion s'ensuivit bientôt entre le frèi'e et la sœur, et Cléopà-
tre, s'enfuit en Syrie, afin d'y solliciter un appui pour l'aider à com-
battre son jeune frère et ses conseillers. Ptolèmée de son côté, mit
tout en œuvre, afin de rester seul maître du pouvoir. Il tenta de ga-
gner la confiance de César, en prenant parti contre Pompée, qu'il fit
assassiner. Ce fiit son ministre The'odote qu'il chargea d'aller offrir
au dietateur romain, la tête de ce grand vaincu. César recompensa
PTOLÉMÉE XIV' DIONVSUS ? 11',»
cet liuiiiMe ciime, eu prenant pour maîtresse CU-opàtre, la femme ilo
l'iole'me'e, et se (iéolara ouvei'temcut l'enncniidu roi, qui maigri? une
énergie <le d^l''>nse extraordinaire, pour un aussi jeune homme, fut
d>' ..'.t par Cir'<ar et périt noyé dans le Nil en cherchant son salut sur
un vaiss>aii, qui somljra sous les poid des fuvards qui s'efforçaient
de gigner l'auire rive en se jetant pèle mêle sur le vaisseau royal.
'-^'". — Tète cornue et diadémée de Jupiter Ammon à droite.
11). uvov UAiov LMiALii:; Aigle sur un l'oudre ;\ gauche ;
devant, L'acrostûUv.m. Gravée, pi. X. M '
438. — Même médaille, d'une fabrique encore plus barbare. JEP
Cette piè^e par. :: t :'e la m'me que celle pullieepar Mionnet, suppl.
IX, page 22. n. 120, et aussi par Ch. Lenormant. Trésor, de Kum.
et de Gl'ipt. pi. SS, n. 18. Mionnet a cru voir dans le champ un lo-
Ciis, et Ch. Lenormant un trident; la pièce e'tait si mal venue à la
fiappe qu'il e'iait reelleinei.t difficile d'en distinguer le symbole.
Ainsi qu'on a pu le remarquer dans les notes placées après les
n '. 21(3 à 218, 239 et 240, pages 54 et Gl, nou.s avons enlevé à
ce souverain, toutes les belles monnaies qui lui avaient été as-
signées par nos devanciers (1). Nous croyons avoir ilémontré
dans ces notes l'impossibilito de maintenir a ce règne un mon-
najage dont le travail d'art est en opposition si flagrante avec
tout ce que l'on connaît de cette époque (2).
(1) Vaillant, ffist., PtoL, pages 146 à 162. Visconti, Iconographie
Grecque, page 200 tom. 3. Mionnet, VI, page 32. n. 250 et "257. iJ.
sup. IX, pages 18 et 10 n. 90 à 101 . Ch. Lenormant. Trésor de Xurn.,
et de Glyptique, page 108 et pi. 80, n. 12, 13 et 14, et id. pi. 87.
lettre I. Letronne, Revice numismatique 1843, pages 174 à 170, etc.
(2) M. F. Bonqjois, parfaitement connu des numismatistes par plu-
sieurs travaux sur les monnaies de la Macédoine, la Cyrénaïque, etc.,
avait trouvé comme nous, que ces monnaies ne pouvaient être main-
tenues à l'époque assignée par tous les auteurs. Il avait déjà préparé
pour la Revue numismatique un travail très étendu sur les rectifica-
tions à faire. Voyant que l'accord le jdus complet existait entre nous
sur les nouvelles attributions, et que nos planches gravées déjà depuis
longtemps attestaient cette confraternité de vues sur les points liti-
gieux, et Cela sans nous être entendus, M. Bompois a eu l'extrême
courtoisie de nous laisser la priorité des rectifications à faire et nous
saisissons ici l'occasion de lui en témoigner toute notre gratitude.
120 PTOLÉMÉE XIV? DIONYSUS?
Nous ne prétendons, certes, pas nier que ce règne ait fourni
des monnaies durant sa courte existence ; il y a dû marquer dans
les annales numismatiques de l'empire Greco-Égjptien parvenu
à son déclin. Il est hors de doute que de nombreuses monnaies
d'airain ont été fabriquées, d'abord probablement pour Cléo-
pâtre et Ptolémée, mais surtout pour Ptolcmée seul, pendant
les 8 mois environ où, sa sœur partie, il était seul possesseur du
trône. Et à cette époque il faisait d'immenses préparatifs de
guerre pour lutter contre cette sœur et ceux qui la soutenaient
de leur crédit.
Si on admet l'hypothèse proposée page 92, de classer aux
souverains et souveraines qui ont partagé un égal pouvoir dans
le gouvernement les pièces portant deux aigles au revers,
(n. 349 à 363) le n. 355 qui est gravé pi. VII, pourrait parfai-
tement avoir été frappé par Cléopâtre VII et son frère aine
pendant le commencement de leur règne. On verra après la
description de cette pièce la réserve que nous avons cru devoir
formuler sur l'époque d'émission de cette monnaie.
On peut également se convaincre, par l'ordre que nous avons
assigné à l'une des pièces ci-dessus, (pièce publiée tout à fait
à la fin de nos planches d'incertaines, dont la gravure est,
comme nous l'avons déjà dit, terminée depuis plus de quatre
mois), que nous avions tout d'abord signalé ces pièces comme
de la plus basse époque : la place que nous leur avions départie
était en quelque sorte la dernière limite, le dernier monnayage
de cuivre de l'Egypte sous ses rois.
En classant aujourd'hui ces pièces au XIV Ptolémée, nous
pensons avoir encore touché à la vérité ; tous les témoignages
semblent se rencontrer pour leur assigner cette époque : le
travail artistique, l'extrême négligence dans la manière de
frapper la monnaie, négligence qu'on trouve seulement sous
Cléopâtre et sur les premières monnaies frappées pour Auguste.
Le symbole tout maritime qui figure sur ces pièces, et qu'on
ne rencontre ailleurs qu'une seule fois dans toute la numisma-
tique lagide, peut ainsi trouver son explication. La victoire
remportée par trahison sur le malheureux Pompée, qui fut si
misérablement assassiné en vue du rivage d'Egypte, au mo-
ment où il comptait se rendre chez un ami, nous semble donner
CLEOPATRE VII. PHILOPATOII . 1;.M
une créance suffisante à notre opinion. Nul n'ignore que ce
Ptolémée eut un soin tout particulier de sa flotte; que ses occu-
pations se concentraient sur ce moyen de défense ; c'était sur
cette flotte qu'il comptait pour s'affranchir du despotisme de
César et de Rome, et c'est sur elle et par elle, qu'il perdit sa
couronne et la vie.
CLEOPATRE VII, PHILOPATOR.
(Règne 22 ans, de l'année 51 à l'an 30 avant .1 -C.)
Nous serons, s'il se peut, laooniiiue dans la notice sur cette reine,
aussi célèbre par ses crimes que par sa ^'alanterio : tous les bio-
graphes ont disserté à loisir sur sa vie privée et politique. Sa ré-,
putation de beauté a fait le sujet de nombreux commentaires de
la part de nos histoires modernes.
Les monuments numismatiques démontrent tous que cette réputa-
tion de beauté a été de tout temps complètement usurpée. Les histo-
riens anciens sont d'accord avec les monuments pour protester contre
cette manière de voir : Plutarque , .Vppion d".\lexandrie et Dion
Cassius sont unanimes pour dire que cette reine n'était pas d'une
beauté frappante comme traits , mais que son esprit et sa grâce
répandaient tant de charmes, qu'il était difficile de lui résister : elle
parlait toutes les langues , réunissait les connaissances les plus
étendues, et possédait surtout l'art de captiver.
Au moment de monter sur le trône, elle épousa son jeune frère
Ptolémée XIV Dionvsus, lequel la chassa du trône. César lui rendit
le pouvoir en l'année 47 (avant. J.-C). Elle eut un fils de ce célèbre
dictateur qui fut nommé Césarion. Elle épousa ensuite son second
frère Ptolémée XV, qui vécut avec elle quatre années seulement. Elle
le fit empoisonner l'année 44 (avant J.-C). Ensuite elle gouverna
seule l'Egypte jusqu'en l'année 41 où elle se lia avec Marc Antoine,
qui fut son amant jusqu'à l'époque de sa mort (an 30 avant J.-C).
Avec cette princesse finit la dynastie des Lagides en Egypte.
Monnaies frappées en Egypte.
Nous pensions bien, en atteignant cette époque, en avoir com-
plètement fini avec nos commentaires ; la série des monnaies
de cette princesse ayant été étudiée jusqu'à, satiété par les
10
122
CLEOPATRE VII, PHILOPATOR
nunaismatistes anciens et modernes. Nous devions en elFet
nous croire complètement au terme de notre tâche. Hélas \
nous nous étions grandement trompé: aussi demanderons-nous
à nos lecteurs encore un peu de patience^ car ce règne est peut-
être celui de tous qui nous aura occasionné les plus sérieuses
recherches; trop heureux si nous pouvons encore ici, à l'aide
de ces monuments, éclaircir quelques points restés obscurs ;
toutefois , nous pensons avoir établi d'une manière positive
l'ère de la ville de Béryle, et, pour lors, avoir comblé une
importante lacune de l'histoire.
439. — Tète diadémée de la reine à droite.
rV BAïiAiiiiii kaeo.'iatpa:;. Aigle sur un foudre àgauche;
devant, une corne d'abondance, derrière, la lettre ii. yE "
4-10. — Même pièce, d'un autre style. Gravée, pi. VIII. ^E "
441. — Même pièce, la tète de la reiiie plus vieille. .'E "
Mionnet, VI, n. S59 et 260. Ch. Lenormant, Glyptique, pi. 86,
n. 10, et F. Lenormant, Lagides, pi. i, u. 3.
M F. Lenormant, pages 10 et 11, essaye de démontrer, que
ces pièces de cuivre ont été aussi frappées en Chypre. U revient
à deux reprises sur cette lettre n, selon lui, initiale du nom de
Paphos. Il parait inconcevable que ce savant n'ait pas eu l'idée
de rapprocher ces pièces de celle que nous décrivons ci-après,
qui n'est autre qu'une division de la première; comment expli-
quer ici la lettre M, qui se trouve gravée juste' à la même place
que le II. Ces mêmes lettres H et M, figurent également sur les
monnaies d'Auguste du même module, et de fabrique iden-
tique, décrites sous les n " 539 et 5 10 de la seconde partie de
ce travail. Personne, que nous sachions, ne s'est jamais imaginé
de dire que ces pièces d'Auguste aient été frappées en Chypre.
Elles sont, comme celles de Cléopâtre , incontestablement de
fabrique égyptienne. Les monnaies de l'empereur Auguste
frappées dans l'ile de Chpyre et publiées par Mionnet (1),
démontrent parfaitement ce fait. On remarqué déjà à cette
époque un changement radical dans la fabrication des mon-
XD T. IV, p. 671, n. 2, et supplément IX, p. 304, b. 2 et 3.
CLEOPATRE VU, PHILOPATOR 123
naies des peuples soumis aux lois romaines. En Chypre, comme
dans tant d'autres provinces, on constate une renaissance dans
l'art de la gravure des coins; mais eu Egypte tout parait au
contraire y rester stationnaire, et cette décadence se perpétue
jusqu'au règne de Constantin : on peut citer seulement quelques
coins remarquables , sous les règnes de Domitien, Hadrien,
Antonin, Alexandre Sévère et Marnée.
Letronne, en parlant des pièces de Cléopâtre, n. 439 à 441, dit
que ces monnaies ont dû être frappées en Syrie au moment où
cette reine cherchait à y lever des troupes pour reconquérir son
royaume (1). Ce savant semble avoir commis une faute aussi
grave que celle de M. Lenormant. S'il avait examiné les pièces
d'Auguste citées ci-dessus, il n'aurait pas fait la tentative de reti-
rer ces monnaies de leur pays, qui est parfaitement l'Egypte.
442. — Tète diadémée de la reine à droite (type des pièces pré-
cédentes).
n|. ba:;iaushs KAEonATP.vi. Aigle sur un foudre à gauche
devant, une corne d'abondance ; derrière, la lettre M..
Gravée, pi. VIII. M'-
Mionnet, VI, n. 2(51 à 263 et Cli. I.euormant, Gli/ptigxte, pi. 86,
D. 15.
Tous les amateurs de médailles antiques ont dû faire la
remarque, que, à partir du règne de Cléopdtre, le monnayage
du numéraire d'argent semble disparaître presque complète-
ment de l'Egypte pondant à peu près un demi-siècle (2). En
effet, excepté quelques rarissimes drachmes au nom de cette
princesse, on ne trouve plus sous son règne d'autres monnaies
d'argent de modules supérieurs. Il est présumable que les tétra-
drachmes étaient tombés dans un complet discrédit, sans doute
A cause des fraudes commises par Aulète, le père de Cléopâtre,
(1) Reçue Numismatique, aimée 1863, p. 182.
(2) Les monnaies d'argent, ou autiement dit de potin, ne reparais-
sent à la vérité qu'en l'année 14 du règne de Tibère, et ces monnaies,
quoique à très-bas titre, sont cependant géuéralemeut de meilleur
aloi que deccrtaiues pièces frappées sous .\ulète : nous avons cons-
taté une moyenne de 300 millièmes de fin.
124
cr.Kol'ATIlK VII, rillLOP.VTOR
lequel, ou l'a déjà vu, avait fini par introduire dans l'arg-ent
tant d'alliage de cuivre, que ce métal dépassait en quantité la
matière de bon aloi.
On dut alors se servir en Egypte des monnaies de bon métal,
frappées chez les peuples voisins ; de nombreuses trouvailles de
monnaies romaines d'or et d'argent , qui ont été faites dans ce
pays, prouvent aussi que le numéraire romain devait avoir
également un cours assuré dans cette contrée. L'histoire men-
tionne les énormes dépenses de la fastueuse souveraine do
l'Egypte, laquelle semait l'or et l'argent partout où elle pas-
sait; et de l'an (i jusqu'à la 17" année de son règne, nous ne
voyons aucune monnaie à son effigie frappée en métal pré-
cieux ; donc elle devait se servir seulement des monnaies ro-
maines ou de celles émises par les peuples voisins de son pays.
On ne trouve positivement que des pièces d'airain frappées en
Egypte, et c'est de. cette époque de ruine et de misère chez ce
peuple que doivent dater les émissions de petites pièces de cuivre
mal frappées, avec biseau informe, système de monnayage qui
fut très-répandu sous Auguste et Tibère et dont la fabrication se
perpétua pendant environ 130 ans, jusque sous le règne d'An-
tonin ; ces émissions prouvent que le numéraire devait être
rare dans ce pays, et que ces valeurs infimes avaient cependant
leur importance pour les transactions.
(M est. aussi en droit d'être étonné de la rareté réelle des
monnaies d'argent en bon métal, soit en petit, soit en grand
module, frappées en Asie pour Antoine et Cléopâtre ; ces
émissions durent cependant s'exécuter sur une très-grande
échelle , les drachmes surtout, qui étaient servilement copiées
sur les deniers romains. Antoine qui tenait à se montrer aux
peuples qu'il venait' de conquérir, ainsi qu'à son armée, avec
cette reine, dont il avait eu l'audace de faire une déesse, et à
laquelle il avait donné tant de riches provinces, dépendantes de
Rome, (puisqu'elles avaient été subjuguées avec le concours des
soldats romains), dut faire frapper d'immenses quantités de
monnaies avec les deux tètes. Il ne serait peut-être pas illo-
gique d'admettre que son compétiteur, Auguste , qui sut si
adroitement insinuer au peuple romain de rendre le nom
d'Antoine infâme, en renversant ses statues, ait aussi donné
cLHoPATm-; vil. l'im.oi'Mou 125
ordre aux monnayeurs do retirer de la circulation les pièces
portant ces deux effigies ; mais ces entrepreneurs de la fabri-
cation du numéraire, devant subir une perte rcelle sur les
pièces fourrées, remirent sans nul doute ces dernières en cir-
culation ; de là le nombre très-considérable de ces pièces
fausses antiques que l'on remarque dans toutes les collections;
nous avons pu constater que, sur 12 deniers romains aux deux
tètes, il y en a, au moins 9 de fourrées ; la même proportion
existe sur les tétradrachmes, frappés probablement à Antioche
de Séleucie.
Monnaies frappées en Europe et en Asie.
En groupant ici ces monnaies de peuples différents, on
pourrait avec un semblant de raison nous faire le reproche de
sortir du cadre de la numismatique égyptienne ; mais si on
veut bien se reporter à lepoque dont nous relatons certains
faits, on nous pardonnera facilement cette confusion do des-
criptions et de notes.
Nul n'ignore que, pendant la dernière partie du règne de
Cléop;Ure, la toute-puissance égyptienne n'existait plus en
fait : Caton, Pompée, César et Antoine avaient déjà impose
leurs lois à ce peuple abâtardi. A cette époque néfaste, la na-
tionalité gréco-égyptienne avait disparu, les conquérants ro-
mains avaient foulé sous les roues de leurs chars cette vieille
civilisation dissolue ; le peuple romain, avare, turbulent et
égoïste, avait accaparé les derniers vestiges de ce monde
moitié hellène, moitié asiatique, et s'en était fait un élément
de rapines, de productions et de jouissances.
Une seule tête semblait résister encore au milieu de cette
société expirante, une femme, une reine, plus courtisane que
souveraine, mais une sirène d'une grande énergie, merveilleu-
sement douée pour la séduction; a l'aide de ses charmes et de
la ruse de son esprit, elle sut tenter un effort surhumain contre
l'asservissement de Rome; et peu s'en fallut qu'elle ne triom-
phât et ne devînt la toute-puissante dominatrice et la maî-
tresse du monde entier.
Nous croyons donc avoir un certain droit de réunir sous un
126 i:LÉOPATRK Vil. PHlLOPVTOn
dernier vestige du pouvoir égyptien les monnaies frappées par
les peuplades qui s'étaient volontairement rangées ou laissées
placer sous sa puissance. Chacun sait que cette femme avait
fait de Marc- Antoine, son serviteur et son esclave : elle le
promenait de contrée en contrée , et partout les peuples
abrutis leur donnaient des fêtes, et élevaient des arcs de
triomphe en leur honneur.
Ces actes de décadence et d'assorvis.'^ement se passaient non-
seulement en Orient, maisj encore dans l'Attique et dans l'A-
chaïe; à Athènes, les habitudes de magnificence de cette reine
subjuguèrent le peuple à un tel point qu'on lui décerna les
plus grands honneurs. Antoine lui-même parut devant elle
comme citoyen de la ville, et se cliargea de lui otl'rir le triliut
d'hommages de tous les habitants.
Comme on le voit, cette femme marquait partout les étapes
de son ambition, elle flattait les peuples en les fascinant , et en
les gorgeant d'or et de plaisirs; certes, elle était loin alors de
prévoir le revers de fortune qui l'attendait; elle passait joyeuse
et triomphante : nul ne semblait s'attendre à ce que , peu de
temps après , elle et son amant seraient anéantis a tout jamais,
et cela, par la plus honteuse défaite.
<Jn ne peut nier que les monnaies que nous avons groupées
ici, ne jettent une certaine lumière sur cette époque à jamais
mémorable, où (Jctave, plus grand peut-être que son aïeul, s'ef-
forçait, par sa haute politique et son extrême prudence, de ré-
générer ce peuple Romain, en étoulfant en même temps la ré-
publique agonisante et la royale courtisane, qui menaçait par
sa démoralisation et son faste, d'achever de plonger le monde
entier dans un chaos inextricable. Nul n'ignore à quel degré de
civilisation Rome sut 'i'enaitre sous le règne d'Auguste; avant
lui, cette ville n'était qu'une immense bourgade d'habitations
infectes et malsaines : ce premier empereur et ses énergiques
partisans surent en faire en quelques années une ville de temples
et de palais, la plus riche du monde.
:leopatre VII, piiir.opMOR
127
443. — p.\CiAicr,A K.vEonATPA. Buste diadème de la reine, ù
droite.
i^. AriAC AYKDXoc nATPEnN. Fleur de lotus cernée de
deux épis, remplissant le champ. ^-E '" '/.,
Mionnet, VI, page G05, n. 56, et H. Coben, Catulogue de la col-
lection de M. J. Gréait n. 1490.
Cette rare pièce est encore des plus curieuses , elle constate
ce que nous avons relaté dans la note précédente, que les peu-
ples de l'Achaïe avaient, comme ceux de l'Attiquc, montré un
empressement extraordinaire à olTrir leurs hommages à cette
femme dissolue; nonrseulement la ville de l'atras lui décernait
les titres les plus courtois , mais encore elle flattait la coquet-
terie de la reine en donnant ù la représentation de ses traits
une beauté de type et un caractère de jeunesse que nous ne
retrouvons à cette époque que sur la monnaie d'Aradus(n. 448).
Lfi également, la physionomie de Cléopâtre ne ressemble eu
rien à tous les portraits que nous connaissons de cette reine.
l-i^ CI.L-nPATRE VII, l'IllI.OPATOri
444. — Buste de Cléopàtre à droite; devant, ln (année 50).
i^. Neptune dans un quadrige de chevaux marins
allant à gauclie; devant, mi (abréviation du nom de
Béryte), derrière, ^ ka (an 21.). .
LE (an 6). . -^^
Voici encore une pièce unique, qui paraît avoir une impor-
tance majeure pour l'iiistoire de la Pliénicie; elle donne, il sem-
ble, d'une manière irréfutable la date de la renaissance de la
ville de Bérjte.
Quantité d'auteurs ont discuté, et souvent très-longuement,
sur l'ère de cette ville, dont on connaît tant et de si intéres-
santes monnaies surtout pendant l'époque impériale. Vailhxnt
croyait , d'après Polybe, pouvoir placer cette ère en l'an-
née 115 de celle des Séleucides (l'année 557 de Rome, 197
av. J.-C.). Pellerin (1) combat l'opinion de son prédécesseur
en disant que si l'ère de Béryte a pour point de départ la date
de la conquête de laPhénicie par Antiochus III, beaucoup d'au-
tres villes de cette contrée devraient également prendre cette
époque pour point de départ de leur ère. Eckhel prend
encore le parti de Pellerin ; il paraît regarder comme incer-
taine l'ère de cette ville, il dit (2) : « A quo principio hi anni
procédant, definiri ex nummis hactenus notis non potest.
(1) Recueil de médailles. Tom. 2, page 215.
(2) Doctrina, Niim. vet., vol. III, page 355.
i:léopatre vm, philopator 129
Mionnet, si soigneux d'hal^itude, vient aussi donner des dates
impossibles (1). On ne peut voir dans la première qu'une grosse
faute d'impression; car l'année 556 de l'ère des Séleucides nous
conduit à une époque très-avancée de l'empire romain, et à
cette époque, la ville de Bérjte était transformée en colonie ro-
maine depuis plus de deux siècles. Le même auteur commet uue
faute encore très-grave, en disant dans la note de la page 239
du volume cité, et cela en mentionnant la pièce de Béryte
portant des dates en caractères grecs : « L'an 53 de l'ère de
» la conquête de la Phénicie par Antiochus le Grand, corres-
» pond à l'année 114 de l'ère des Séleucides : les dates qui pré-
» cèdent appartiennent à la même ère à ce qu'il parait. »
On verra plus loin combien ces assertions sont erronées.
L'ouvrage qui, à notre connaissance, a été le plus étudié sur
l'ère de la ville de Béryteest, sans contredit, celuide feu Allier
de Hauteroche (2). Ce savant fixe la date de cette ère d'après
une tessôre, sujet principal de son travail, à l'année 198 ou 197
avant J.-C. ; les dates qu'il lit sur sa tessère étant AZP (an
ICI), et MZ, (an 47).
Si la tessère mentionnée, portant ces deux dates, est réelle-
ment de Bérjte, il faudrait reconnaître que cette cité aurait eu
deux ères différentes, puisque Strahon mentionne (3) que
la ville de Bérjte fut détruite de fond en comble par Trvphon,
pour avoir osé prendre parti pour Antiochus VI son pupille,
dont il venait d'usurper le trône, en empoisonnant ce jeune
roi ; il est vraiment extraordinaire que les savants que nous
venons de citer aient tous bâti d'aussi fragiles échafaudages,
surtout en connaissant ce fait historique irrécusable. En efl'et, les
dates 197 ou 198 avant J.-C, invoquées par ces numismatistes,
sont mathématiquement impossibles; tous s'accordent à une
année près comme point de départ. Or, en l'année 198 avant
J.-C, la ville de Béryte devait être en pleine prospérité, puis-
(1) Supplément, tome VIII, page 238.
(2) Essai siir l'explication d'une tessère antique portant deux
dates , et conjectures sur l'ère de la ville de Bèryte en Phénicie
Paris, Didot. 1820 in- 4"
(3) Strabo, lib. XVI.
130 ri.Éop\TnK vit, piiilopator
qu'elle ne fut rasée que 56 ans plus tard, par les ordres de
Tryphon ((312 de Rome 1 12 avant J.-C). Cette date est indiscu-
table et il est positif qu'elle met tous les travaux cités plus haut
à néant.
Venons maintenant à notre médaille, qui, il nous semble,
donne enfin le mot de l'énigme, en fixant à une année près la
date exacte de la restauration de cette importante ville.
Comme nous l'avons mentionné dans la note placée après le
n'> 448, rnonnaie également de la même princesse, l'année 21
du règne de CléopAtre, qui est aussi la 6" de son nouveau
règne, correspond à l'année de Rome 723 (31 avant J.-C.) 281
de l'ère des Séleucides. Or. notre monnaie portant justement
d'un cùté ces deux dates ; et de l'autre ln, l'année 50, étant
incontestablement la date de l'ère de la ville où la monnaie a
été frappée , ces 50 années retranchées de l'année 723 de Rome
ou 31 (avant J.-C.)', nous reportent à l'année de Rome 073
ou 072 (80 ou 81 avant J.-C). Donc, répétons-le, do l'une de
ces deux années seulement doit partir l'ère do la reconstruc-
tion de la ville de Bérj-te.
Si le moindre doute pouvait encore exister après les trois
dates de cotte monnaie, les autres pièces connues de cette ville,
à légendes grecques, viendraient, il semble, enlever toute in-
certitude. On connaît en effet des monnaies autonomes des
années 19 (1), 20 (2), 31? (3), 53 (1), Pellerin (ô) cite encore
une monnaie portant la date de l'année 101 , mais il y a
longtemps que les numismatistes ont fait justice do cette
attribution erronée.
En résumé, nous ne connaissons comme pièces autonomes que
celles des années que nous venons de citer, et la pièce unique de
(1) Mionnet, V, page, 336, n. 10.
(2) Liebe, Gothn Nxim., page 168, et Mioiinet, VIII , suppl..
page 239 n. 4.
(3) Mionnet, Y. page 335, n. 7, et Supp. YUI, page 239, n. 5
(4) Liebe, Mus Caesar. Pellerin, II, pi. LXXXI, n. 10. Mionnet,
V, page 336, n. 14, et 16. Supp. VIII, page 239,n. 6 et 7.
(5) MiHanges, tom. 2, pi. LXXXI, n. 9, et Miounat, Supp. VIII.
page 239, n. 8, d'après le même auteur.
CLÉOPATRE VII, PHILOP\T0R 131
l'année 50 qui fait le sujet de ce commentaire ; or, en cette
année 50, Cléopûtre devait être reine de la contrée où la
pièce avait été frappée depuis déji'i cinq années, et elle se main-
tint au pouvoir pendant encore un an au moins. On pourrait
donc retrouver des monnaies de Tannée 22 de son avènement
au trùne d'Egypte , et 7 de son nouveau régne, portant la
date de la 51" comme année de l'ère ; mais après cette époque,
Cléopâtre étant morte, les monnaies durent redevenir autono-
mes. Or, ces témoignages concordent exactement pour établir
que toutes ces pièces reportent l'ère de Bérjte ?i l'an SI
ou 80 (avant ,I.-C.). Cette coïncidence d'espèces royales et
autonomes, embrassent une époque très-re.streinte, 23 années;
on pourrait cependant trouver encore des monnaies autonomes
ou impériales d'Auguste datées des années 51 ^ 67, mais pas
au-del;\, cette dernière année correspondant à l'an de Rome
740 (14 avant J.-C), époque à laquelle Bérj-te fut réduite
en colonie romaine par Auguste (1), qui y envoya M. Agrippa
avec deux légions.
Nous eussions été heureux de trouver dans les anciens his-
toriens ou les géographes , un fait d'une importance assez
majeure , arrivé en Phénicie vers l'année de Rome 072 : cela
nous ertt évité une aussi longue dissertation; mais rien, abso-
lument rien, pas le moindre fait qui puisse expliquer la cause
de la reconstruction de cette ville, qui, suivant l'usage des
vainqueurs barbares, avait dû subir une complète destruction,
et dont les habitants avaient dû être tous massacrés ou
dispersés.
L'histoire est bien dépourvue de faits précis. Dans cette
triste Phénicie, à l'époque qui nous occupe, l'empire des Séleu-
cides n'existait plus que de nom ; ses derniers vestiges de-
vaient disparaître 16 années plus tard , tous ses peuples étaient
destinés A partager le sort commun réservé au trop célèbre
(1) Eusèbe, in C/iron., mentionne que Béryte fut colonis<?e sous
Auguste, la troisième année de la CXCl" olympiade, qui répond à
l'an 740 de Rome (14 avant J.-C).
132 cLiiurATRi: vu, piiii.opator
démembrement de ce prand- empire d'Alexandre, et tomber,
après deux cent cinquante années de gloire, de splendeurs
et de vicissitudes, dans labîme que les despotes de la répu-
blique romaine creusaient constamment sous leurs pas.
La vieille Rome, elle aussi, expirait; mais son oligarchie ren-
fermait encore assez de force pour infuser quelque vitalité à
ce vieux monde engourdi par le matérialisme des sens, la dé-
bilité de l'esprit ; et des lois sévères tentèrent de galvaniser
cette civilisation sénile.
Un historien géographe assez célèbre du siècle dernier,
E. de Mentelle, dit, dans son dictionnaire de géographie an-
cienne (1), tome I, page 310, en parlant de la ville de Bérjte :
» Les Romains, après la conquête de la Sjrie, la rebâtirent,
» mais dans le voisinage du lieu où elle avait été, etc., etc. »
Cette assertion n'étant appuyée d'aucune preuve, il est difficile
de l'admettre ainsi sans contrôle; d'autant plus que, d'après
notre médaille, l'ère de la renaissance de la ville qui nous
occupe date juste de 16 années avant la conquête définitive de
toute la Syrie par les Romains.
Il parait donc démontré que, entre les années 612 de Rome
(1 (2 av. J. C), époque de la destruction de Béryte par les
ordres de Tryphon, et l'année 740 (14 av. J. C), date de la
colonisation de cette ville par Auguste, aucun fait majeur
n'est signalé pendant cette longue période de 128 années; l'his-
toire ne mentionne même pas le nom de cette importante cité.
La médaille publiée ici paraît avoir encore un intérêt qui
vaut la peine d'être indiqué ; non-seulement elle fixe l'ère de
la ville , mais elle lève aussi toute conjecture sur l'époque où
cette cité fut transformée en colonie romaine ; elle prouve que
jusqu'en l'an de Rome 726 (28 av. J.-C), les légendes des
monnaies étaient grecques, et que toutes portaient la date de
l'ère de la ville. Or, cette preuve met à néant l'opinion de
Vaillant, qui pensait que cette ville était déjà transformée en
ccjonie romaine sous Jules César ; cela à cause d'une médaille
(1) 3 vol. ia-4" et 120 cartes et plans. Paris, Panckouke, 1787
CLliOPATRE VII, ET MARC ANTOOE 133
sur laquelle il lisait col. ivl, ber. Pline lui-même semble
attribuer à ce grand capitaine l'honneur de cette colonisation ;
il dit en effet (1) : Berytus colonia, quœ felix Jiilia aj)pel-
latur; mais selon Strabon (2), Eusèbe (3) et le marbre
d'Ancjre (4) , c'est réellement sous Auguste que cette ville
fut colonisée, et notre médaille confirme en tous points cette
version. La monnaie portant le portrait de CléopAtre avec trois
dates en lettres grecques démontre que, à cette époque, la
ville n'était nullement colonisée, car les lettres seraient latines
tant du côté de la tête que de celui du revers : les monnaies
autonomes de l'année 53, également à légendes grecques, vien-
nent, répétons-le encore, corroborer ce l'ait.
. CLEOPATRE VII, ET MARC ANTOINE
(Régnent 7 ans, Je l'an 36 à l'an 30 av. J.-C.)
415. — r.AïiAicCA KAKonATPA MF.A NF.-.,Tf.PA. Buste de Cléopùtre,
à droite ; la figure vieille.
R|. A-\T^,M() cavtokpatmP tpito.\ tpI'.a ,v.\aP'.,n. Tète nue
d'Antoine, h droite. Gravée, pi. VIII. AR '
Mionnef, VI, n. 26G, et sup. IX, pi. V, n. 5.
Cette rare et belle pièce a été trôs-vraisemblablement
frappée à Antioche de Svrie et la'drachme suivante a dû être
émise en même temps dans une des villes de l'Asie-Mineure.
Ces monnaies semblent dater du commencement du nouveau
règne de Cléopâtre, au moment môme où Antoine lui donnait,
pour elle et ses enfants, toutes les villes de Syrie que les
• Romains avaient conquises, comme nous l'avons déjà men-
tionné. Marc Antoine dut ordonner des émissions très-consi-
dérables de ces monnaies, surtout des dernières, les drachmes,
où on lit l'inscription pompeuse de armenia devicta. Répétons-le
encore, si ces pièces sont rares dans les trouvailles, c'est que
(1) Lib. V, cap. 20.
(2) Lib. XVI.
(3) loc. cit.
(4) Chishull, X>uiq. asiatiques.
134 CLÉOl'ATRE Vil ET MARC ANTOINE
Auguste sans doute en ordonna la refonte : il devait souffrir do
voir circuler des monnaies au type de sou ennemi qui était le
mari de sa sœur et qui , avec un cynisme révoltant, représen-
tait, au détriment de cette princesse, les traits de sa maîtresse
sur les monnaies courantes.
410. — Cl.EOPATRAE REGINAE KE(iVM FILIORVM REGVM. BUStC
diadème de Cléopàtre à droite ; dessous une proue de
vaisseau.
i^. ANTONi ARMENiA DEvicTA. Tète uue de Marc-Antoine,
à droite; derrière, une tiare. Gravée, pi. VIII. AR *
Cohen, Monnaies impériales, t. l, p. 37, a. 1 et pi. II, n. 1.
44~. — r.ACiA 0E.\ ^"E {la reine nouvelle déesse), en trois lignes,
dans le champ de la médaille.
l^. ANTw ïn.\ r. (Antoine consul III) , également en
trois lignes; dans le champ de la médaille. Gravée,
pi. VIII. M '
MioDuet, VI, n. 268, et Ch. Lenormaiit, Glyptique , pi. 87,
lettre N.
Tous les numismatistes sont unanimes pour reconnaître que
cette pièce a dû être sortie des ateliers égyptiens ; nous ne trou-
vons cependant nulle ressemblance avec les monnaies fabriquées
dans ce pays : le flan en est plat et mince, tandis que, au contraire,
le numéraire d'airain de Cléopàtre et de tous ses prédéces-
seurs est toujours assez épais avec des bords biseautés. Le bronze
qui a servi à ces émissions semble complètement différent de
celui de la pièce ci-dessus. Il serait peut-être logique de re-
porter cette monnaie à une des villes de la Cyrénaïque ; et on
trouvei'ait probablement la localité qui l'a émise, en recherchant
en quelle cité Antoine passa le très- court espace de temps où
il obtint l'honneur du consulat pour la troisième fois , honneur
qui lui fut retiré par le Sénat, au moment où Rome autorisa
ia guerre qui devait anéantir la gloire et la fortune de ce
personnage à Actium.
On connaît des deniers d'argent avec ce 3" consulat, frappées
en Cyrénaïque par ordre de Scarpus qui y commandait la VHP lé-
gion, rien ne semble s'opposer à ce qu'il y ait aussi fait frapper
des pièces de cuivre.
CLEOPATRE VII ET MABr ANTOINE 135
448. — BACIAICCHC KAEOiiATPAC (légende à moitié effacée).
lij. ETOVC. KA. TOV. K.U. E t)EA JSE'^jTEPX (l'année 21 qui
est aussi l'an 0 de la nouvelle déesse). Tète nue de Marc-
Antoine à droite. Gravée, pi. VIII. .E '=■
Mionnet, VI, p. 33, n. 267, et ea second lieu , VIII, sup. ,
p. 321, n. 410, classée à Aradus.
.\iiisi que nous l'avons déjà relaté, dans la note (jui suit le n
444, cette monnaie est d'une importance extrême pour l'his-
toire des régnes de M. Antoine et de Cléopàtre : elle a donné
lieu à de nombreux commentaires à cause de la daté qui figure
au revers de la pièce. Pellerin, (1) Eckhel, (2), Champollion
Figeac, (3) et Letronne, (4) ont longuement disserté sur cette
double date, et c'est à Champollion que revient en entier l'hon-
neur d'avoir débrouillé la question. 11 a, eh effet, donné les rai-
sons les plus plausibles, et cela d'une manière indiscutable ; se-
lon lui, le point de départ de ces doubles dates doit être fixé à
l'année 736 de Rome, époque à laquelle Antoine amena captif
le roi des Parthes Artabaze, jusqu'aux pieds de Cléopàtre,
qu'il salua du titre de reine des rois ; cette femme fut telle-
ment flattée de cet acte de courtoisie de son amant, qu'elle prit
à cette occasion le titre de déesse, et qu'on la vit affublée du
costume et des attributs d'Isis. Ces faits, se passant dans la 16'
année de son régne, elle data ses actes de cette 10' année comme
reine, mais aussi de l'année 1 comme nouvelle déesse, c'est-à-
dire première année d'un second règne qu'elle partageait avec
Marc Antoine.
Letronne a tenté dans son article déjà cité, publié dans la Re-
vue Numismatique de donner l'époque précise où ces doubles
dates furent inaugurées, et aussi celle à laquelle M. Antoine fit
frapper des monnaies h son nom et celui de Cléopàtre : il cite
deux dates et ces deux dates sont complètement erronées, rien
de plus simple cependant , que de préciser ces époques.
(1) Médailles des Rois, page 52 et supplément, tome 1 , page 6.
(2) Doct. Num. vcC. tora. 4, pag. 24.
(3) Annales des Laffides, tome 2, page3C0 et seq.
U) lievue Numismatique, année 1843, page 178 et seq.
136 CLÉOPATRK VII ET MARC AMOINE
CléopAtre avant été investie du pouvoir l'an de Rome 703
(51 av. J.-C) la 16" année de son règne tombe juste en l'an
de Rome 718 (30 av. J.-C): or, les monnaies datées de l'an
21, et 6 du nouveau règne, ont dû être frappées en l'an de
Rome 723, (31 av. J.-C.) , juste une aimée avant la bataille
d'Actium, époque de l'anéantissement de la fortune d'Antoine
et de sa rojale maîtresse.
Monnaies incertaines de bronze des rois
d'Egypte
119. — Tête de Jupiter Ammon à droite.
nj. iiToiEMAioY BAî:iAEns. Aigle au repos sur un foudre à
gauclie ; devant, une corne d'abondance ; entre les jambes
de l'aigle, XP, monogr. pi. XII, n. 55. Gravée, pi. IX. jE '•'
Mioiinet, VI, n. 305, et Ch. Lenormant, Gli/ptique, pi. 80. n. 12.
450. — Même pièce, d'une plus mauvaise fabrique. JE "
451. — Même pièce; d'un beau style. JE '"
452. — Même pièce; id. , ^^
453. — Même pièce; id. JE^
454. — Id., autre division. JE^
Cette ilcrniére pièce, d"ua stvlc admirable, a été publiée par Mion-
net, VI, n. 350, et gravée, pi. 78, n. 8. Et aussi par Ch. Lenormant,
Gl>/2^tique, pi. 88, n. 5.
Toute cette série de monnaies, ainsi que les n. 4C4, 488 et 495,
ont probablement été frappés sous Ptolémée III; la fabrique
en est très-belle. On voit au musée Britannique le monogramme
XP figuré sur une superbe pièce d'argent de la reine Bérénice II
frappée en Chjpre. Ce monogramme doit être celui d'un
magistrat monétaire, qui dirigea les nombreuses émissions de
numéraire que nous avons déjà mentionnées dans les notes
placées aux règnes de Philadelphe, d'Arsinoé, etc.
455. — Type des pièces précédentes ; entre les jambes de l'aigle,
les lettres m (frappées à Diospolis). JE '^
A Masson se
Imp LetTiercier rA C' Pan;.
MONNAIES INCERTAINES DES ROIS D'EGYPTE
MONNAIES INCEBTAINKS DES LAGIDES 137
Mionnet, VI, a. J40, et Ch. Leiiurmant, Gli/ptique. pi. 89, n. 'J.
450. — Même pièce. ' .-E '"
457. — Même pièce ; autre variété de module. A£. "
458. — Même pièce id., avec .\i ?au lieu de M (pièce d'un tra-
vail d'art remarquable). ^-E '•
459. — Même pièce; d'un moins beau style. Al, '-
460. — Id., autre variété de module. ^ '"
461. — Même pièce; entre les jambes de l'aigle, t. ^'E '^
402. — Même pièce; module différent. yE '"
463. — Id., autre variété; la corne d'abondance placée en con-
tremarque. ^ '■'
464. — Même type; le monogr. xp,n.55, placé en contremarque
sur la corne d'abondance. .-E '-
465. — Type du n. 449; entre les jambes de l'aigle, ic. yE '^
466 — Même pièce; variée de module. Al, '"
467. — Même pièce; entre les jambes de l'aigle, a. AL ^
468. — Tête de Jupiter Ammon à droite.
^. nTOAEMAiov BAiiAEûs. Aigle sur un foudre à gauche,
se retournant à droite, et ayant une corne d'abondance
sur l'aile. zE "
469. — Même pièce: entre les jambes de l'aigle, e- Al, "
Miounet, VI, n. 3G2, et Ch. Lenormant, Gli/ptique, pi. 89, n. II.
470. — Variété de la même pièce; entre les jambes de
l'aigle, A. Gravée, pi. X. yE "
471. — Même pièce; module différent. ^ '"
472. — Id. ; autre variété. Al, "
473. — Id. ; nouvelle division. jE '
474. — Même pièce; entre les jambes de l'aigle, m? ..-E "
475. — Tête de Jupiter Ammon ù droite.
1^. iiTo.vEMAior BAïiAEn^. Aigle éployé sur un foudre à
gauche, se retournant à droite; entre ses jambes, la
lettre e. Gravée, pi. IX. ' . E " '/,
II
138 MC.NNAIES INCERTAINES DES L.VGIDES
Mionnet, \l, n. 369. Cli. Leiioimant, Gbjptique, pi. 89, n. 10.
476. — Même pièce; entre les jambes de l'aigle, se. /E "
Mionnet, VI, n. 370.
477. — Même pièce; une corne d'abondance en contremarque
devant l'aigle. JE. "
478. — Même pièce; entre les jambes de l'aigle, wE. JE "
479. — Id. ; autre variété, id., monogr. n. 55, XP. yE '•
Mionuet, VI, n. 372, et la [.ièce suivante sous le n. 373.
480. — Id, ; nouvelle variété, id., id., ru; ou te. .'E *
481. — Tète de Jupiter Ammon à droite.
i^. nTOAE>uiov BAii.vEoi:. Aigle éployé sur un foudre
à gauche ; entre ses jambes, xp monogr. n. 55. JE. '" '/j
482. — Même pièce; id. id., e. M '"
483. — Même pièce; module diffèrent. • ^E '
484. — Id.,. id. ; autre division. ^E ■*
485. — Même pièce; entre les jambes de l'aigle, a. JE ^ '/>
Mionuet, VI. n. 375.
480. — Même pièce; id. ià., .\. JE^
487. — Id. id. ; autre variété, id. id., a. --E
488. — Même pièce; devant l'aigle, xp monogr. n. 55; entre les
jambes de l'aigle, ap monogr. n. 28. JE ■'
480. — Même pièce; devant l'aigle, une étoile en contremarque;
entre ses jambes, kp monogr. n. 33. JE '
490. — Même pièce, sans lettres ni symbole. JE *
491. — Tète diadèmée de Jupiter Ammon à droite.
^. nTOAEMAior baiiaeqi. Aigle éployé , sur un foudre à
gauche , ayant une corne d'abondance sur l'aile droite,
et entre les jambes, la iettre a (pièce très-mince). JE '" ■
492. — Même pièce ; entre les jambes de l'aigle, s. JE"^!
493. — Tête diadèmée de Jupiter Ammon à droite.
r). nTOAEMAior basiaeoi. Aigle au repos, sur un foudie
;\ gauche; une corne d'abondance sur l'aile; entre les
jambes, xp monogr. n. 55. JE '
MONNAIES INCERTAINE* DES LAGIDES 139
404. Même pièce ; entre les jambes de l'aigle, :e. ,-E ''
495. — Tète diadémée de Jupiter Ammon à droite.
If HTOAEMAiov BASiAEils. Aigle SU repos, sur un foudre
à gauche, un sceptre sur l'aile; dans le champ, devant,
la fleur de lotus. rE '^
496. — Même pièce ; d'un module différent. ■ ^E ■'
Mionnet, VI, n. 329, et aussi la pièce suivante, n. 330.
497. — Même pièce; nouvelle division. ^ * 7j
498. — Id. id. ; autre division. .E ^
499. — Id. id.; même module, mais moitié du poids. JE^
Dans la note placée aprOs le n. 273, nous avons indiqué
(]ue ces cinq pièces pourraient parfaitement être retirées des
incertaines pour être groupées à la suite de celles classées il
Ef'laet'.s, régent du roi Ptolémée Philométor.
500. — Tête laurée de Jupiter à droite. '
lî). iiTOAEMAiOY BASiAEils. Aigle éployé sur un foudre à
gauche; devant, une corne d'abondance; entre les jambes,
la lettre e. Gravée, pi. X. ^ ■
Mionnet, sup. IX, n. 124.
501. — Même pièce; entre les jambes de l'aigle, a. .,£ *>
Mionnet, VI, n. 319.
502. — Tète laurée de Jupiter à droite.
B). I1TOAEMAOV BAiiAKUs. Aigle au repos sur un foudre
à gauche; entre les jambes, la lettre a. Oravée,
pi. I.X. JE^
Mionnet, sup. IX, n. 123. et la pièce suivante, n. 134.
503.
— Même pièce; (
antre le
is jambes i
de l'aigl
e, E.
yE'
504.
— Même pièce ;
id.
id.
o?
.-E^
505.
— Même pièce;
id.
id.
e.
JE"
506.
— Même pièce ;
id.
id.
^
^ ■
507.
— Même pièce;
id.
id.
V.
jE"
508.
— Même pièce;
id.
id.
Tri
nonogr
. n
. C1.^E«
509.
— Même pièce;
Tée, pi. IX.
id.
id.
£r
id.
n.
62. Gra-
l"!'' MliNVVIKS INCI.HTAI.NKS l>i;S LA(ill)ES
Ces dix pièces paraissent cire de mèiiie fabrique tiiie celles
décrites sous le ii. 50 il 80. On retrouve entre les jambes
de l'aif^le les mêmes abréviations ou les mùoies lettres isolées.
Ou pourrait grouper ces It) monnaies avec les autres, malgré
la variété de pose et l'attitude de l'aigle.
510. — Tûte (Hiidémée de Jupiter Ammon à droite.
l'ij. iiToAEMAKir i!Ai:iAi;ii^. Aigle au repos sur un foudre
à gauche; devant, uue massue; entre les jambes, ma
monogr. n. 11 (frappée à Panopolis.) /E ' '
511. — Même pièce ; entre les jambes de l'aigle , m ? /E '" '/,
Mionnet, VI, n. 355, et Ch. l^enormant, Glijptiqui', pi, SO, n.7.
512. — Même pièce ; id., id., avec Al (Diospolis?) .E '-
Mio.'".n<'t, \\, n. 353, et les trois pièces suivantes, n. 357, 358
et ao."..
513. — Même pièce; id., id., avec sk. /E *
514. — Même pièce, sans lettres. ^E ''
515. — Même pièce; module diiïérent. ^E * '/i
516. — Même pièce; nouvelle division. M ^
517. — Tête diademée de Juidter Ammon a droite.
li,. rmiAKMAinv lUiiAïui:. Aigle au repos, sur un foudre à
gauche; devant un ti'ident. M ^
518. — Même pièce; devant l'aigle; la Ilarpa. Gravée, pi. IX. yE '
519. — Même pièce. /E ^
520. — Même pièce; devant l'aigle, un trépie<l. M '-
521. — Même pièce; module différent. ^ ^
Cette jolie série de cincj rares pièces, avec des symbole^
variés, doit avoir été omise sous Philadelphe ou son successeur;
le travail d'art est en géncraleiuent romaniuable.
521 bis. — Tête diademée de Jupiter Ammon à droite.
It). in'dAEMAïur DAiiAi'.ai;. Aigle au repos sur un foudre
à gauche; devant, le Lotus. . JE. ^
Cette monnaie d'un as.sez bon style parait avoir été frappée
sous l'toléraéc Xlll, Auléte. Nous avons constaté que les mon-
naies d'argent avaient été gravées par d'assez bons artistes.
A Masser, s;.
Imp Lemç;(.;*ri cï C'^ Fa
MONNAIES INCERTAINES DES ROIS D'EGYPTE PTOLEMEE X SOTER II .
CLÉOPATRE VET PTOLÉMÉE XII ALEXANDRE II ' PTOLEMEE XIV DIONYSUS
MONNAIES IN<i:Ulxl\KS lll> l.Vl.llil.S 141
Cette pii?ce fie bronze doit aussi être l'œuvre de l'un de ces gra-
veurs.
522. — Tète diadémce de Jupiter Ammon à droite.
i';,.nTOAEMAioï BAiiAEni. Aigle au repos, sur un foudre à
gauche; devant, une étoile. Gravée, pi. IX. .E ■'
Cette dernière pièce est d'une fabrique assez basse ; elle est
d'un style identique avec celle publiée par Muller(l) elle pour-
rait appartenir au fils de Soter II, Ptolémée Apion.
523. — Tète'diademée de Jupiter Ammon, à droite.
^. nTO.VEMAlor lîAiiAEus. Isis vètue de la x/o/rt!,|(lebout de
face, sur une base. Al -
Miounet, VI, n. 376, et les trois pièces suivante?, n. 377, 378
et 379.
524. — Même pièce ; module différent. JE '^
525. — Même pièce; autre division. Oravée, pi. X. ^-K *
520. — Même pièce; nouvelle division. /E ^
Cette belle série de quatre pièces a été très-probablement
émise par les ordres de la première Cléopàtro. Le travail
d'art parait parfaitement contemporain des pièces frappées
pendant la régence de cette princesse. Le type d'Isis, convient
aussi parfaitement à cette reine, qui représenta constammeiit
cette divinité sur ses monnaies.
527. — Tète barbue d'Hercule, couverte de la peau du lion,
A droite.
li;. nTOAEMAiov BASIAEQS. Aigle au repos, sur un fomlre à
gauche. ^E '■'
528. — Même pièce /E ^
Mionnet. W, n. 384, et les deux pièces suivantes, n. 385 et 3SG.
529. — Même pièce. ^E "
530. — Même pièce. Gravée, pi. X. JE '^
531. — Même pièce. JE ^
532. — Même pièce , d'une fabrique barbare. JE *
(1) Numismatiqne île l'Afrique, tome I, puge 141, n" 377.
142 MONNAIES INCEERAINES DES LAGIDES
533. — Même pièce; devant l'aigle, n\ monogramme, n. 11,
(frappée à Panopolis?) JE "
53-4. — Même tête d'Hercule.
R). iiTOAEMAiOï BAiiAEns. Aigle sur un foudre à gauche,
se retournant à droite, ayant un caducée sur l'aile;
entre ses jambes, la lettre k. M "^
Mionnet, VI, n. 387, et pi. 78, n. 6. Ch. Lenormant, Glt/ptique,
pi. 88, n. 12. . . .
535. — Même pièce, d'une moins belle fabrique, sans le k. A-] "
Mionnet, VI. n. 388.
Cette série de neuf monnaies généralement d'un très-bon
travail, pourrait être rangée à la suite de celles du quatrième
Ptolemée. Voir la fin de la note placée après le n. 240.
536. — Tète imberbe casquée à droite.
lil. nxoAEMAior liAriAEOS. Aigle sur un foudre à gauche,
ayant une corne d'abondance sur^^l'ailc. Gravée pi. X. ^E ^
Mionnet, VI, n. 396, et Ch. Lenormant, Ghjptique, pi. 8'.), n. 2.
537. — Même tête.
it). nxoAEMAiOY BA^iiAEïi:;. Aigle sur un foudre à gauche;
devant, une corne d'abondance. -^ ■*
538. — Même pièce ; module différent. ^E *
Mionnet, Sup IX, n. 129, et Cli. Lenormant, Gii/ptique, pi. 88,
n. 20.
D'après leur style, ces trois pièces paraissent remonter ;1
l'époque de la fondation de l'empire des Lagides. Il existe des
monnaies de Séleucus I, roi de Syrie, qui ont beaucoup d'ana-
logie avec celles-ci et comme fabrique et comme type de t.He.
A Massoh 3C
Itnp Len
m^r C'.*r
ARYANDES SATRAPE' ALEXANDRE FILS DE ROXANE ARSINOE 11
ANTIOCHUS IV ROI DE SYPJE PTOLEMEE ROI DE CHYPRE (Onde de Cleopstre Vil)
143
Nous sommes enfin arrivé au terme âe notre tAche, pour ce
qui concerne du moins l'ensemble fies monnaies royales do
l'Egypte. L'attrait de la découverte, la passion de la curiosité,
nous a conduit, comme jour par jour, au-delà de nos aperçus
primitifs, surtout pour les annotations placées i\ la suite de nos
descriptions des monnaies. Notre sujet se présentait sous des
aspects si divers, si particuliers et si nouveaux, que notre main,
aussi active que notre pensée, ne se lassait pas de noircir le
papier et de formuler en ébauche rapide les traits les plus
saillants de notre examen.
Notre but, avant tout, a été de tenter de ftiire briller la vérité
sur les époques numismatiques de cette longue période de l'an-
tiquité, afin qu'on pût, en quelque sorte, commencer ;\ con-
clure, par les vicissitudes de l'art monétaire, ce que ces
diverses phases renfermaient d'instructif et de vraisemblable
pour l'histoire. Entraîné par un sujet aussi multiple et aussi
intéressant, nous avons trop négligé la forme et le style du
travail : nous reconnaissons sur ce point toute notre insufi^sanee.
(Quelques amis ont eu la bonté de lire nos épreuves et ont,
avec juste raison, reproché à notre précipitation de n'avoir
pas toujours assez ménagé , envers nos savants devanciers, les
termes de l'exquise courtoisie. Nos aînés avaient en efi'et droii
à des égards et à des respects dans cette t;\chc encore plus
ardue que la nôtre; nous ne pensons pas cependant }• avoir
manqué; mais, sous peine de contrevenir à. nos convictions,
nous avions le pénible devoir de relever les erreurs dans les-
quelles leurs investigations s'étaient égarées. Leur haute
position dans la science ne devait pas étoufter notre franchise,
et nous avons pensé que ni leur mémoire ni leurs services ne
souffriraient de la vivacité de nos expressions. Ils sont hommes
à supporter l'analyse et les contradictions. On partagera nos
passagères impatiences, quand on songera à ce que ce classement
nouveau a suscité en nous de tribulations, d'embarras, et
imposé de veilles (ce travail a été fait rapidement, pendant
les rares loisirs laissés pas nos occupations commerciales).
144
Pour ai'ri ver à nos conclusions délinilives, nousavons, répétons-
le encore, été forcé de faire table rase de tons les sjsti'mes
acceptés jusqu'ici, d'oublier en quelque sorte notre éducation
première, et de nous plonger dans un dédale de vérifications,
de contrôles, pour en sortir purifié de toutes les traditions
antérieures.
On nous a encore reproché, et avec raison, d'avoir passé sous
silence les noms de deux savants de distinction, qui, en ces
derniers temps, ont lieaucoup écrit en Allemagne sur le sujet
qui nous préoccupait : 1 ' M. le docteur Schledehaus dans le
Munzstudien du docteur Grote; 2' de M. le baron Huber dans
le Wiener Numisnmtischen Monatsheften publié par le
docteur Egger, de Pesth. Hélas ! avouons-le, la langue allemande
nous est complètement étrangère, et tout dernièrement encore
nous ne connaissions pas les publications de ces hommes
éminents. Nous avions bien l'emarqué, à une époque éloignée,
l'excellent Catalogue rédigé en anglais pour la vente de la belle
collection du baron Huber, et c'est même la lecture de ce
Catalogue qui fut l'origine pour nous de l'intérêt tout parti-
culier que nous portions à cette partie de la numismatique
antique. Nous avions remarqué que M. Huber avait tenté un
classement rationnel ;\ l'aide des types et des fabriques. Nous
applaudissions tellement à cette innovation, qu'aussitôt que
nous avons eu connaissance de la nouvelle publication de cet
auteur, nous nous sommes empressé de nous en faire faire
un résumé mais; nous avons eu le regret de constater : que
notre imprimeur avait déjà, dans son tirage, dépassé de deux
règnes l'époque que M. Huber avait antérieurement traitée.
Nous avons remarqué que iM. Huber semblait décidé à mo-
difier le système adopté dans son Catalogue de 1862; cette ins-
piration est malheureuse selon nous. La connaissance positive
des monuments en nature que possède ce savant, son tact tout
particulier et son érudition pratique, nous auraient probable-
ment dotés d'une base toute nouvelle de classification des mon-
naies Égyptiennes, s'il avait hardiment, franahement considéré
comme non avenu les deux tiers de ce qui avait été écrit sur
cette matière ; mais ne portons pas de jugement téméraire sur
une œuvre qui n'est encore qu'ébauchée : l'auteur n'a pas
145
eneore abordé les passages réellement difficiles, où, sous peine
de sombrer, il sera contraint, s'il veut être logique, de s'alléger
de tout l'arsenal scientifique de ses devanciers, et de voler de
ses propres ailes. Il lui faudra inévitablement chercher la
réalité par les époques de l'apogée de l'art chez le peuple égyp-
tien. 11 lui faudra également se préoccuper des époques de
décadence, et, dans ces dernières périodes, observer surtout les
pièces qui ont des dates réelles, chose peu aisée, il est vrai, dans
toute cette confusion de règnes : et alors, à l'aide de ces deux
fils conducteurs, la fabrication d'art et la date historique cons-
tatée, nous ne doutons pas que ce numismatiste ne sorte heureu-
sement de ce labyrinthe qui a emprisonné tant de savants d'un
réel mérite.
Pour M. Schledehaus, nous ne connaissons son système
que depuis quelques jours; grâce à. l'obligeance accoutumée de
M. A. de Longpérier, nous avons pu nous procurer les n ' 1 ù 8
de la publication du docteur Grote (1). Nous avons constaté
dans cette publication , quatre articles des plus intéressants
publiés dans les n'^ II, III, VI et VIII; ici encore, malheu-
reusement pour nous, à ce moment même notre imprimeur
mettait sous ses presses la huitième feuille de ce Catalogue ;
notre siège était donc fait; il ne nous restait pas même la res-
source de notes tardives pour approuver ou contredire les idées
de M. Schledehaus ; nous eussions été très-heureux de pouvoir,
dans nos annotations, citer son nom à l'appui de nos opinions
sur divers passages concernant les règnes entre la première
CléopAtre, et Ptolémée Soter II.
Disons que c'est avec un bien vif plaisir que nous avons cons-
taté une identité de vues, sur bon nombre de règnes ; citons entre
autres : 1° celui de Ptolémée Philopator (2), 2" les belles pièces
!^ la tête d'Isis attribuées également à la première CléopAtre (3) ;
notons aussi notre parfait accord pour les monnaies A doubles
dates rangées à la troisième Cléopâtre en société de son fils
Alexandre I" (4); (nos numéros 364-365 et 365 bis,) là nous
il) Mi'(n:studie>i, etc. Leipzig, 1855 4 1862.
(2) Année 18G2, pag^e 883.
(3) Année 1859, page 342 et suiv
(4) Année 1862, page 892 à 894.
146
avons seulement regretti? une dissidence sur la localiti' oil ces
monnaies ont dû iHro frappées; le savant allemand pense (1)
qu'elles ont dil sortir de l'atelier de Paphos avec l'emploi du
métal provenant des mines argentifères de ce riche paj-s. Il
semble admettre que, malgré la rupture qui s'était produite
entre Soter II et sa mère, les ateliers chypriotes que Soter II
administrait et dont il devait profiter en souverain réel, au-
raient pu être contraints de battre monnaie aux types et aux
noms des ennemis de ce souverain. II n'explique pas et ne
donne aucune preuve à l'appui de cette conjecture, qui attri-
buerait des droits de suzeraineté et de prééminence A la reine
d'Egypte et à son fils sur le souverain légitime de l'île de
Chypre.
Ce savant, comme la plupart de ses devanciers, ne paraît
ici avoir pour base de ses assertions que les lettres riA, initiales
du nom de Paphos inscrites sur toutes les monnaies avec les
doubles dates. On ne voit en effet ces doubles dates que sur
les monnaies avec les lettres riA ; saisissons encore ici l'occa-
sion de constater que ces lettres FIA ne i^euvcnt surtout men-
fionner ici d'autres ateliers que ceux de VEgypte. Si ces
pièces avaient été réellement frappées en Chypre, nous mention-
nerions également l'existence des mêmes monnaies émises à
Citium et à Salamine ; en effet, les ateliers de ces deux villes
étaient encore en pleine activité, puisque nous constatons, pré-
cisément à cette même époque, des monnaies sorties des fii-
briques de ces deux cités, témoin les n. 313 et 315.
M. Schledehaus parait s'être laissé entraîner ici dans un dédale
inextricable, lorsqu'il essaie d'expliquer la continuation des
émissions chypriotes pendant la période où le souverain incon-
testé de l'île de Chypre était assez puissant et assez fortifié
dans cette île pour aller revendiquer par les armes la couronne
de ses pères, dont il avait été spolié si traîtreusement par sa
mère. Nous regrettons bien vivement que M. Schledehaus se
soit laissé influencer par la routine, en admettant que Chypre
seule a eu le privilège de frapper les monnaies avec riA.
Cette manière de voir semble l'avoir conduit fatalement A
(1) Mïinzstudieii, aun<?es 1862, page 803 et suiv.
147
admettre qu'à la fin du rè?ne de Soter II, le monnayage était
tombé dans une barbarie telle que les émissions des statères
d'argent durent s'arrêter ;\ cette époque de complète déca-
dence. Nous croyons avoir démontré aux règnes de Ptolé-
mée XIII, Aulète, et îi celui de son jeune frère, le roi de Chypre,
que les émissions non-seulement se prolongèrent, niais qu'il y
eut même une renaissance dans le travail d'art apporté à la
gravure des coins. Si sous les règnes de Soter II et de son
frère Alexandre I"' ce travail fut constamment abandonné à
des ouvriers incapables, en revanche, sous Aulète, ce soin fut
confié à des artistes intelligents et habiles. On constate souvent
■ces faits de renaissance d'art sous les souverains cruels ou
prodigues, tant il l'époque grecque qu'à l'époque romaine; pour
cette dernière époque, citons le règne dé Néron, de Commode
et de Caracalla ; c'est sous ces trois terribles despotes que l'on
peut fixer les trois grandes étapes de l'art monétaire de l'Em-
pire romain, toutefois le règne d'Hadrien excepté.
Le savant allemand nous semble avoir aussi quelquefois trop
suivi les errements de ses devanciers; il s'est laissé entraîner
aux arguments de M. F. Lenormant, qui fait partir d'une ère
Chypriote les pièces dont les dates s'arrêtent ;\ l'année 5-1 ; cela
l'a entraîné à gratifier Evergète I"' de ces monnaies avec dates
élevées. Qu'on nous permette de revenir encore ici sur les com-
mencements de notre travail et de préciser davantage. Nous
espérons avoir démontré la fausseté de cette manière de voir
dans la note placée après le n. 311, page 82. Ne parait-il pas
singulier que des hommes de goût et de tact artistique aient pu
classera une époque aussi civilisée que celle où vivait Ever-
gète T" des monnaies dont le travail d'art et même la nature du
métal constate une aussi complète décadence?
En revanche nous avons remarqué, et cela encore avec une
pleine satisfaction à la page 90G du cahier n. VI, les constatations
de M. Schledehaus sur les monnaies de cette même série, frap-
pées pendant les années 40, 41 et 4'2, monnaies que nous avons
décrites non au premier Evergète, mais au second. Le savant
allemand signale, page 907 pourSalamine, deux pièces des an-
nées 40 et 42 comme provenant de cet atelier; voilà donc une
série complète des deux villes que nous reconnaissons (dans la
148
note placée après le n. 811 page 80), appartenir incontestable-
ment à l'île de Chypre, contrée dans laquelle Evergète II s'était
retirL-, lors de la révolte des Alexandrins, qui l'avaient chassé
de son palais. Ce qui est ici d'un grand poids pour nous, c'est
l'absence complète de monnaies pour les années 40, 41 et 42
avec les lettres FIA (1). On peut, en eH'ct, constater cette lacune
dans ce n. VI, page 906. Or, cette lacune constatée pour la
seconde fois, semble confirmer pour la seconde fois auss;i, ce
que nous avons démontré, c'est-à-dire que la généralité des
monnaies avec HA avaient di'i être frappées en Egjpte, surtout
à partir de ce règne d'Evergête II.
Signalons encore une opinion de cet auteur, qui, pour nous,
a encore son importance (2) : celle qui a trait aux petites
pièces lie cuivre avec B. A, que nous croyons être notre
n" 401. C'est à tort, dit M. Schledehaus, et nous appuyons son
assertion, qu'on attribue ces monnaies à l'époque d'Alexandre
le Grand, car leur fabrication indique une époque beaucoup
plus récente, etc.
Certes, disons-le ici avant de clore ces annotations déjà bien
longues, nous n'avons pas la prétention d'avoir dit le dernier
mot, même sur les règnes dont les dates concordent assez net-
tement pour paraître indiscutables ; nous reconnaissons dès à
(1) M. J. P. Six, d'Amsterdam, dont nous avons iiieutionné le nom
page 43, etc., a bien voulu continuer à nous aider de ses savants
conseils pendant tout le cours de notre publication ; nous ne savons
réellement comment lui exprimer toute notre reconnaissance. Ce
savant si courtois nous assurait il y a quelques jours dans sa S' lettre
datée du 26 novembre, qu'il existe au Musée de Leyde une monnaie
d'argent avec ITA date'e LM (année 40). Nous regrettons que i\I. Sis
ait omis de nous dire s'il n'existait pas dans le champ du revers un
des symboles qui nous font attribuer ces sortes de pièces aux villes
Chypriotes plutôt qu'à toute autre contrée ; mais il n'y aurait, il
semble, rien d'insolite à admettre qu'Evergète eut fait frapper
quelques rares monnaies à cette date de la 40'' année de son règne. On
a vu qu'il fut expulsé du trône l'année 130 avant J.-C. et cette
année 130 correspond justement, à l'an 40 de ses trois premiers règnes.
Il a suffi de quelque jours d'autorité en cette année pour que la date
soit changée sur les coins, l'extrême rareté de la pièce ayant cette
date (nous la croyons unique) prouve, il semble, ce fait de reste.
(2) MioiistiuUen, n" VllI, année 1862, page 154.
149
présent avoir commis plusieurs fautes et nous saisissons ici l'oc-
casion d'en corriger six, dont l'une est assez importante (1). A
la fin du Catalogue général de toutes les monnaies de l'Egypte
nous consacrerons un chapitre aux corrections et rectifications
qui nous seront indiquées. Plusieurs nous ont été déjà signalées,
mais nous désirons avoir le temps de les étudier et expliquer
les raisons qui nous ont fait émettre une opinion.
(1) 1" La monnaie n" 31, doit être i-eport^e au règne de Phila-
delphe ; nous avons retrouvé une pièce à ce type, ayant le A derrière
l'oreille du roi
2" Le n" 164 sur lequel nous avions cru lire la date BZ, (an 27);
doit être lue ainsi B= et par conse'qiient classée à Evergète I'^ c'est la
pièce -de'crite par M. R. St. Poole, iY!<m. Chron. 1864, pi. VI, n" 10.
3" C'est à tort que nous avons ëmis l'opinion pag. 47 (note du
n" 97), que la lettre L abre'viation du mot Al"K.\li.i.i: devait être im-
portée des Chypriotes, M. Friedlander a, au contraire, démontre' dans
la Berliner Bla(ter fi'T Mi'n:liunde, vol. IV, page 146, que dans le
papyrus cette lettre L précède toujours les nombres, et que les lettres
qui suivent sont des chiffres qui expriment des dates. C'est aussi à
tort que nous avions dit que M. R. St. Foole était du même avis,
nous avions mal traduit le passage de son travail, page 235 du
Num. Chron. année 1866.
4" A la page C4, n" 2ô0, on a mis par erreur la lettre I' pour l'an-
née 90, la lettre aurait du être ainsi retournée 4, autrement on pour-
rait croire à une date plus élevée de dix années.
5" Pages 66, 75 et 84, rectifier ainsi les numéros d'ordre des
règnes et aussi le surnom de Ptolémée VIII.
Page 66 et suiv. lire Ptolémée vi Philométoh au lieu de Floté-
mce V//,- pages 75 et suiv. lire Ptolémée vu, Evehgkte 11, I'uvscon,
au lieu de Ptolémée IX; page 84 lire Ptolé.mke viii, Elpator au
lieu de Ptolémée VIII, Philométor II.
Comme on peut s'en convaincre page 66, à l'avant-derniôre ligne
de la notice sur Ptolémée Philométor nous avions exactement établi
notre chronologie : mais plusieurs des savants, à l'obligeance desquels
nous avons eu recours, nous ayant démontré que Letronae et tous
nos contemporains, .anglais. Allemands et Fran<;ais avaient reconnu
que Ptolémée Eupator devait être le frère aîné de Ptolémée Philo-
métor et avait par conséquent dû régner avant lui, avec sa mère la
■ première Cléopàtre. Ces savants n'ignoraient pas que Ptolémée
Philométor eût laissé en mourant un fils très-jeune qui avait été
aussi recognu roi sous la tutelle de la seconde Cléopàtre, mais ils
donnaient à cet autre jeune souverain le nom de Ptolémée Philo-
métor Il ; de là, une véritable confusion. Nous crûmes cependant de-
150
Pour ce (jui a triill aux dates indiquant i.a durée des rognes
que nous avons inscrites en tête des notices sur les divers sou-
verains, nous avons eu soin d'être aussi exact que possible ;
nous nous sommes emparé de celles des biographes qui nous
ont paru avoir étudié avec le plus de soin ces époques difficiles
voir suivre ce classement et admettre, malgré le dire des anciens his-
toriens, deux l'ègnes e'phémères au lieu d'un.
En effet, les historiens contemporains sont tous unanimes pour re-
connaître qu'au moment de la mort de Ptolcnue V Epiphane, sa
veuve, Cléopàtre \", avait pris les rênes de l'Etat comme régente de
sou fils aîné PtoUmée VI Philomitor, tous disaient qu'elle n'avait
alors que deux fils, le second étant connu sous le nom de PloU'nitfe
Everijcte II.
N'ayant qu'une connaissance assez sommaire de la majeure partie
des anciens auteurs, on doit penser que nous devions être très-in-
décis sur la marche à suivre pour établir notre ordre chronologique
d'une manière rationnelle ; nous eûmes bien la pensée de nous
adresser à un de nos savants académiciens, dont touta la compétence
dans la science des inscriptions antiques lui a valu d'être choisi
pour achever le grand ouvrage de Ph. Lebas ; mais notre demande
arriva au milieu d'un deuil de sa famille. De plus, M. Waddington
était absent de Paris et, malgré son obligeance si connue, ce savant
ne put répondre à notre demande, heureusement pour nous que ces
jours derniers, à son retour, il a bien voulu nous communiquer le
renseignement demandé, et ce cuiieux document est juste arrivé à
temps pour être intercallé dans la seule feuille qui restât à tirer pour
clore cette première partie. Comme on peut le voir, cette note que
nous donnons ci-dessous jette une éclatante clarté sur l'un des nom-
breux points obscurs de cette chronologie égyptienne.
Inscription trouvée à ApoUo, dans l'ile de Cypre ; Le Bas et N\'ad-
diugton. Inscr. de l'Asie n° 2809.
lîaTiXîa riTû>£^aLOv, (-»£Ôv E'jiraTopa.
Tov èYBaoi).£(û; llToÀs[J.3ito'j xai Kanû.ianr^t
KXeorraTpa^, (-)c(iiv <In>o^r,T6p<i>v,
(Le reste :\ été martelé.)
Cette inscription prouve définitivement que le Ptolémée Eupator
mentionné dans différents papyrus, dans une inscription de Paphos
(Corpus Inscr. Gr. 2618) et dans les textes hiéroglyphiques, est bien
le fils de Ptolémée VI Philoniétor et de sa sœui' Cléopàtre, proclamé
roi à la mort de son père, et mis à mort quelques mois après par
son oncle Ptolémée VII l'hyscon. Telle etaitl'opinion do Châmpollion.
Mais les derniers autem's, qui ont traité cette question fort conti'o-
151
à déterminer (1). Mais nous nous sommes aperçu tr<.ip tard
que nous avions eu le plus grand tort de prendre, pour point de
départ, le système des dates avant Jésus-Christ. Cette méthode,
est radicalement détestable ; elle est une source de calculs et de
tâtonnements, dont la pratique conduit fatalement à des écarts
qui varient généralement d'une année avec tel ou tel auteur,
suivant le chronologiste ijui dirige le lecteur. Cette première
année, dite de J.-C, ne dura en fait ciue sept jours : elle prend
comme point de départ le 25 décembre de l'an 753 de Rome et
finit le l" janvier 754. Les astronomes font preuve d'intelli-
gence en ne comptant cette première année que comme un
zéro.
Lorsque nous avons accepté la tache de décrire toutes les
monnaies de cette importante collection, nous avions l'inten-
tion bien arrêtée de placer des annotations à la suite des
monnaies impériales qui auraient pu nous offrir un intérêt
versée, ont été d'un autre avis et oni proposé différentes explica-
tions, qui devront être abamlounees désormais. Il reste acquis à la
science qu'Eupator. le jeune fils de Philométor, régna réellement
pendant quelques mois en Egypte et à Chjpre, sous la tutelle do sa
mère Cléopâtre , et qu'il doit prendre rang dans la listes des souve-
rains Lagides comme Ptolémée VIII Eupator. Il existe quelques rares
médailles d'uu Ptolerace incertain, avec la date L A. qui dtàveut lui
appartenir. Toute la question a été discutée et tOuS les documents
ijui s'y rapi orient ont été examinés par Franz (Corp. Inscr. Gr. t. III,
p. 285) et par M. Bonnet de Presle (Notices et Extraits des manvs-
rrits, t. XXIII, 2 partie, p. 153).
6" C'est également par erreur que nuus avons mis le mot gravée,
au n" 285. C'est la pièce décrite au n'^ 254 qui est figurée planche ^ 1.
(1) Dans un travail remarquable inséré dans le n" de janvier 1808
de la Revue Archéologique, U. .\.-J.-H,\'inceut. de l'Institut, trouve
qu'il est extraordinairement difficile d'arriver à des dates précises
pour la chronologie des Lagides. Il démontre que sous Evergète l"'.
en l'année 263 avant notre ère, le premier dios, commencement
do l'année, coïncidait avec le 29 janvier. Sous Epiphaue, 43 ans plus
tard , ce premier dios tombait le 28 octobre. Et encore 40 ans après
suus Philométor, ce premier dios se trouvait être le dernier jour du
mois de mai. Nous regrettons encore ici de n'avoir pas connu plus tôt
cette excellente publication; elh- nous eut rendu de grands seivices
pour les dates dos sept premiers Ptok'uiues.
ie2
comme types historiques, mais surtout pour les sujets mytho-
logiques et astronomiques; cette série étant réellement de.s
plus curieuses, à raison des sujets qu'elle fournit, et aussi à
cause de l'intérêt qui découle des dates indiscutables gravées
sur chacune des pièces de cette si nombreuse suite. On sait en
effet qu'elle dépasso, en nombre de pièces variées, tout ce qui
est sorti des trois ou quatre autres grandes provinces ran-
gées également sous le joug des Romains, et c'est avec re-
gret que nous nous voyons forcé d'abandonner ces annotations.
Le programme que nous nous étions imposé pour la première
partie s'est déjà trop considérablement ainplilié ; nous quittons,
certes avec peine, un domaine si curieux à explorer, et nous
devons nous borner à publier dans cette seconde partie une
liste aussi exacte que possible des préfets de l'Egypte réduite en
province romaine ; nous aurons soin de placer ces magistrats
à lit suite des noms de leurs Empereurs toutes les fuis que
nous aurons des dates précises sur les époques où ils furent
investis de la puissance souveraine que l'empereur leur délé-
guait dans le gouvernement do ce riche pays, que les Césars
considéraient avec raison comme une des plus précieuses pro-
vinces de leurs immenses domaines.
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TABLE DES MONOGRAMiMES
LES NUMEEOS CORRESPONDANTS
1 No 3.
S - 5.
3 — 7—135.
4 _ 12—13 -389.
5 _ 17 — m - 144 — 14G.
G — 19— 121.
7 — l'O.
8 — S5 — 2(3 — 32 — 122 —
182.
8 bis — 25.
» — 27 à 30 — 50 à 01.
«O — 28.
11 — 31 — 35 — 68 — 69 — 75
— 102 — 120 — 129 — 2Û9
— 207 — 268 — 324 — 349
— 350—510 — 533.
12 _ 33 _ 70 _ 100 — 108.
i'i bis — 100 bis.
13 — 34 — 47 — 58 à 01 —
127 — 130 — 131 — 389.
14 — 40 — 119 — 173 bis —
394.
15 — 18 — 41.
10 — 21 — 42 — 76 — 101 —
— 134 —390.
lî — 44.
18 — 45.
19 — 4 — 46 — 70 — 143 —
385 — 386.
20 — 51.
21
23
2 1
20
2-î
28
2!»
30
31
32
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31
3.-;
3G
37
38
3»
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41
42
43
4 1
43
— 65 — 67 — GS — 70 —
104— 168.
bis — 66.
— 05—73 — 114.
— 67.
— 94 — 95 — 136 à 154 —
198 — 215 — 3S4.
— 96.
— 97 — 172 à 180.
— 105 — 113 — 205 — 488.
— 105 — 169— IC'i bis.
— 109— 118 - 150.
— 110 — 172.
— 112.
— 115 — 237 —489.
— 116.
-- 133.
— 123.
— 258.
— 164.
— 139.
— 146 a 151.
— I.j5 — 157 — 160 — 161
— 166.
— 169.
— 169 bis.
— 172 — 173 — 174 à 178
— ISO.
— ISl.
\i
154
10 -
- m.
n -
- 181.
48 -
- 182.
19 -
- 199.
KO -
- 501.
r.i -
- 214.
5« -
- 221.
r.3 -
- 231.
r,î -
- 245
IIAK ou KAlUt non
TA.
55
— 391 à 393 — 449 à 454 —
464 — 479 — 481 — 488 —
493.
o6
— 93 - 399.
S?
— 29 — 93.
»8
- 107 — 145 — 147 — 151.
,%n
- 142,
«0
— 109 bis.
91
— 358 — 508.
ca
— 509.
TABLE DES VILLES
ou LE MONNAIES DES LAGIDES ONT PU ÊTRE FRAPPÉES
Alexandrie ? N'» 10 — 04 — 71 à 78 — 9'.) — 103 — 104 — 184 à
194 — 20-2 — 203 — 206 — 210 — 21 1 — 212 — 216 à 219 —
223 — 220 il 230 - 232 — 233 — 237 à 241 — 259 A 200 — 270
à 273- 2?Û — 281 —283 à 285 — 317 à 323 - 325 à 333 - 341
;-i 340 — 351 à 303 — 370 à 384 — 395 à 398 — 399 bis à 401
— 437 à 442 — 40(5 à 475 — 482 à 487 — 490 à 492 — 405 à
507 — 514 à 510 — 517 A 532 — 536 à 538.
Aniiorlio de Syrie, 445.
Aradiis. 448.
Arsinoé ? 205.
Beryte, 444.
Cliaracmoba? 21 — 34 — 42 — lOl — 131 — 390.
Cliyiirc '? 93 — 207 — 399 — 418 à 430.
Clysma? 47.
Citiiini, 195 — 190 — 235 — 230 — 289 — 290 — 292 - 294 —
i'95 — 302 — 307 — 308 — 315.
Cyrênaïque? 1 1 _ 83 — 91 — 391 à 393 — 447 — 449 à 454 -
404 — 479 — 4SI — 488 — 493.
Damas? 33 — 79 — 100 — 100 bis — 108 — 221 — 242.
Diosi.olîs,2 — 8 — 208 bis — 213 — 257 bis 388 — 455 à 400
— 511— 512.
Ephése ? 222.
Evespéris, G — 9 — 134 — 135 — 387.
Gaza? 05 — 104.
Ilvraeléoiiolis, 4 — 14 — 22—23 — 40 — 3S5.
Uypalon? l'J _ 40 — 394.
.lopiiê ? 165 à 108.
Magdoliim?? 27 à 30 — 50 à 61 — 389.
Miiet? 17.
Myos-lloruio.s? 109.
Pauopolis 00 à 70 - 102 — 200 — 208—209 — 253 — 250 —
258 — 207 — 268 — 278 — 282 — 299 — 303 — 309 — 310 —
312 — 314 — 310 — 324 — 334 à 340 - 349 — 350 — 364 à
375 — 401 3 417 — 510 — 530.
15(5
Paphos, 197 — 296 — 347 — 34B.
Paraetoniuni, 2o — 26 — 3? — 182.
Fatras, 443.
riiacusa? 15 _ 80 — 08 — 128 à 130.
Philadolpliie ? 181.
Ptolêniaïs, 00 — 97 — 105 — 105 à 180 — 201 — 204 — 233
bis à 234 bis — 248 à 251 — 254 — 255 - 279 — 287.
Rliinocorura î 35 — 111 à l27.
Sais? 24 — 199 —304 à SOU — 313.
Salaniine, 224 — 225 — 252 — 288— 201 — 293 — 297 — 300
.301 — 305 — 311.
Sidon, lOC — 107 — 132 — 155 — 163 — 214 — 244.
Stratouos -~ Pjrgos? 31.
Tjr. 94- - 95 — 136 — 138 - 139 à 154 — 198 — 215.
TABLE CHRONOLOGIQUE
Nous avons mis eu petites capitales, les noms des Satra|iC3 et des
Rois auxquels on peut actuellement attribuer dos mouna'es. Ceux
pour losiiuels nous n'avons pas mentionné le renvoi aux pages
du texte, manijuent à la collection.
Années av. J.-C.
Vers 525
323
323 à 316
315à311
316 à 306
323 à 306
305 à 283
285 à 283
283 à 247
242 à 222
Anoées av. J.-C.
222 à 205
205àl81
AnvANnÈs, Satrape d'Egypte.
Alexandre le Grand.
Philippe Aride'e, et le jeune Alexandre.
Alexandre .Vegls
Interrègne
Ptolémée (gouverneur d'Egypte) . .
Rois de la djnastie^des Lngidcs.
Ptolémée 1, Soi ER
PtoLÉ.MÉE SoTER ET BÉ-
RÉNICE l'" ? .
Bérénice 1 ^"^ (2" femme
de Soter)
Ptolémée i, Soter et Ptolémée II Piii-
L\DELI>I1E ....
Ptolémée ii, Piiilahelpue
Arsinoé I"? (2° femme
de Philadelplie) . ...
Arsinoé m (3' idem)..
Soter i, Bérénice 1", Philadelpiie et
Absinué II. ...
Ptolémée III, Evebgète 1".
BÉRÉNICE II (safemmei..
Ptolémée m et Béré-
nice II ?
Ptolémée iv, Phh.opvtor
Arsinoé III (1'''' femme de
Pbilopator).
PlIlLOPATOR ET SoSIBllS.
282 à
277 à
49
Ptolémée v, Epipiiane
Cle'opàtre l" (sa femme).
Agathoclès , Sosibius et
Tlépolème, régents. . 204 à 202
Aristoraène re'gent. . . 202 à 196
G
y
10
11
21
22
18
23
40
45
50
52
54
56
57
62
60
63
158
Aiintes a». J.-l'. innées av. J.-B.
181 à 146 PtOLEMÉE VI, PlIILOMÉTOR 66
Cléopathe 1''' (sa mère)
Héi^onte 181 à 173 68
JM.VRCL'S Ae.milii'5 Lemdls
tuteur 173 71
El'LAEUS et Linn;eus ré-
gents 173 à 171 72
Antiouhus iv (Roi de Sy-
rie). 171 à 107 73
Ptolé.mée vii,EvERr.ÈTEii. 17Uàl61 75
Ptoleraée VI et Ptolë-
mée VII liîG à 103
PtOLÉMÉE \I l'iJILOMÉ-
TOR seul. ■. . . . 103 à 145 74
rie'opàtre n (femme ■!&
Pliilometor).
146, 6 mois Ptolé.mée viii, Kipator et Cléopa-
iRE II (sa mère). (I). . . . 84
140 A 117 Ptolé.mée VII, EvEnr.icTE II Phvscon 75
l" jiiirlie de son îvv/iîf,
seul. ' 140 à 130 78
'■l' partie, son rctovrd'eyil. 127 à 117 82
Cleopàtre il (2" femme
d'Evergète).
Cléopâtre m (3" femme
idem.
130 à 127 Cl&pàtre II et Ptoléme'e IX? Memphi-
te? (2) 84
117 à 81 PtOLÉMÉE X, SûTER II, PlIILOMÉTOR 86
Cléopâtre IV , Séle'iié
(2- femme do Soter ii)..
(1) A'oir à la page 149 l'article 5 de la note, le passage concernant ce
Ptolémée. Cette note rectifie également les numéros d'ordre des rois
PtoUmée VI Philométor et Ptolémée VII Evergete II.
(2) Nous avons laissé entrevoir page ^4, que Cléopdtre II, avait du faire
frapper les monnaies n'^ 321 à 333, au moment où el'e se laissait ac-
clamer par le jieuple d'.\lexan.irie, qui venait de chasser Evergête II ;
elle espérait alors laisser la couronne au fils qu'elle avait eu de cet
Evergote. Un nouvel examen des pièces nous a démontré q'uelles de-
vraient au contraire être attribuées â cette même Reine, mais avec
Ptolémée VIII, Eupator, surtout celle avec le nom de Cléopùtre , il n'y
aurait cependant aucune impossibilité que cette reine eût fait frapper
des pièces au m'mie type, la second; fois qu'elle obtint le pouvoir suprême;
seulement aucun acte k notre connaissance, du moins, ne mentionne" que
Ptolémée Memiihite ait été reconnu Ro', aussi aurions-nous du peut-être
éviter de donner un clnfl're d'ordre dans la série chronologique des
I.agides.
159
Année! av. J.-C. Aniifes av. J.-C.
117 à 107 CLÉOPATriE III ET SOTER II ^^
Ptollmée \i, Alexandre 1", Roi de
Chypre 113 à 107 ;^8
107 à88 Ptole.mee xi, Alexandre 1" Roi d'E-
gypte <"il
ClfOpàtre 1 (sa femme)
107îl80 CLÉorATRE m, etPtolémée ix, Alexan-
dre 1" 92
89 à 88 Cluopâti-e v. (fille de Soter II).
Ptolemée X, SoTER II (2,. partie du
règne 88 à 81
81 6 mois Clkopatre v, ifiUe de Soter ii, 2'' partie
du règne 98
Cli:oi>atre v?et Alexan-
dre II? 81 19jours 104
81 19 jours Ptolemée xii, Alexandre ii ?. ... 81 id. 106
81 à 52 Ptolemée XIII, AiLÈTE 109
l'- partie du règue. . 81 à 58 109
2' partie id., son retour
d'exil 55 à 52 112
Ck-opàtre ou Bcrènice (sa
fenuue) .
58 à 57 Chopâti-c VI, et Béréuice d'Aulète .
57 à 5.") Bérénice m ou iv seule
Ptolemée, krère cadet
d".\ELÉTK, lande Ch'i ■
prc ; 81 à 58 115
51 à 47 Ptoleme XIV, DioNYSis "^
PtoU'iiKO xiv et Clco-
pâtre VII. . . . 52 à 59
i)l à 30 ClÉOPATRE vil, PlIlLOP.VTOR .121
Cle'opâtre et Jules Céîar. 47
C'I.'opàtre et Ptolemée xv 47 à 44
Ck'opàtrc et son fils Pto-
lemée XVI Césarion. . 44 à 30
ClÉOPATRE VII ET M.VRC
ANTOfNE 3(ià3ll 133
.Monnaies iiiecrluiiics des Lagidcs. 136
Paris. — Imp. .-\..-E. Rochette, Ii'' Montparnasse, 73-SO.
INCOMPLIANCE WITH CURRENIT
COPYRIGHT LAW
OCKER&TRAPPINC.
AND
INSTITUTEOF FINE ARTS
RODUCED THIS REPLACEMENT VOLUME
ON WEYERHAEUSER COUGAR OPAQUE NATURAL PAPER,
THAT MEETS ANSI/NISO STANDARDS Z39.48-1997
TO REPLACE THE IRREPAFIABLY
DETERIORATED ORIGINAL. 2003
NYUIFALIBRARY , |,.|,,m|,|
3 1162 03706187 7